Judith Suminwa renvoit Paul Kagame aux études !

Le prétexte de menace existentielle du groupe armé FDLR, souvent évoqué par le Rwanda, pour justifier ses croisades meurtrières à l’Est de la RDC a été détruit samedi 14 février 2025 par la Première ministre et cheffe du Gouvernement congolais, Judith Suminwa au sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba, en Éthiopie, avec des mots justes et surtout des arguments solides, comme l’a relayé l’Agence congolaise de presse.
À propos de ce prétexte fallacieux que Paul Kagame a toujours utilisé pour donner un sens à sa guerre d’invasion en RDC, Judith Suminwa a souligné que lorsqu’on gratte un peu sous la surface des prétextes régulièrement avancés par le Rwanda pour justifier son agression, il brandit la menace existentielle des FDLR et la protection des minorités ethniques en RDC. Ensuite , la Première ministre de la RDC a posé la vraie question de savoir si les FDLR représentaient une menace aussi grave pour le Rwanda, pourquoi le Président Paul Kagame a-t-il refusé de se rendre au Sommet de Luanda du 15 décembre 2024 ?
Pourtant ce sommet, conçu précisément pour établir un plan de neutralisation des FDLR, était l’opportunité idéale pour le Rwanda d’obtenir les garanties qu’il prétend réclamer. D’où, son absence est un aveu, a dit Suminwa avant d’affirmer que cet argument n’a jamais tenu durant 30 années d’agression.
Et de fil en aiguille, Judith Suminwa a réfléchi froidement : « Regardons les faits. En 30 ans, combien de fois les FDLR ont-ils envahi le Rwanda ? Combien de villages rwandais ont-ils rasé, combien de civils massacrés, combien de milliers de Rwandais ont-ils poussés à l’exil ? Et que dire du prétexte de la protection des minorités ? », s’est-elle interrogée.
« Depuis quand protège-t-on une communauté en l’exposant aux pillages, aux massacres et à l’occupation militaire d’une force étrangère ? », s’est questionnée la cheffe du Gouvernement de la RDC avant d’expliquer que la RDC partage des communautés transfrontalières avec neuf voisins, notamment les Chokwe/Lunda avec l’Angola, les Tekes avec le Congo-Brazzaville, les Ngbandi avec la République centrafricaine.
« Pourtant, seul le Rwanda prétend faire de cette réalité un motif de guerre. Si le Rwanda prétend que les FDLR constituent une menace existentielle, alors pourquoi, après toutes ces années d’occupation militaire des territoires où Kigali affirme qu’ils opèrent, n’a-t-il toujours pas réussi à les neutraliser ? », question à zéro franc posée par Judith Suminwa qui a poursuivi son élan en cherchant à savoir comment un groupe armé, prétendument cantonné dans une même zone, peut-il encore être brandi comme une menace réelle alors même que les forces rwandaises et leurs supplétifs du M23 contrôlent ces territoires ?
D’une interrogation à une autre, la Première ministre Suminwa a demandé en quoi le pillage systématique des ressources congolaises répond-il au problème des FDLR ou des minorités ?, si ce n’est qu’une guerre de prédation et non de défense
Selon le Groupe d’experts des Nations Unies, le Rwanda exploite illégalement plus de 150 tonnes de coltan chaque mois à Rubaya, dans le territoire de Masisi (est de la RDC), et les revend sur les marchés internationaux sous une fausse origine, a rappelé Suminwa en notant que pillage n’a rien à voir avec la sécurité. Il ne s’agit pas d’un combat contre une menace, mais d’un modèle économique criminel qui alimente l’instabilité pour mieux dissimuler un système d’exploitation illégale.
« Nous ne sommes pas face à une guerre de défense. Nous sommes face à une guerre de prédation. Votre Conseil ne peut plus ignorer ces réalités. Il doit dire le droit et reconnaître les véritables motivations derrière la folie guerrière du Rwanda : une ambition hégémonique et un expansionnisme territorial dissimulés sous de faux prétextes sécuritaires et identitaires. Un en richissement systématique par l’exploitation illégale des ressources minérales, avec des preuves », a conclu Mme Suminwa en demandant à l’Union Africaine de condamner ces actes comme l’a fait l’Union Européenne.
