Trois jours avant la signature de l’Accord de la paix par la RDC et le Rwanda…: Difficile de compter sur la bonne foi de Kagame !

A quelques jours de la signature à Washington, d’un accord de paix entre la RDC et le Rwanda sous l’égide des États-Unis d’Amérique, beaucoup sont ceux qui se posent la question de savoir s’il faut réellement compter sur la bonne foi du président Rwandais Paul Kagame à cet effet, déjà qu’il était porté disparu de la circulation depuis plus de deux semaines, et un silence de mort entourait tout ce qui le concerne, avant sa réapparition ce mardi. Mais il est vrai que poser cette question c’est déjà y répondre dans la mesure où, le 27 juin 2025, l’accord sera signé par la ministre RD-congolaise des Affaires étrangères et son homologue Rwandais qui a eu déjà à parapher les moutures y afférentes. Les deux ministres doivent se trouver présentement sur le sol américain pour se préparer à finaliser cet événement qui fait exulter le président américain Donald Trump.
Mais ceux qui nourrissent un certain scepticisme à ce sujet, se basent sur le fait que Paul Kagame n’est pas connu pour quelqu’un qui respecte ses engagements en faveur d’une paix durable avec son voisin, la RDC en estimant que l’application d’un tel accord lui retirerait le bifteck de la bouche.
Plus d’une fois, l’homme fort de Kigali a signé les accords de paix, plus d’une fois, il a craché dessus. La signature du Pacte sur la Sécurité, la Stabilité et le Développement dans la Région des Grands Lacs, le 15 décembre 2006, sur l’instigation de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs -CIRGL-, est un cas emblématique à cet effet.
Ce pacte qui avait tout d’un aîné de l’Accord de paix initié actuellement par les Etats Unis d’Amérique, avait fait miroiter à l’opinion l’avènement d’une paix durable dans la Région des Grands Lacs. Du moment où, les chefs d’Etat et de Gouvernements des États membres de la CIRGL dont Paul Kagame, avaient démontré en le signant, leur volonté politique collective de mettre en œuvre la vision de la coopération régionale dans les Grands Lacs.
Ils avaient pris note du fait que le Pacte contenait des Programmes d’actions concrets et réalisables dans les domaines de la paix et la sécurité, de la démocratie et de la bonne gouvernance, du développement économique et de l’intégration régionale, ainsi que des questions humanitaires, sociales et environnementales (NDLR: tout ce qui est pris en compte par l’Accord goupillé par les USA).
Les chefs d’Etat s’étaient également déclaré conscients de la nécessité de jeter les bases des processus juridique, financier, administratif de mise en place du Secrétariat de la Conférence et avaient affirmé leur engagement à mettre en œuvre le Pacte en vue d’amener la Région à trouver sa stabilité et à devenir une zone de paix et de prospérité (NDLR: À cet effet, l’accord attendu le 27 juin a tout d’une copie de ce Pacte de Nairobi).
Ses signataires s’étaient engagés à agir de bonne foi et en conformité avec les objectifs et le cadre du Pacte tout en affirmant leur décision de mettre en place un Mécanisme régional de suivi pour le règlement pacifique des conflits par la négociation, les enquêtes, la médiation et la conciliation.
Kagame, égal à lui-même…
Toutes ces bonnes intentions vont être jetées à la poubelle par le Rwanda en donnant forme au groupe rebelle M23 dont l’intrusion dans la province du Nord Kivu en 2012, va représenter un élément-clé qui illustre de la plus belle manière, comment l’insécurité et les conflits armés entravent les efforts pour rétablir et maintenir la paix dans la région des Grands Lacs, tout en mettant en évidence, les défis structurels sous-jacents qui demeurent.
Et les analystes d’avouer que le soutien présumé du Rwanda au M23 une fois de plus, pour son actuelle croisade armée dans les deux Kivu a été un point de tension majeur et a alimenté les conflits en RDC, conduisant à des inquiétudes sur l’ingérance étrangère dans les affaires congolaises.
Surtout que des rapports d’experts internationaux ont confirmé à l’unanimité, que le Rwanda a fourni un soutien militaire au M23, ce qui a contribué à détériorer les relations entre Kinshasa et Kigali non sans avoir donné l’occasion en or à la RDC pour obtenir la condamnation du Rwanda par toutes les nations. Donald Trump a saisi la balle au bond pour se faire médiateur et pacificateur dans ce conflit existentielle qui n’a que trop duré. Espérant que ça pourrait lui valoir le prix Nobel de la paix. L’avenir nous fixera, dès lors qu’avec Paul Kagame, il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué.
Laurent BUADI
