Kinshasa secouée: Sama Lukonde et Vital Kamerhe menacés par leurs alliés

 Kinshasa secouée: Sama Lukonde et Vital Kamerhe menacés par leurs alliés

Les présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale sont visés par leurs propres collègues de l’UDPS pour opacité et centralisation. La fronde met en lumière des tensions internes et un bras de fer stratégique susceptible de bouleverser le pouvoir.

Depuis quelques jours, le Parlement congolais est en ébullition. Le Sénat et l’Assemblée nationale ont été frappés par des pétitions simultanées visant leurs présidents respectifs : Jean-Michel Sama Lukonde et Vital Kamerhe. Ce qui semble à première vue une contestation classique pour des pratiques opaques révèle en réalité une fronde interne inédite au sein du parti présidentiel, l’UDPS.

Sama Lukonde fragilisé au Sénat
Au Sénat, Sama Lukonde, ancien Premier ministre devenu président de la Chambre haute, est désormais sur une chaise éjectable. Une pétition menée par le sénateur Idrissa Afani Mangala, de l’espace Swahili comme Sama, a recueilli plus de soixante-dix signatures. Le grief : un bureau accusé d’inertie, étouffant le contrôle parlementaire, occultant les débats et gérant le budget avec opacité.
« Le bureau Lukonde n’aligne ni questions orales avec débat, ni initiatives de contrôle et ignore les préoccupations des provinces et conseillers municipaux », dénonce un collectif autoproclamé « sénateurs révolutionnaires ». Selon eux, la Chambre haute se limite à un rôle d’enregistrement, incapable d’exercer sa fonction de vigie démocratique.

Vital Kamerhe dans la tourmente
À l’Assemblée nationale, la tempête est encore plus violente. Une pétition, forte de plus de cent signatures, cible Vital Kamerhe, critiqué pour sa gestion opaque et centralisée. Les élus dénoncent des plénières où les lois seraient votées en bloc et une gouvernance financière jugée floue.
Crispin Mbindule, figure tutélaire de la fronde, détaille : 131 signatures contre Kamerhe, 119 contre la questeuse Chimène Polipoli Lunda, 67 contre la questeure adjointe Grâce Neema Paininye, 84 contre le rapporteur Jacques Ndjoli, et 93 contre la rapporteuse adjointe Dominique Munongo. Seuls les vice-présidents Tshilumbayi et Mboso échappent, pour l’instant, à la contestation.

Un bras de fer stratégique
Ces mouvements ne sont pas de simples coups de gueule. Ils bousculent les équilibres internes des deux Chambres et placent la majorité présidentielle dans une posture délicate. Ambitions personnelles, calculs partisans et loyautés fluctuantes se conjuguent dans un bras de fer stratégique qui pourrait redessiner la scène politique congolaise dans les prochains mois.

Implications pour l’UDPS et la majorité
La fronde met en lumière un paradoxe : le parti présidentiel, censé soutenir ses cadres, se retrouve contre ses propres alliés. Cette dynamique pourrait avoir des répercussions majeures sur la gestion future du Parlement et sur l’équilibre du pouvoir, révélant que la stabilité politique n’est jamais acquise à Kinshasa.

Christian TANDU

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