La vengeance est un plat qui se mange froid, d’autres disent qui se mange surgélé. Dans un cas, comme dans l’autre, l’on se trouve actuellement, dans la capitale de la RDC, en face d’une situation qui illustrerait parfaitement cet adage.
Il s’agit de la guerre ouverte que se livrent Gentiny Ngobila Mbaka, le gouverneur de Kinshasa et Godé Mpoyi, le président de l’Assemblée provinciale de Kinshasa.
Chacun d’entre eux voulant faire tomber la tête de l’autre et s’offrir la gloire pour assouvir ses instints.
Tout a commencé avec les accusations du président de l’APK sur la gestion du gouverneur, jugée par lui de “nébuleuse”.
Pas d’accord avec ce que ses proches avaient traitée d’imposture, le gouv’ avait fait volte-face en traduisant le président de l’APK en justice, notamment en déposant plainte à la Cour de Cassation pour imputation dommageable et atteinte à la liberté garantie aux particuliers.
Dans l’interval, Godé Mpoy était déchu de ses fonctions sur fond d’une procédure quelque peu alambiquée et tirée par les cheveux, avant d’être réhabilité le 24 juillet dernier par la Cour d’Appel de Kinshasa/Gombe.
Dépuis, les deux personnalités semblent vivre à coûteaux tirés. Chacun attendant l’autre au tournant pour lui planter le coup d’estocade.
Mpoyi servi sur un plateau d’or…
C’est dans cette ambiance surchauffée que la Cour des comptes vient d’adresser en date du 21 août 2023, la lettre N°CAB.PPCC/CC/TKG/442/2023, au président de l’Assemblée provinciale de Kinshasa, avec comme objet : “Projed’édit portant reddition des comptes de la Ville de Kinshasa. Exercice 2022”.
Cette lettre du Premier Président de la Cour des comptes tombe comme un marteau placé entre les mains du président de l’APK pour achever son désormais adversaire.
Cela ne peut être entendu autrement dans la mesure où, la Cour des comptes a constaté que le gouvernement provincial n’a pas encore transmis auprès de ses services, son projet d’édit portant reddition des comptes pour l’exercice budgétaire 2022, pourtant regrette la correspondance du Premier Président de la Cour, cet édit et le rapport de la Cour des comptes qui l’accompagnent, sont déposés avant la fin de la session de mars.
Ceci constitue une faute de gestion au regard de l’Article 214 de la loi relative aux finances publiques, rappelle la Cour des comptes qui charge, du coup, l’Assemblée provinciale à faire application des sanctions prévues par la Constitution à l’égard du Gouvernement provincial ou de ses membres responsables du retard constaté.
Pour bon nombre d’observateurs, c’est du pain béni pour Godé Mpoyi qui se voit ainsi gratifié des outils légaux pour se venger contre le gouverneur qui a voulu avoir sa peau par le canal de certains députés visiblement remontés pour lui mettre les bâtons dans les roues. On ne vend pas la peau de l’ours avant de l’avoir achevé, a ironisé un membre de la Fondation Godé Mpoyi qui tient à l’anonymat.
Comme quoi, le plus intéréssant dans la gueguerre qui oppose les deux mastodontes de Kinshasa reste à venir.
Pourtant, ils étaient comme deux larrons…
Quelle est la graine de sable qui se serait introduite dans la relation entre le gouv’ Ngobila et le président de l’APK au point de bloquer la machine ?
Pour rappel, les deux personnalités filaient un parfait amour dépuis qu’ils étaient propulsés à la tête de la capitale en vue de présider à sa destinée.
L’entente entre eux était telle que, des députés provinciaux qui s’étaient hasardés à s’attaquer à la gestion du gouverneur en lui demandant de rendre compte, étaient immédiatement découragés dans leurs manoeuvres par le président de l’APK.
Les députés trop regardants dans la gestion de la ville étaient considérés comme des empêcheurs de tourner en rond, mieux des élements à abattre.
L’Honorable Mike Mukebayi en sait quelque chose. Lui qui s’était fait le redresseur des tords en pointant régulièrement son doigt accusateur sur la gestion du gouv’, justifiant son acharnement en disant avoir des comptes à rendre à ses électeurs.
Godé Mpoyi avait, chaque fois, joué au sapeur-pompier. Mais cela n’avait pas suffi au point que Mukebayi, pour avoir adressée une question orale avec débat au numéro un de la ville sur la gestion de Kinshasa dans son programme d’action dépuis son investiture, a vu sa démarche étouffée dans l’oeuf au niveau de l’organe délibérant et ses multiples protestations dans les médias étaient tellement virulentes et mal vues à l’hôtel de ville, qu’il a été traduit en justice à la Cour d’Appel de Kinshasa pour répondre à quatre plaintes.
Des plaintes et demandes de levée d’immunité émanents du Gouverneur lui-même, de son Directeur de cabinet , de son Conseiller principal ainsi que la Coordonatrice de sa Cellule de communication, aujourd’hui en froid avec le gouv’ au point d’avoir demissionné de son poste.
Mukebayi devrait aujourd’hui se réjouir et s’inquiéter à la fois de voir que celui qui s’opposait à sa démarche pour voir clair dans la gestion de la ville est entré à son tour, en guerre contre le gouverneur pour la même cause.
Et que pour donner gain de cause à Mpoyi et à Mukebayi, la Cour des comptes est entrée dans la danse et chercherait à voir le gouverneur déchu pour se conformer à la Constitution.
Dossier à suivre…
Le Journal