C’est une sévère mise en garde que le chef de l’État a adressée aux prélats catholiques qui ont déplacé l’église au coin du village. Dans son discours au jubilé d’argent de monseigneur Emmanuel Bernard Kasanda, évêque du diocèse de Mbuji-Mayi au Kasaï oriental, Félix Tshisekedi a fustigé le comportement de certains évêques qui se montrent partisants.
En sa qualité de garant de la Nation, le président de la République tapé du poing sur la table pour ramener sur le droit chemin les évêques catholiques qui se sont mis au service d’un camp politique opposé au pouvoir établi alors qu’ils devaient jouer le rôle d’église au milieu du village.
Il a condamné notamment leur partialité, qui est dangereuse pour la Nation surtout en cette année électorale.
En de termes clairs, Fatshi a plaidé pour une « relation excellente entre l’église catholique et l’Etat ».
Lire en intégralité son discours:
Excellence monseigneur Emmanuel Bernard, avant toute chose, permettez-moi de vous féliciter pour la célébration de ce jubilé d’argent de votre épiscopat.
Je vous connais personnellement sur cette relation que j’ai avec vous parce que comme je le disais, je vous connais, vous êtes un homme de droiture, un homme d’honnêteté, un homme rempli de sagesse et mon vœu le plus ardent est que toutes ces valeurs profitent à notre province en particulier, mais également à tout notre pays parce que j’ai fait de mon mandat à la tête de mon pays, un mandat pour lutter contre les antivaleurs et je sais que nous avons eu à plusieurs reprises l’occasion d’en parler vous et moi. Voilà pourquoi je le dis pour ceux qui ne le savent pas : monseigneur Emmanuel Bernard Kasanda est un grand homme, un homme de valeur. Je compte sur vous comme je le disais parce que je rêve d’un Congo meilleur. Depuis que je suis arrivé à la tête de ce pays, je me suis rendu compte de l’immensité du gouffre dans lequel ce pays se trouvait et je dois m’appuyer sur des hommes et de femmes des valeurs, des hommes tels que vous pour réussir ma mission.
Permettez-moi également monseigneur, de remercier et de rendre hommage à monseigneur Marcel Utembi, ici présent, pour son discours et ses mots aimables et encourageants à mon endroit et à l’endroit de l’Etat congolais. Oui, monseigneur Marcel, je crois aussi que l’Etat et l’église, particulièrement l’église catholique, ont l’obligation, je dis bien l’obligation, et le devoir de collaborer, de marcher ensemble. Et c’est peut-être ici l’occasion pour moi de tirer la sonnette d’alarme par rapport à une certaine dérive constatée au sein de l’église catholique, une dérive que je qualifierais de dangereuse surtout en cette année électorale. L’église doit être au milieu du village. Ici, je serai tenté de dire l’église doit être au milieu des Congolais, elle doit prêcher l’amour, l’unité et l’égalité. L’église doit accompagner toutes les filles et tous les fils de la République qui sont en politique de la même manière sans distinction aucune car il y va de la stabilité de notre cher pays. Et je sais que vous monseigneur Utembi, que vous monseigneur Kasanda, vous comprenez cela de la plus belle manière.
Mais se fait que parmi vous, il y a malheureusement quelques personnes qui ont pris une tendance dangereuse qui risquerait de diviser notre nation. Entant que garant de l’unité de cette nation, je me sens obligé de dire que je n’accepterai jamais une telle dérive. Je continuerai parce que j’y crois, à entretenir les meilleures relations envers l’église en général et l’église catholique en particulier. Je ne lésinerai sur aucun moyen pour aider cette institution qui nous est si chère et qui est si chère à mon cœur, pour qu’elle se solidifie et qu’elle reprenne son combat que nous avons toujours admiré, le combat qui a fait de nous aujourd’hui des hommes et des femmes éduqués, remplis des valeurs. Oui, c’est grâce à cette église que je vais revoir, prendre le devant pour nous aider à relever ce Congo qui est malheureusement terrassé à cause des antivaleurs telle que la corruption, tel que le tribalisme, tel que le séparatisme, telle que l’impunité et j’en passe. Je sais que je peux compter sur vous et sur Dieu pour que cela demeure et soit toujours permanent, c’est-à-dire, une relation excellente entre l’église catholique et l’Etat.
Je vais terminer mon propos en réaffirmant encore ma détermination à garder ce pays uni et à le pacifier. Je ne reculerai pas devant les menaces et les intimidations en tout genre. J’ai passé quasiment les ¾ de ma vie à combattre aux côtés d’un grand homme, j’ai cité Etienne Tshisekedi wa Mulumba d’heureuse mémoire. Cet homme m’a appris l’amour du Congo et des Congolais et donc, je ne ferai jamais, au grand jamais, le fossoyeur du Congo et des Congolais. En revanche, je m’attaquerai sans hésitation, sans remord à tout Congolais qui mettrait en danger la sécurité et la stabilité de notre pays peu importe ce que l’on en dira : violations de droits de l’homme, privation des libertés, je n’en démordrai pas parce que démocrate je suis, démocrate je resterai. Je n’ai aucune leçon à recevoir de qui ce soit dans ce domaine. J’ai la charge de protéger et de garantir le bien-être de tous les Congolais de quelque bord politique qu’il soit, religieux ou autre idéologique et donc, je ne lésinerai sur aucun moyen pour remplir ma mission du mieux que ce soit. C’est l’histoire et Dieu qui me jugeront.
Monseigneur Emmanuel Bernard, encore une fois, je voudrais vous remercier d’être l’homme que vous êtes et de m’avoir associé à cette célébration mémorable et inoubliable. Je suis heureux d’y avoir participé et d’y avoir aussi apporté ma contribution. Je vous souhaite bonne chance, plein succès pour tout ce qui vous reste encore à remplir comme tâche dans notre chère province et dans ce diocèse de Mbuji-Mayi. Que Dieu Tout-puissant vous bénisse. Nzambi akutua mpanda, mpanda kabidi ya milonda, uya kumpala. Que Dieu bénisse la République démocratique du Congo, je vous remercie.