Tshisekedi à Pretoria : diplomatie éclair ou contre-feu stratégique ?

À quelques jours d’un forum pro-opposition parrainé par Thabo Mbeki en Afrique du Sud, le président congolais Félix Tshisekedi a effectué le jeudi 18 septembre, une visite express à Pretoria, flanqué de ses ministres de la Défense, des Finances et des Affaires étrangères. Ce voyage est vu comme une séquence diplomatique qui soulève plus de questions qu’elle n’en résout.
UNE VISITE QUI NE DIT PAS TOUT
Officiellement, il s’agissait d’une rencontre bilatérale de routine. Officieusement, le timing interpelle. La visite de Félix Tshisekedi intervient alors que Thabo Mbeki, ancien président sud-africain et figure tutélaire du panafricanisme, s’apprête à accueillir un forum en faveur de l’opposition congolaise. Est-ce une coïncidence ? Peu probable. La brièveté du séjour et la composition ciblée de la délégation congolaise, pour maints analystes, laissent penser à une opération diplomatique de clarification, voire de prévention.
PRETORIA, ENTRE NEUTRALITÉ ET INFLUENCE
L’Afrique du Sud joue-t-elle encore le rôle d’arbitre continental ?, se demandent les mêmes analystes, encouragés par le fait qu’en recevant Tshisekedi tout en laissant Mbeki dérouler le tapis rouge à l’opposition, Pretoria semble vouloir ménager les équilibres. Mais cette posture soulève des ambiguïtés : Mbeki agit-il en électron libre ou avec l’aval tacite de l’État sud-africain ? Et quel message cette dualité envoie-t-elle à Kinshasa ? Celui d’un espace de dialogue ouvert à tous, ou d’un terrain diplomatique où les lignes de fracture se creusent ? Une floppée d’interrogations qui nécessite des réponses adaptées.
UNE DÉLÉGATION QUI PARLE
La présence des ministres de la Défense, des Finances et des Affaires étrangères dans la suite de Tshisekedi n’est pas anodine. Elle suggère que les discussions ont porté sur des sujets sensibles : sécurité régionale, coopération économique, alignement diplomatique. Bref, Tshisekedi ne s’est pas déplacé pour la forme. Il est venu peser, prévenir, et peut-être négocier les contours d’un forum qui pourrait redessiner les équilibres politiques congolais à l’international.
LE SILENCE COMME STRATÉGIE
Aucun communiqué officiel n’a évoqué le forum de Mbeki. Mais dans les cercles diplomatiques, le silence est souvent plus éloquent que les discours. Tshisekedi, en se rendant à Pretoria, a tenté de reprendre la main. Reste à savoir si cette visite éclair suffira à contenir les dynamiques qui s’annoncent. Car, dans le jeu d’influences qui se dessine, chaque geste compte, et chaque absence de mots devient un message, analyse un diplomate sous le sceau d’anonymat. À fureter avec lucidité.
L.B
