Kinshasa : Dizzy Mandjeku a célébré ses 60 ans de carrière musicale à la Halle de la Gombe

C’est dans ce beau cadre de l’Institut français de Kinshasa (halle de la Gombe) que l’icône de la guitare aux multiples rythmes de la musique congolaise, Dizzy Mandjeku, a chosi pour célébrer ses 60 ans de carrière comme guitariste de la rumba à travers le monde.
La nuit de vendredi 30 à samedi 31 Mai à Kinshasa, capitale du pays et berceau de la rumba, le public présent à ce concert a vécu un moment où il ne voulait pas entendre dire : « Nous sommes arrivés à la fin. » Le public voulait en faire une nuit d’éternité musicale collectant toutes les belles époques de la musique congolaise. Un public hétérogène dans lequel on peut distinguer au moins deux constituants à l’œil nu. Noir et blanc !
Cela faisait 8 ans que cette légende vivante du Soukous n’avait pas joué à Kinshasa. Et, monter sur scène serait un moment de se ressourcer, au-delà d’une joyeuse fête d’anniversaire à laquelle des noms emblématiques dont les voix et les sons peuvent être conservées au musée national. Il s’agit de Canta Nyboma, Gina Efonge, Malage de Lugendo, Nana pour ne citer que ceux-là. Dizzy Mandjeku avait aussi en face de lui une virtuose de la guitare, Vangu Diakanua dit Guvano. Cet homme de pincettes à multiples sonorités était venu joindre à lui pour un hommage musical coloré d’un savoir congolais.
Bien qu’il s’exprimait à travers sa guitare qui a provoqué un mythe nostalgique au public, Dizzy Mandjeku a lâché :
« Je vous remercie d’être venu si nombreux dans ce beau cadre de l’Institut français de Kinshasa (halle de la Gombe) pour célébrer mes 60 ans de carrière comme guitariste de la rumba à travers le monde (…). Je peux fièrement rappeler à l’intention de tout le monde ici présent, que tout a commencé à Kinshasa, en République démocratique du Congo. Celui qui a créé l’univers m’a encore donné la force de me tenir pour partager avec vous ce que j’ai toujours fait depuis très longtemps », a déclaré le guitariste Dizzy Mandjeku.
Étant lui-même initiateur dudit projet de production musicale, pierre-Evariste Mandjeku a voulu être entouré de Canta Nyboma,
Malage de Lugendo, Gina Efonge, Vangu Diakanua dit Guvano, Nana, une ancienne chanteuse de l’Ok Jazz, et plusieurs autres figures emblématiques de la rumba congolaise qui se sont joints à lui pour créer une atmosphère empreinte de nostalgie qui caractérise les classiques des pionniers de la rumba.
« Nous voulons que la rumba congolaise, qui a été inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’Unesco, continue de conquérir au fil du temps le cœur des mélomanes (…) et que l’actuelle génération puisse également conquérir le cœur d’un public divers, que l’œuvre de pérenniser notre musique ne s’arrête pas là », a insisté Mandjeku devant un public revêtu de nostalgie d’une ère musicale qui l’a longtemps échappé.
Nyboma se compile avec le public aux années 80
Parmi les invités, le chanteur Canta Nyboma. Celui-ci est accueilli en star. Il a émerveillé le public lors de cette célébration avec la reprise de “Doublé doublé’’, une chanson des années 80 évoquant les plaintes d’un amoureux qui réclame l’attention et l’affection de sa dulcinée du nom de Yomat.
Dans son lyrisme vocal, Nyboma commence par « Tika ngai na benda nzoto na lembi komona bapasi ya boye mama », autrement dit, « Laisse-moi m’en aller car j’en ai marre de vivre ce genre de souffrances », a bouleversé la salle et Danos Canta Nyboma était au-dessus de son couronnement d’autrefois. Un lyrisme vocal rappelant une époque qui ne reviendra plus, sauf dans le rêve.
Dizzy Mandjeku a traversé des générations musicales
L’homme a traversé les époques, qui ont construit la musique congolaise. Donc, il est compté parmi les architectes de la rumba congolaise. Pierre Evariste Mandjeku de son vrai nom, a joué avec trois grands géants baptises « Les trois mousquetaires » de la rumba congolaise, notamment Verckys Kiamuangana Mateta, Rochereau Tabu Ley et Franco Luambo Makiadi.
Parmi ses contributions exceptionnelles, l’on note sa participation en tant que guitariste à la réalisation de la chanson ‘‘Papaoutai’’, une œuvre artistique qui aurait permis à son auteur, le rappeur et producteur belge Paul Van Haver dit Stromae, de surmonter l’absence de son père et combler le vide affectif.
Dizzy Mandjeku a réagi avec les autres
Devant la presse, guitare en main, Dizzy Mandjeku a justifié son retour sur scène à Kinshasa, après 8 ans d’absence.
« Pour moi, c’est me ressourcer, la RDC est le pays où je suis né. Où que je sois dans le monde, il y a toujours Kinshasa dans ma tête », dit-il.
Répéter les classiques de la rumba congolaise est important
« Ça peut être du Zaïko Langa Langa, ça peut être de l’OK Jazz, ça peut être du Tabu Ley. Je fais hommage à tous ces héros de la rumba congolaise moderne. Donc perpétuer la rumba dans laquelle j’ai grandi, c’est le patrimoine de tout congolais », estime la légende vivante DizzyMandjeku.
Nyboma : À 79 ans, Dizzy Mandjeku reste le même
Chanteur congolaise de renom, Canta Nyboma a témoigné :
« À 79 ans, Dizzy Mandjeku n’a rien perdu de sa virtuosité, comme en témoigne l’artiste Nyboma, son compagnon de route. « Vraiment, avec son âge, avoir ces talents-là, vraiment, c’est formidable. Venir au pays, faire la musique ensemble avec les grands frères, ça m’a fait une émotion », déclare-t-il.
Dizzy Mandjeku est une passerelle de connexion artistique
Selon Christ Kisendo, manager et spécialiste de la musique congolaise, Dizzy Mandjeku « est une passerelle parce qu’il a aidé à connecter des artistes, la musique congolaise, la rumba, à d’autres styles, ou le Congo à d’autres pays ». Dans son projet De Palenque à Mantonge, il a mixé les deux styles de musique, la rumba latino-américaine et la rumba congolaise, et relié la Colombie à la RDC.
Et d’ajouter : « Dizzy Mandjeku est vraiment rentré dans l’histoire de la musique congolaise. Il a travaillé avec trois grands artistes congolais, notamment Verckys Kiamuangana, Franco Luambo, Tabu Ley et aujourd’hui, il travaille avec tous les jeunes, rappelle-t-il. Il a travaillé avec Stromae. Il a participé dans des compositions, que ce soit pour les textes ou même dans la guitare. Du coup, il est vraiment une référence », juge aussi Christ Kisendo.
Gel Boumbe