Le Journal
DISCOURS DE SE MME LA PREMIERE MINISTRE ET CHEFFE DU GOUVERNEMENT DE LA RDCONGO AU SOMMET EXTRAORDINAIRE DU CONSEIL DE PAIX ET DE SECURITE DE L’UNION AFRICAINE,
14 FEVRIER 2025, ADDIS ABEBA
Excellence Monsieur le Président Téodoro Obiang Nguema, Président de la République de Guinée Equatoriale, Président en exercice de la CEEAC,
Président du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine (CPS) pour le mois de février 2025,
Excellences Madame et Messieurs les Chefs d’État et de Gouvernement, Membres du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine, Son Excellence Monsieur Moussa Faki Mahamat, Président de la Commission de l’Union Africaine, Son Excellence Monsieur António Guterres, Secrétaire Général des Nations Unies, Mesdames et Messieurs,
L’Union Africaine est née de la conviction que l’Afrique, unie et souveraine, pouvait assurer son destin en refusant toute forme d’oppression et d’ingérence. C’est cette vision, portée par les pères fondateurs de notre organisation, qui nous rassemble encore aujourd’hui : une Afrique qui règle ses différends avec sagesse, qui protège ses peuples et qui ne tolère aucune atteinte à la souveraineté d’un État membre. C’est au nom de ces principes que nous nous retrouvons aujourd’hui, dans une session extraordinaire convoquée sous votre présidence, Excellence Monsieur le Président Téodoro Obiang Nguema. En convoquant ce Conseil à un moment aussi critique, vous avez reconnu que l’heure est grave et que l’Union Africaine ne peut demeurer spectatrice d’un drame qui menace l’équilibre de notre continent. A tout seigneur tout honneur, parce qu’en effet c’est sous votre initiative clairvoyante, Excellence Monsieur le Président Obiang que vit le jour la médiation confiée par l’Union Africaine à Son Excellence João Lourenço, Président de la République d’Angola, en vue du règlement du conflit entre le Rwanda et la République Démocratique du Congo lors du Sommet extraordinaire de l’Union Africaine à Malabo en Mai 2022. Soyez-en remercié.
Excellences Madame et Messieurs les Chefs d’État, Je tiens tout d’abord à transmettre à cette assemblée les salutations du Président de la République Démocratique du Congo, Son Excellence Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, qui aurait voulu être parmi vous aujourd’hui. Retenu par des obligations impérieuses, il m’a confié la responsabilité de porter la voix de la RDC en ce moment critique pour notre pays et pour l’Afrique. Car l’heure est grave. Ce Conseil ne se réunit pas pour un simple différend diplomatique. Nous sommes ici parce qu’un État membre de notre Union, le Rwanda, a violé les principes fondamentaux de la charte des Nations Unies et de l’Acte constitutif de l’Union Africaine en menant uneagression armée contre un autre État souverain.
L’occupation illégale des territoires congolais par les troupes rwandaises, sous couvert du groupe terroriste M23, constitue un acte de guerre et une menace pour la stabilité de toute la région. Ce n’est pas une simple accusation : le M23 a été désigné comme un groupe terroriste par l’Union Africaine elle-même. Pourtant, ce groupe continue d’opérer avec le soutien d’un État membre, en toute impunité.
Pire encore, le Rwanda ne se contente plus de soutenir des groupes terroristes : il a désormais engendré une rébellion, l’AFC, dont l’objectif déclaré est de renverser, par la force et dans le sang, un gouvernement légitime et reconnu par cette Union. Ce n’est pas seulement la souveraineté de la RDC qui est en jeu. C’est le fondement même de notre Union et son engagement à protéger les États africains contre toute tentative de prise de pouvoir par les armes. La désinvolture, l’entêtement et la poursuite de la folie guerrière dont fait preuve le Rwanda ne souffrent plus d’aucun doute. Les preuves sont accablantes et irréfutables. Le rapport des experts du Conseil de Sécurité des Nations Unies en atteste. De même, plusieurs instances régionales et internationales ont dénoncé sans ambiguïté cette agression. La Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC), dont la RDC et le Rwanda sont membres, a, dans sa déclaration du 7 février 2025, affirmé avec clarté au paragraphe 23, je cite :
« Condamnons fermement le groupe armé M23 soutenu par le Rwanda et l’enjoignons de cesser immédiatement son offensive et de quitter les territoires occupés illégalement et de respecter les couloirs humanitaires ». Par ailleurs, déjà le 28 janvier 2025, votre auguste Conseil, reconnaissant l’énorme gravité de cette folie guerrière et d’énormes massacres, déplacements massifs des populations civiles innocentes, hommes, femmes et enfants, avait dans le paragraphe 5 de son communiqué (réf.PSC/MIN/COMM.1256(2025)), déclaré ce qui suit, je cite : « Condamne sans équivoque tout soutien militaire étranger apporté au M23 et à tout autre groupe armé opérant dans l’est de la RDC et exige la cessation immédiate de ce soutien ainsi que le retrait immédiat de toute partie extérieure de l’ensemble du territoire congolais. »
Il convient de signaler que pendant que nous siégeons, en violation de toutes ces obligations de cessez-le feu et autres injonctions, le Rwanda et ses supplétifs du M23 poursuivent leur folie guerrière dans le Sud-Kivu précisément à Kalehe et Kavumu, en direction de la grande agglomération de Bukavu.
