Les systèmes alimentaires durables et sûres dans le Bassin du Congo préoccupants !

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Le Pullman Hôtel de Kinshasa abrite du 29 au 31 août 2023, la conférence sur les systèmes alimentaires durables, la conservation de la biodiversité et le changement climatique dans le Bassin du Congo.

“La réconcilition de la production alimentaire avec la conservation de la biodiversité et l’urgence climatique dans le Bassin du Congo” est le thème choisi pour cette réunion appellée à fournir aux décideurs politiques et aux bailleurs de fonds des recommandations devant garantir des systèmes alimentaires durables et sûres dans le Bassin du Congo, resistants aux changements climatiques futurs fondés sur le leadership communautaire. En effet, l’Alliance pour la souveraineté alimentaire en Afrique -AFSA-, lancée en 2011, se veut une vaste alliance d’acteurs de la société civile participant à la lutte pour la souveraineté alimentaire et l’agroécologie en Afrique, à travers des réseaux de producteurs alimentaires du continent, de réseaux d’OSC africaines, d’organisations des populations autochtones, d’organisations confessionnelles, de groupes de femmes et de jeunes, de mouvements de consommateurs et d’organisations internationales soutenant les positions de l’AFSA.

“Il s’agit d’un réseau de 40 membres actifs dans les 50 pays africains”, révèle l’organisation de la conférence en rappelant qu’en 2020, l’AFSA a commencé à travailler sur la politique alimentaire dans les cinq pays du Bassin du Congo. Notamment, la RDC, le Congo-Brazzaville, la République Centrafricaine, le Cameroun et le Gabon.
Ce, dans un processus qui comprenait des discusions entre les acteurs du système alimentaire sur fond d’une analyse de l’environnement de la politique alimentaire du Bassin du Congo, la relation interconnectée des populations avec ce système et les défis auxquels il est confronté suite au changement climatique, la production alimentaire ainsi que d’autres efforts de développement. Cas de la conservation. Il a été également constaté un manque d’efforts concertés entre les acteurs du Bassin du Congo pour comprendre et définir leurs défis communs en matière de système alimentaire dans le contexte du climat et de la conservation.

Région Solution
Fort de sa forêt tropicale la plus grande d’Afrique avec ses 300 millions d’hectares derrière l’Amazonie qui pèse 800 millions d’hectares de forêt tropicale, le Bassin du Congo est qualifiée par des experts, et à juste titre, nécessaire pour atténuer le changement climatique pour son rôle de puits de carbone.
Pas étonnant que certains autres la considère comme l’un des poumons de la planète, car limitant la quantité de carbone dans l’atmosphère, les plantes la capturant à la place.

Le Bassin du Congo constitue, de ce fait, une ressource économique importante. Dans la mesure où il fournit des emplois directs dans l’industrie du bois et des moyens de subsistance à environ 60 millions d’habitants dont des indigènes.
C’est peut-etre en raison de son énorme contribution à la biodiversité que le Bassin du Congo a suscité l’intérêt des bailleurs des fonds qui ont injectés des milliards de dollars dans la région ces dernières années pour des projets de conservation, signale-t-on en se demandant si les communautés du Bassin du Congo ont bénéficié de ces fonds et dans quelle mesure ?

Sujet de préoccupation
Poser cette question, c’est déjà entrer dans le vif de la conférence du Pullman Hôtel qui tient à savoir comment conserver la forêt tropicale du Bassin du Congo en renforçant la souverainété alimentaire tout en garantissant les droits de l’homme dans la région, dans les conditions climatiques défarables. Tout un programme.
Dès lors que le changement climatique ménace la forêt tropicale et la production alimentaire qui, mal organisée, risquerait d’être préjudiciable à la forêt.

Le Journal

Discours du Ministre d’Agriculture

Mesdames, messieurs !
La réconciliation de la production alimentaire avec la conservation de la biodiversité n’est pas en réalité une question d’actualité. Car nos ancêtres ont vécu pendant des décennies en prélevant les aliments dans leurs forêts, tout en maintenant les équilibres de régénération des ressources naturelles. C’est cette intelligence endogène qui a fait à ce qu’à ce jour nous ayons ces mêmes forêts et leur Biodiversité.

