Opposition, majorité et société civile de la République démocratique du Congo ont toutes condamné l’assassinat odieux de l’ancien ministre des Transports et député national, Chérubin Okende. Le chef de l’État Félix Tshisekedi a instruit le gouvernement de prendre contact avec les autorités belges pour être associées à l’enquête ouverte alors que Moïse Katumbi, président de Ensemble pour la République dont Chérubin Okende était le porte-parole, est arrivé à Kinshasa dimanche pour suivre de près le dossier. Mais une question taraude les esprits: de quelle justice parle-t-on ?
On ne compte plus le nombre de communiqués publiés et de déclarations faites à la suite de l’assassinat de Chérubin Okende. Alors que son parti politique a imputé cet acte ignoble au régime en place, le gouvernement préfère attendre l’aboutissement des enquêtes.
« Ensemble pour la République qui a condamné dès hier, cet enlèvement crapuleux est consterné par cet ignoble assissinat qui rappelle les vieilles pratiques dictatoriales des régimes aux abois. Cet acharnement malsain sur l’opposition politique et en particulier Ensemble pour la République, a atteint son paroxysme. Il y a lieu de craindre que le discours du Président de la République à Mbuji-Mayi dernièrement, sur sa volonté de durcir la répression en faisant fi des droits de l’homme et des libertés des citoyens servent d’accélérateur à cette dérive. Si l’on peut se faire enlever dans l’enceinte de la plus haute juridiction du pays, la Cour constitutionnelle, et se retrouver sauvagement abattu quelques kilomètres plus loin, c’est que nous ne sommes plus en sécurité, nulle part en RDC », a déclaré Dieudonné Bolengetenge, secrétaire général du parti de Moïse Katumbi dans un communiqué.
En conseil des ministres, Félix Tshisekedi a demandé une minute de silence en mémoire de l’illustre disparu avant d’appeler la justice à faire son travail.
« Je désapprouve fermement et condamne avec la dernière énergie, ce crime odieux qui a ôté la vie à un serviteur de la République dans des conditions tragiques que rien et alors rien ne saurait justifier. Je ne puis, en effet, contenir en ma qualité de garant de la Nation, de la paix et de la sécurité individuelle et collective, et aussi du bon fonctionnement des institutions, ma colère et mon indignation quant à l’atteinte faite, par cet acte odieux, aux symboles de la République. Ce crime ne demeurera point impuni. Encore une fois, j’appelle au nom du peuple congolais la justice, dans son impartialité et dans son indépendance, à faire toute la lumière sur cette ignoble affaire », a déclaré Félix Tshisekedi lors de la réunion du Conseil des ministres du vendredi 14 juillet.
Pas de confiance à la justice congolaise
Seulement, cinq jours plus tôt, le président de la République clamait haut et fort sa déception au regard du dysfonctionnement de la justice. En effet, lors de l’interview accordée à sa porte-parole Tina Salama, Félix Tshisekedi a reconnu son échec dans le secteur judiciaire.
« S’il y a un bémol à mettre sur mon bilan, je ne suis pas satisfait du bilan dans le domaine de la justice. J’ai beaucoup compté sur le pouvoir judiciaire. Comme on le dit dans la bible, la justice élève la nation. Malheureusement dans notre cas, la justice détruit notre Nation », a-t-il déploré.
Ce, avant d’arguer que « je peux vous le dire devant Dieu, je ne suis intervenu dans aucun cas de ce pays pour demander l’arrestation ou la libération de quelqu’un, jamais. Parce que je veux que la justice soit indépendante ».
Heureusement que dans sa communication lors du conseil des ministres du 14 juillet, le chef de l’Etat a instruit la ministre de la Justice, Rose Mutombo, de prendre contact avec les autorités belges pour etr associées à l’enquête ouverte après l’assassinat de Chérubin Okende
On parle également des experts sud africains.
C’est dire que conscient des limites de la justice congolaise, Félix Tshisekedi compte sur la justice belge pour faire éclater la vérité sur l’assassinat de l’ancien ministre des Transports, voies de communication et désenclavement.
Le Journal