Par ses actions d’invasion, le Rwanda viole systématiquement les obligations qui découlent pour tout Etat membre au titre de l’Acte constitutif de notre Organisation continentale notamment :
Interdiction de s’ingérer dans les affaires intérieures d’un autre Etat,
Strict respect de l’intégrité territoriale d’un Etat membre de l’Union Africaine, ce qui implique l’interdiction d’invasion et d’occupation militaire sur le territoire d’un Etat membre.
Excellences Madame et Messieurs les Chefs d’État,
Que vous faut-il encore comme preuve pour appliquer les prérogatives que vous confère l’article 7 du protocole qui régit ce Conseil ?
Ce Conseil doit agir avec fermeté et :
Désigner nommément le Rwanda comme ayant violé ses obligations juridiques vis-à-vis de l’Union Africaine ;
Le condamner sans réserve pour son agression manifeste contre un État membre souverain ;
Exiger son retrait immédiat et inconditionnel du territoire de la RDC ; et lui ordonner de cesser tout soutien au M23 et à la rébellion de l’AFC, dont les actions visent ouvertement un renversement anticonstitutionnel du gouvernement légitime de la RDC, en violation flagrante des principes fondateurs de l’Union Africaine. Nous avons entendu certains États membres de ce Conseil, ainsi que le Secrétariat de la Commission de l’Union Africaine, avancer que le Conseil de Paix et de Sécurité n’a pas vocation à agir en juge et doit demeurer neutre face à un conflit opposant deux États membres.
Mais cette neutralité est un leurre. À travers le monde, nous affirmons l’impératif des solutions africaines aux problèmes africains. Mais quand a-t-on jamais imposé la paix en restant spectateurs ? Quand a-t-on toléré que des femmes soient violées, des enfants arrachés à leur famille, des soldats de la paix pris pour cibles et exécutés ? Quand, dans notre histoire et notre culture, avons-nous considéré comme « africain » le fait de détourner le regard face à des massacres qui déshonorent notre Union ? Car aujourd’hui, les faits sont irréfutables. L’invasion du territoire congolais par les Forces Armées Rwandaises, leur soutien militaire et diplomatique au groupe terroriste M23, leur posture en porte-parole de cette organisation criminelle sont établis. Les images quotidiennes des massacres à Goma, Minova et Sake, les centaines de milliers de déplacés privés de leur droit à une existence paisible, la terreur imposée par un État qui se croit au-dessus du droit international — tout cela est sous vos yeux. L’Union Africaine ne peut cautionner l’impunité. Laisser cette agression sans réponse, c’est créer un précédent dangereux pour chaque État représenté ici. Lorsqu’on gratte un peu sous la surface des prétextes régulièrement avancés par le Rwanda pour justifier son agression, il brandit la menace existentielle des FDLR et la protection des minorités ethniques en RDC. Mais posons la vraie question : si les FDLR représentaient une menace aussi grave pour le Rwanda, pourquoi le Président Paul Kagame a-t-il refusé de se rendre au Sommet de Luanda du 15 décembre 2024? Ce sommet, conçu précisément pour établir un plan de neutralisation des FDLR, était l’opportunité idéale pour le Rwanda d’obtenir les garanties qu’il prétend réclamer. Son absence est un aveu.
Regardons les faits. En 30 ans, combien de fois les FDLR ont-ils envahi le Rwanda ? Combien de villages rwandais ont-ils rasé, combien de civils massacrés, combien de milliers de Rwandais ont-ils poussés à l’exil ? Et que dire du prétexte de la protection des minorités ?
Depuis quand protège-t-on une communauté en l’exposant aux pillages, aux massacres et à l’occupation militaire d’une force étrangère ? La RDC partage des communautés transfrontalières avec neuf voisins notamment les Chokwe/Lunda avec l’Angola, les Teke avec le Congo-Brazzaville, les Ngbandi avec la République Centrafricaine. Pourtant, seul le Rwanda prétend faire de cette réalité un motif de guerre. Pourquoi ? Si le Rwanda prétend que les FDLR constituent une menace existentielle, alors pourquoi, après toutes ces années d’occupation militaire des territoires où Kigali affirme qu’ils opèrent, n’a-t-il toujours pas réussi à les neutraliser ? Comment un groupe armé, prétendument cantonné dans une même zone, peut-il encore être brandi comme une menace réelle alors même que les forces rwandaises et leurs supplétifs du M23 contrôlent ces territoires ?