L’histoire nous révèle que des générations d’habitants du bassin du Congo ont utilisé cet environnement riche en ressources comme source principale de leur régime alimentaire à base d’aliments sauvages, ce qui les a encouragés à gérer leur régime alimentaire traditionnel et leurs pratiques culturelles de manière durable ; et ce régime alimentaire avait des retombés sur leur qualité de vie, ça avait des retombés positifs sur leur santé.

Mais actuellement, avec la croissance démographique, les projets de développement et les changements climatiques, la donne change : les équilibres naturels sont perturbés, la déforestation, les conflits armés dans les forêts au profit de pillage des ressources naturelles diverses etc… repoussent les communautés et les éloignent de leurs sources d’aliments ; d’où la nécessité de redéfinir cette relation entre la viabilisation des systèmes alimentaires, la protection de l’environnement et la lutte contre les changements climatiques, dans le monde en général et dans le bassin du Congo en particulier.
Ce sommet du bassin du Congo portant sur la réconciliation de la production alimentaire avec la conservation de la biodiversité et l’urgence climatique tombe à point nommé, du fait que ce bassin est menacé par diverses activités; pourtant il est au centre des enjeux liés à la lutte contre les changements climatiques globaux, à cause de sa capacité à séquestrer le CO2 et d’autres services écosystémiques qu’il rend à l’humanité.

Mesdames et messieurs !-
Il serait toujours important de rappeler l’auditoire que le bassin du Congo contribue de manière très significative au système alimentaire local. Sa présence dans la région est essentielle pour fournir des ressources floristiques et fauniques, d’importance culinaire, médicinale et même culturelle, telles que les plantes, les poissons et le gibier ; et cela, pour les moyens de subsistance des populations de tous les 6 pays constituant ce bassin en général, et en particulier les populations de la région du Congo.

Ne voulant pas le rappeler une fois de plus, le changement climatique a des graves menaces sur l’équilibre délicat entre l’écosystème du bassin du Congo et ses systèmes alimentaires locaux. L’augmentation des températures et la modification des régimes de précipitations contribuent à modifier le paysage environnemental, ce qui peut avoir un impact significatif sur les espèces végétales sauvages et les rendements des cultures agricoles.
Bref, le changement climatique menace la forêt tropicale. Mais il en va de même pour la production alimentaire, qui pourrait, si elle est mal organisée, être préjudiciable à la forêt, celle qui est le premier poumon du monde actuellement.

Distingués invités !
À l’issue de ce sommet, la suite logique serait donc de voir comment les différentes thématiques notamment la transition vers l’agroécologie, l’agroforesterie, la permaculture etc… pourraient jouer un rôle dans l’atténuation de ce phénomène de déséquilibre entre les systèmes alimentaires dans le bassin du Congo et la lutte contre le changement climatique.
D’où, la question principale que je nous pause en ces instants peut être formulée comme ceci : « Comment pouvons-nous conserver la biodiversité de la forêt tropicale du bassin du Congo tout en renforçant la souveraineté alimentaire de la région dans des conditions climatiques défavorables ? »
Nous sommes réunis dans cette salle car nous voulons vivant, équilibré et stable, le bassin du Congo, pour la lutte contre le changement climatique : c’est une bonne ambition. Mais si nous ne pensons pas aux communautés locales affamées à cause des conséquences du même changement climatique sur leur système alimentaire, la forêt ne serait pas épargnée. Car pour les populations marginalisées et pauvres, la forêt est leur supermarché ; et nous n’aurons pas raison de leur interdire à penser ainsi, si nous ne pensons pas à leur ventre maintenant.
Ainsi donc, retenons qu’il est vraiment urgent de réconcilier la production alimentaire avec la conservation de la biodiversité et l’urgence climatique.
Mesdames et messieurs, je souhaite plein succès à ce sommet et vous remercie de votre attention !
Ainsi dit, je déclare ouvert ce sommet et souhaite plein succès aux résolutions qui en découleront.

Je vous remercie !

