La situation d’insécurité que surmonte la partie Est de la RDC dépuis plus de deux décennies a pour point culminant la ville de Beni. La population de cette agglomération se voit chaque fois prise dans le viseur des groupes armés qui tuent des paisibles citoyens et violent les femmes selon leurs humeurs
Des rapports que ne cessent de produire des ONG nationaux et internationaux sont de nature à donner de frissons aux ãmes sensibles.
C’est le cas de celui signé par l’ONG AHADI-RD Congo en avril 2018 avec un regard rétrospectif sur des années antérieures et que notre rédaction a consulté.
Lequel rapport met en lumière les cas des affrontements répétitifs entre les différents groupes Mayi-Mayi avec les militaires FARDC et d’autres groupes armés. Avec à la clé, des tracasseries de la part des belligérants et des enlèvements et kidnaping par les Mayi Mayi à partir de mars 2016 jusqu à ce jour. Tous ces affrontements causent des déplacements massifs des populations de ces zones vers la Ville de Beni où ils sont repartis dans les différentes Communes et Quartiers. Dans son rapport sur la mise à jour des besoins humanitaires multisectoriels des populations déplacées, victimes des massacres et autres personnes vulnérables dans la Ville de Beni, en Province du Nord-Kivu, réalisée du 11 au 24 avril 2018, l’ONG AHADI-RD Congo avait confirmé la présence de plus de 6425 ménages déplacés composés d’au-moins 32.125 personnes déplacées internes de différentes vagues venues des zones de Supa-Kalau, Rwangoma, Lubahemba, Kabasha et Kalunguta de suite d’une série d’ affrontements entre l’armée régulière et les Groupes armés Mayi-Mayi Kilalo sur l’ axe Nord où se trouvent les localités de Mavivi, Oicha, Mayimoya et Eringeti, fuyant l’activisme des présumés ADF et plus d’une centaine des personnes kidnappées par ces différents rebelles actifs dans le Territoire de Beni pendant la seule période d’aôut 2016 au 24 avril 2018, sans pour autant citer les déplacés des anciennes vagues d’octobre 2014 à juillet 2016 qui étaient caractérisés par des déplacements pendulaires, pour la plupart. Parmi ces personnes kidnappées, plus de 57 font partie de la population agricole de MAYANGOSE dont des enfants de 8 ans d’âge. Le sort de toutes ces personnes kidnappées n’est pas connu par les leurs jusqu’à ce jour. Partant d’octobre 2014 jusqu’en avril 2018, la zone Beni – Lubero a enregistré plus de 2.459 personnes sauvagement tuées, parmi lesquelles, 994 dans le Territoire de Lubero et 1465 dans Beni-Ville et Territoire (selon le rapport conjoint des Coordinations de la Société Civile Beni-Lubero publié le 25 avril 2018).
Un cas demeuré emblématique…
Le 20 juin 2016, la ville de Beni est en proie à un massacre d’une rare bestialité qui a touché plusieurs familles parmi lesquelles, celle de monsieur Nahimana Onyumbe Shako. Farouche défenseur des droits et de la cause de ses concitoyens, il a également la casquette de courtier dans les transactions du coltan. Ce qui lui donne l’image d’un homme manipulant beaucoup d’argent. Cela lui vaudra en ce jour fatidique,le malheur d’être pris pour cible par des assaillants qui tuent et violent sans état d’ãme. Arrivés chez ce monsieur, ils lui exigeront un montant important d’argent qu’il paiera sans pourtant savoir que cela représentait le prix de sa mort et des siens. Il sera pris manu militari, sa femme Izabel Kita Shako et ses trois filles Jisela Onyumbe, Clémentine Onyumbe et Nelly Ayombo. Cagoulés, ils seront amenés en brousse et fusillés. Quant au fils unique de la famille, Baudouin Lofudu, il sera également amené cagoulé dans un camp où il sera contraint de devenir membre de la faction armée qui l’avait kidnappé avec les autres membres de sa famille.
À la faveur d’une mortelle confrontation entre la fraction armée à laquelle il faisait partie et un autre groupe armé, Baudouin Lofudu profitera de l’occasion pour s’échapper et disparaitre dans la nature, la peur au ventre. Jusqu’à ce jour, il est introuvable dans un milieu où les déplacements des populations sont légion.
Le cas de la fin tragique subie par la famille Nahimana Onumbe est comparable à celle de ces milliers des personnes sauvagement tuées, dont plus de 45 ont été brulées vives dans leurs maisons, pour les uns, et à bord de leurs véhicules, pour les autres. Dans son rapport du 10 septembre 2015, le Service Urbain de la Protection Civile de Beni a résumé la situation générale des massacres enregistrés dans Beni-Ville et Territoire pour la seule période allant du 02 octobre 2014 au 26 juin 2015 (soit 8 mois).
Dans ses détails, le rapport en question donne avec précision, les dates et lieux de carnage ainsi que le nombre des victimes.
A. Territoire de Beni 01 Du 06 au 10 octobre 2014 Mayimiya, Kamaibo, Bakaiko (Oicha), Mulolya, Manzanzaba, Apetinasana, Jembe, Musuku, Masele, Mamututu, Mabugho, Maisha, Ahili, Mamove 02 Du 17 au 19 octobre 2014 Eringeti, Mbau, Malehe, Ngite-Maviivi, Kambi ya chui 27
Du 02 au 05 octobre 2014 Mukoko, Apetinasana, Linzo, Oicha 26 04 22 octobre 2014 Kokola 2 Du 19 au 20 avril 2014 Masulukwede, Tipiomba, Vemba 120 06 Du 15 au 24 avril 2015 Kanana, Kinziki, Kalemi, Masulukwede, Mukida, Mbau, Kitevya, Kalongo, Ngilingili, Kiskivi 07 Du 05 au 12 mai 2015 Kipeyayo, Kisiki, Kamaibo, Matembo, Mavivi 24 Du 13 au 14 mai 2015 Mbau, Mangboko, Fungala, Mutube, Sabu, Musuku 21 09 Du 16 au 17 mai 2015 Majengo (village Upende) 11 Du 20 au 21 mai 2015 Kitaghura, Oripa, Tungudu 4 Du 15 au 26 juin 2015 Mayimoja, Eringeti 17 12 05 septembre 2015 Ntoyi, PK25-Route Kamango, Mukida (Maleta) 9
B. Ville de Beni 01 Jeudi 16 octobre 2014 Ngadi, Kadou, Bamale 33 02 novembre 2014 Muzambaye, Buili…
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