Invasion de l’Est de la RDC: Denis Mukwege fustige le silence complice de la communauté internationale !

“Arrêtez les massacres des Congolais, la paix est possible”. Tel est intitulé le message adressé par le Docteur Denis Mukwege à la communauté internationale, le 2 février 2025 depuis Oslo où il se trouve. Message dans lequel, il fait état du bilan macabre des récents combats dans la ville de Goma opposant l’armée rwandaise soutenant le M23 aux Forces armées de la République démocratique du Congo et dont le bilan émerge timidement.

Si l’OMS a, dans son rapport du 31 janvier dernier, évoqué 773 corps sans vie dénombrés et tant d’autres jonchant les rues de la ville en état de décomposition très avancé, l’on y a également parlé de 3.000 blessés sans assistance surfisante ni efficace, note l’homme qui répare les femmes en constatant que cette horrible boucherie humaine vient alourdir les statistiques de plus de six millions d’hommes, de femmes et d’enfants tués depuis trois décennies dans ces guerres sans fin imposées à la RDC.
Raison pour Mukwege d’avancer qu’une fois de plus, la communauté internationale ne dira pas qu’elle ne savait pas. Pourtant, rappelle le médecin directeur de l’hôpital de Panzi, depuis des années, des rapports de l’ONU pointent du doigt la responsabilité du Rwanda dans l’organisation et la conduite de ces guerres. Mais rien de significatif n’a été fait à ce jour pour arrêter ces graves violations du droit international et humanitaire.
Celui-ci s’étonne qu’au contraire, l’Union européenne et plusieurs pays occidentaux continuent de soutenir à coups des millions d’euros le pays de Kagame en maintenant leur coopération avec Kigali pour continuer ses expéditions guerrières et meurtrières en RDC et piller ses ressources minières.
“Depuis des décennies et encore ces dernières semaines, je n’ai cessé d’alerter et de mobiliser l’opinion internationale sur l’urgence d’imposer la paix en RDC et dans la région des Grands lacs africains, mais en vain”, s’étonne Mukwege non sans avoir souligné que comparée à l’intervention de l’Occident dans la guerre de l’Ukraine, celle du Congo est une guerre négligée et les vies congolaises n’ont pas objectivement de valeur suffisante pour mériter une attention particulière.
“C’est la politique de deux poids, deux mesures et de l’humanisme à deux vitesses que nous avons décriée et dénoncée à plusieurs reprises”, s’inquiète Mukwege qui est pourtant convaincu que les solutions existent pour mettre durablement fin à cette catastrophe. Il fait allusion premièrement à l’urgence de couper l’aide militaire et financier au Rwanda et de lui imposer des sanctions économiques.
Deuxièmement, le Prix Nobel de la Paix rappelle l’Accord d’Addis Abeba qui avait déjà fait du chemin et dont il ne reste que la mise en œuvre de ses recommandations.
Mais parce que l’exploitation des ressources naturelles est le véritable nerfs de la guerre, Mukwege qui se trouve en ce moment sur le continent européen pour sensibiliser les gouvernants, les institutions internationales, les entreprises et les organisations de la société civile sur l’intérêt de l’approvisionnement licite, pacifique et gagnant-gagnant de ces ressources dans une optique “Business for peace” qui promeut l’intérêt durable du peuple congolais en même temps que celui des entreprises désireuses des matières premières stratégiques du sous-sol congolais.
Raison pour lui de soutenir l’initiative du Pacte de la Paix des églises catholique et protestante du Congo en renouvelant son appel à l’organisation d’une Conférence internationale sur la Paix en RDC et dans la région des Grands lacs africains, tout en condamnant fermement cette attaque du Rwanda -M23 et les massacres qui s’en sont suivis. Tout en se montrant solidaire avec la population victime de cette barbarie, Mukwege condamne le silence complice de la communauté internationale face aux graves violations des droits de l’homme et humanitaire en RDC.

Laurent BUADI