Discours du Ministre d’état et Ministre de l’Environnement et Développement Durable (VPMEDD)lu par le Secrétaire général

Mesdames, messieurs !
La forêt tropicale du bassin du Congo est la plus grande d’Afrique et la deuxième en taille après la forêt amazonienne, avec 300 millions d’hectares contre 800 millions d’hectares pour l’Amazonie. C’est une région immensément complexe avec de multiples réseaux et organisations travaillant dans les domaines de l’alimentation, de la conservation et du changement climatique.

Les forêts du bassin du Congo, réparties dans 6 pays, je cite, la République démocratique du Congo, la République centrafricaine, la République du Congo, le Cameroun, la Guinée équatoriale et le Gabon, constituent également une ressource économique importante ; car elles fournissent des emplois directs dans l’industrie du bois et des moyens de subsistance à environ 60 millions d’habitants, y compris des groupes indigènes.

À cause de sa capacité à séquestrer plus de CO2 qu’il n’en libère dans l’atmosphère, le bassin du Congo est actuellement considéré comme premier poumon du monde ; c’est une véritable fierté pour l’humanité, pour la région d’Afrique centrale et pour la République Démocratique du Congo en particulier, à qui d’ailleurs reviennent 60% de ce bassin, ce qui en fait un PAYS-SOLUTION au problème de changement climatique global. Le bassin du Congo est un ensemble d’écosystèmes Forestiers, fluviaux, avec une riche biodiversité qui mérite attention particulière et protection au profit de toute l’humanité.

Pourtant, la déforestation, la surexploitation des ressources naturelles, les pratiques agricoles non durables, le braconnage, l’exploitation minière illégale et d’autres formes d’extraction des ressources mettent en péril ce riche environnement de la région.

En effet, soutenant comme toujours, l’approche selon laquelle la protection de l’environnement devrait mettre l’homme au centre des intérêts, nous rappelons ici que le bassin du Congo compte plusieurs groupes indigènes qui dépendent fortement des ressources forestières pour leur spiritualité, leur gouvernance, leur alimentation, leurs abris et leurs soins de santé. Ces groupes sont les plus pauvres et les plus marginalisés du bassin. Leurs droits à la vie sont extrêmement menacés par les efforts de développement et de conservation.

Ce qui renvoi à dire que la protection du bassin du Congo au profit des enjeux liés aux changements climatiques et au développement durable doit nécessairement tenir en compte tous les aspects des communautés locales qui puisent aliments et autres moyens de subsistance dans ce même bassin ; d’autant plus que ce sont ces communautés qui ont depuis des décennies protégé ce bassin par leurs savoirs endogènes.

Par contre, si ce paradigme n’est pas promu, d’une part, comme le changement climatique menace déjà la production alimentaire partout dans le monde et même dans le bassin du Congo, d’autre part et cette fois ci, nous n’aurons tous qu’à constater que ça sera la production alimentaire qui pourrait menacer la forêt tropicale ; elle qui contribue à stabiliser le climat mondial.

De ce fait, il est donc essentiel de comprendre les effets du changement climatique sur les systèmes alimentaires du bassin du Congo, afin de définir dans l’unisson, les mécanismes qui garantissent leur viabilité à long terme.

Mesdames et messieurs !
Je résume mon allocution de ce matin en émettant un souhait d’identifier les défis critiques liés aux systèmes alimentaires, à la conservation de la biodiversité et au changement climatique dans le bassin du Congo, afin de créer un soutien pour des systèmes alimentaires sains et durables au profit de nos communautés.
Outre, l’autre souhait ardent est que ce cadre créé à l’occasion de ce sommet, réunissant les représentants des gouvernements du bassin du Congo ici présents et représentés, les partenaires et agences de développement international, les organisations de la société civile, les groupes de consommateurs, les bailleurs de fonds et les fondations, les universitaires et les chercheurs, les médias, les investisseurs, les entrepreneurs, les associations et réseaux communautaires du bassin du Congo, persiste ; afin de nous permettre main dans la main, d’atteindre l’objectif principal qui nous a tous réuni ici, celui de la réconciliation de la production alimentaire avec la conservation de la biodiversité et l’urgence climatique dans le Bassin du Congo.

Je vous remercie !