27 blocs pétroliers et 3 blocs gaziers de la République Démocratique du Congo sont officiellement mis en vente aux enchères depuis jeudi 28 juillet 2022. Le Chef de l’Etat Félix Tshisekedi Tshilombo a présidé personnellement la cérémonie y afférente en dépit de l’opposition de plusieurs organisations internationales dont Greenpeace Afrique, qui dénoncent une démarche périlleuse pour l’environnement.
C’est une étape importante du long processus de la vente des blocs pétroliers et gaziers de la RDC. Après le prélèvement des données techniques des bassins sédimentaires de la cuvette centrale et graben du Tanganyika, remises au Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde en mai dernier par le Ministre des Hydrocarbures, Didier Budimbu, place maintenant à la recherche des acheteurs.
Alors qu’initialement elle concernait 16 blocs pétroliers et gaziers, l’opération de lancement des appels d’offres pour l’acquisition et l’exploitation des produits pétroliers et gaziers s’est étendue sur 30 blocs dont 27 blocs pétroliers et 3 blocs gaziers.
Pour le Chef de l’État, cette opération «est le témoin de notre volonté à mettre nos potentialités au service du développement de notre pays, ceci dans un contexte où les ressources fossiles en ce qu’on dit de pétrole brut et le gaz sont remplacés au centre des enjeux mondiaux de paix et de stabilité en raison de conflit Russo-Ukrainienne».
A l’en croire, l’heure n’est plus à l’exaltation des potentielles ressources de la RDC sans les exploiter.
«Nous ne devrions plus nous contenter de célébrer indéfiniment les potentielles ressources naturelles dont est doté notre pays. Il nous revient de les exploiter afin qu’elles concourent à la réalisation de l’objectif primordial qui est celui de l’amélioration des vies de nos populations tout en demeurant conscients et responsables quant aux implications écologiques et environnementales que l’exploitation de ces ressources génèrent», a déclaré Félix Tshisekedi Tshilombo.
Il a souligné que pour faire face aux contraintes environnementales, il est «impérieux d’appliquer les dispositions de la loi de 2015 ainsi que le secteur de 2016 qui régissent le secteur des hydrocarbures en RDC et qui définissent les conditions d’octroi des permis requis pour l’exploitation de nos ressources pétrolières et gazières».
La colère du député national Claudel Lubaya
La démarche du gouvernement congolais n’est pas soutenue par des ong évoluant dans le secteur environnemental à l’instar de l’organisation internationale Greenpeace Afrique. Celles-ci redoute’t que cette mise en vente ne mette en péril les écosystèmes étant que le projet pourrait toucher entre autres les aires protégées.
Par ailleurs, sans être membre de ces organisations internationales, le député national André Claudel Lubaya que la vente des blocs pétroliers et gaziers viole les prescrits de la Loi 15/012 du 1 er août 2015 portant régime général des hydrocarbures et du Décret 16/010 du 19/04/2016 portant règlement des hydrocarbures.
«Je rappelle en liminaire au Gouvernement que depuis le 1er août 2015, notre pays s’est doté d’un cadre juridique approprié en la matière, structuré autour de : 1-. La Loi N° 15/012 portant régime général des hydrocarbures. Celle-ci définit le régime juridique et fiscal relatif aux activités de prospection, d’exploration, d’exploitation, de transport, de commercialisation, de raffinage, de transformation des hydrocarbures et autant que celui en lien avec les activités de fourniture, de transport, de stockage, de distribution ainsi que les règles de protection de l’environnement s’y rapportant. Aussi, j’attire l’attention du Gouvernement sur le fait que conformément à l’article 3 de la loi précitée, sont considérées comme la propriété exclusive de l’État et donc du peuple congolais qui a le droit inaliénable d’en jouir et d’en tirer profit, les masses d’hydrocarbures issues du sol ou du sous-sol localisées dans les limites du territoire national, en ce compris, les espaces fluvial, lacustre, maritime ainsi que sur la mer territoriale congolaise, la zone économique exclusive et le plateau continental», a dénonce l’élu de de Kananga dans une mise au point faite ce jeudi 28 juillet 2022 à Kinshasa.
Il a affirmé que toute activité ayant une incidence sur les hydrocarbures, propriété du peuple congolais, requiert du Gouvernement, la transparence et la responsabilité.
Claudel Lubaya a prévenu que faute de la transparence et de la responsabilité, cette vente violerait délibérément l’article 11 de la loi susmentionnée.
«Le Décret N°16/010 du 19 avril 2016 portant règlement d’hydrocarbures. S’agissant précisément de la vente projetée, je fais observer au Gouvernement que les articles 21 et 22 de la loi précitée et 39 à 46 du décret imposent une liste des formalités à accomplir et des procédures à observer avant toute activité d’hydrocarbure et obligent l’État congolais «de s’investir dans les travaux de recherche géologique, géophysique et géochimique en vue de l’évaluation de ses ressources en hydrocarbures». Malheureusement, des informations en ma possession, corroborées par celles postées sur le site du Ministère des hydrocarbures, révèlent que le Gouvernement a plutôt opté pour un raccourci et ce, au mépris des principes énoncés par la législation en la matière», a-t-il poursuivi.
Le Journal