Et surtout, en quoi le pillage systématique des ressources congolaises répond-il au problème des FDLR ou des minorités ? Les faits sont là. Selon le Groupe d’experts des Nations Unies, le Rwanda exploite illégalement plus de 150 tonnes de coltan chaque mois à Rubaya, dans le territoire de Masisi, et les revend sur les marchés internationaux sous une fausse origine. Ce pillage n’a rien à voir avec la sécurité. Il ne s’agit pas d’un combat contre une menace, mais d’un modèle économique criminel qui alimente l’instabilité pour mieux dissimuler un système d’exploitation illégale. Nous ne sommes pas face à une guerre de défense. Nous sommes face à une guerre de prédation. Votre Conseil ne peut plus ignorer ces réalités. Il doit dire le droit et reconnaître les véritables motivations derrière la folie guerrière du Rwanda :
Une ambition hégémonique et un expansionnisme territorial dissimulés sous de faux prétextes sécuritaires et identitaires.
Un enrichissement systématique par l’exploitation illégale des ressources minérales, avec des preuves accablantes, y compris les statistiques d’exportation du Rwanda sur le coltan et l’or. Excellences Madame et Messieurs les Chefs d’État, La RDC est un pays de paix, un peuple inclusif, une nation souveraine. Nous partageons nos frontières avec neuf pays et vivons en harmonie avec huit d’entre eux. Par contre le Rwanda a, depuis des décennies, choisi une posture belliqueuse, nourrie par des ambitions hégémoniques remontant à la première guerre mondiale africaine de 1997. En conclusion, Excellences, le peuple congolais vous regarde et vous écoute. En âme et conscience, vous devez, sans peur ni faveur, dire le droit. Si vous voulez réellement contribuer à faire taire les armes, voici les mesures essentielles :
1. Réaffirmer l’impératif du respect de l’intégrité territoriale, de la souveraineté et de l’unité de la RDC.
2. Réitérer le principe d’intangibilité des frontières africaines telles qu’héritées de la colonisation.
3. Condamner sans réserve l’invasion militaire rwandaise et exiger le retrait immédiat de ses troupes et supplétifs du M23, comme votre Conseil l’a fait en 2008 avec l’Érythrée.
4. Envisager l’exclusion du Rwanda des contributions aux missions de maintien de la paix, un pays ne pouvant être à la fois agresseur et garant de la paix.
5. Exiger la cessation immédiate de toute tentative d’administration illégale dans les zones occupées par l’alliance criminelle AFC/M23/RDF.
6. Condamner l’exploitation illégale des ressources congolaises par le Rwanda et exiger qu’elle cesse.
7. Rappeler la mission d’enquête mandatée par votre Conseil le 28 janvier 2025 et demander un rapport urgent sur la situation.
8. Réaffirmer que le Processus de Luanda, sous la médiation du Président Lourenço, demeure le cadre privilégié pour la résolution du conflit, et que le Processus de Nairobi est l’unique canal légitime pour le dialogue avec les groupes armés, y compris le M23.
Excellences Messieurs les Chefs d’État,
L’histoire retiendra ce moment. Face à l’agression d’un État membre contre un autre, l’Union Africaine a-t-elle été à la hauteur de ses principes, ou a-t-elle failli à sa mission ? Alors que le parlement Européen vient de voter à une écrasante majorité une résolution très ferme qui condamne le Rwanda pour sa violation de la souveraineté de la RDC ainsi que son implication dans le pillage et l’exploitation illégale des ressources naturelles de la RDC, assortie des sanctions y compris la suspension des accords avec le Rwanda ; L’Afrique ne peut pas se permettre d’être spectatrice de sa propre désintégration. Chaque État ici présent sait que l’agression contre un pays aujourd’hui peut devenir l’agression contre un autre demain. Tolérer cette guerre, c’est ouvrir la porte à d’autres ambitions déstabilisatrices ailleurs sur notre continent. Nous parlons sans cesse d’ »une Afrique qui parle d’une seule voix », d’ »unité africaine », de « solutions africaines aux problèmes africains ». Mais que valent ces principes si, lorsque l’un de nous est attaqué, nous choisissons le silence ? alors que les non africains ont le courage de dire le droit. Excellences, la RDC ne pliera pas. Mais il est de votre responsabilité d’empêcher que cette guerre devienne un précédent fatal pour toute l’Afrique. Est-ce cela l’Afrique que nous voulons en 2025 ? Une Afrique où les gouvernements légitimes sont renversés par la force ? Une Afrique où l’agression militaire prime sur le droit ? Il est temps de dire la vérité. Il est temps d’agir. Il est temps de défendre l’Afrique que nous voulons. Je vous remercie.