Il y a très peu de visibilité sur la crise congolaise: RDC : Le CONAFOHD parle d’errance de la population sans abris et sans assistance

Le premier objectif de la Conférence de soutien à la paix et à la prospérité des Grands Lacs, qui tient à Paris, en présence notamment du Congolais Félix Tshisekedi et du Français Emmanuel Macron, est de faire passer de 500 millions de dollars à 2,5 milliards de dollars d’aide humanitaire pour cette année 2025.
Une question capitale se pose : Quelles sont les plus grandes urgences de l’heure dans l’est de la RDC ? A cette préoccupation, le médecin gynécologue De-Joseph Kakisingi qui exerce à Bukavu et préside le Conseil National des Forums d’ONG Humanitaires et de Développement (CONAFOHD), présent à Paris a répondu sur rfi.
Il a tenté de fixer les conférenciers de la situation sécuritaire très préoccupante que connaît la population du Nord et Sud-Kivu.
« Le problème le plus urgent aujourd’hui, c’est d’abord l’accès à l’alimentation, à la nourriture, parce que ces milliers de déplacés sont bloqués dans une zone sans accès physique. Dont ils sont coupés de leurs sources d’alimentation et ça devient très urgent qu’ils aient accès à la nourriture qu’ils aient accès aux soins médicaux, » a déclaré le Président de CONAFOHD.
Il précise que « la prise des villes de Goma et de Bukavu au début de l’année par les rebelles et leurs soutiens rwandais est venue, effectivement, aggravée davantage une crise humanitaire qui est déjà assez alarmante, notamment par les blocus que cela fait autour de ces villes-là et autour des autres périphériques. »
Il souligne que la fermeture de l’espace aérien dont les aéroports, la fermeture des banques a fait aujourd’hui dégrader la situation, surtout qu’on est pendant la saison de pluie où l’accès est difficile par route et par les frontières. Tout ce-ci oblige à cette population a mener une vie exaspérée.
Le Dr De-De-Joseph Kakisingi dénonce les conditions très difficiles auxquelles de millions de congolais déplacés vivent, soulignant qu’avant la chute de Goma, Il y avait des camps de déplacés autour des villes de Goma et de Bukavu et donc l’assistance était assez facile à partir des ONGs nationales et internationales.
Mais aujourd’hui, les internationaux qui pouvaient subvenir aux besoins urgents de ces populations n’ont plus l’accès facile.
Le Dr De-Joseph Kakisingi alerte qu’aujourd’hui, les écoles ont été fermées et que ces populations sont en train d’errer sans abris, sans assistance et sans possibilité d’être regroupées pour être mieux aidé. Dans des conditions pareilles et bien qu’il est médecin gynécologue, il ne peut pas soigner tous les malades.
Pour lui, le problème est là, à deux niveaux : « D’abord le fait que les populations n’ont plus accès à des substances. Elles ne peuvent pas payer les soins et comme vous le savez au Congo, l’assurance maladie de tout le monde, n’est pas encore mis au point et les gens sont obligés d’acheter eux-mêmes les soins et aujourd’hui, ils sont coupés de leur moyen de substances et de leur commerce fermés. Ils n’accèdent plus à leurs champs et ça devient très difficile pour eux de fréquenter les hôpitaux. »
De poursuivre : « Le second niveau de problème est qu’on arrive plus à acheminer des médicaments sur plusieurs sites du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, jusqu’au centre de santé et vers la population à cause des tracasseries administratives dans chaque coin. Certains organisations internationales disposent des stocks, mais il y a effectivement des tracasseries administrative. Ajouter à cela, le problème de routes qui ne sont pas très accessibles pendant cette période de pluie et il y a une tendance à vouloir contrôler, comme par exemple, je viens de voir un acte qui est sorti, il y a quelques jours, au niveau des Kinshasa où on demande que toute tentative de contractualisation d’aide humanitaire avec les autres doit d’abord se référer au ministère national. Et quant on voit l’étendue du pays, on voit tout ce qu’il y a comme zone de santé et les difficultés que l’on a, je ne sais quoi dire. »
De revenir sur les tracasseries, le Dr De-Joseph Kakisingi a précisé qu’effectivement, il y a tracasseries les deux côtés, notamment du côté gouvernement et du côté M23. De plus en plus, il y a des exigences qui ne captent pas normalement avec notre espace humanitaire, il y a des doubles taxations.
Des opinions partagées
Les interventions de congolais sur cette conférence sont partagées. Une grande partie est carrément pessimiste, elle voit cette rencontre comme une simple promenade car, des rencontres ont été organisées sur le continent africain, aux États-Unis, en Asie et en Europe, mais sans succès.
On aboutit pas des résultats escomptés et on ne cesse de faire la même chose.
D’autres par contre, minime qu’ils soient, espèrent peut-être que cette fois pourrait aboutir à ce que les Congolais attendent : le retour d’une paix durable et définitive en RDC.
Gel Boumbe
