La géopolitique s’invite dans le débat...: L’éventuelle éviction de Kamerhe et ses conséquences !

On ne le dira jamais assez, la présence supposée de Vital Kamerhe à Johannesburg, dans le cadre du forum de la Fondation Thabo Mbeki, n’a pas seulement irrité l’Union sacrée, elle a aussi réactivé les soupçons d’un axe diplomatique parallèle.
L’Afrique du Sud, historiquement impliquée dans les processus de paix en RDC, semble vouloir reprendre un rôle de médiateur, notamment face à l’impasse du processus de Luanda et de Nairobi. Kamerhe -président de l’Assemblée nationale-, en se rendant à cette rencontre en toute discrétion, a donné l’impression de valider cette médiation alternative, ce qui a été perçu comme un affront à la diplomatie officielle congolaise. L’Afrique du Sud semble, du coup, avoir opté pour une diplomatie parallèle.
La SADC dans l’expectative
La Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), dont la RDC est pourtant membre, observe cette crise avec prudence. Elle est déjà engagée militairement via la Mission de la SADC en RDC (SAMIDRC), déployée dans l’Est du pays. Une instabilité politique à Kinshasa, surtout si elle touche un acteur comme Kamerhe, pourrait fragiliser la coordination régionale et compliquer les efforts de stabilisation, confie-t-on dans certains milieux diplomatiques. La SADC pourrait être amenée à clarifier son rôle en précisant s’il s’agit d’un simple soutien militaire ou un acteur diplomatique à part entière.
Les pourparlers de Doha et Washington : une autre scène
Kamerhe a récemment salué les efforts diplomatiques menés à Doha et Washington, impliquant le gouvernement congolais, le Rwanda, et les rebelles du M23. Il a même plaidé pour une diplomatie parlementaire active, en collaboration avec des partenaires européens comme la Belgique. Ce positionnement renforce l’idée qu’il cherche à élargir le spectre diplomatique, au-delà des canaux classiques, ce qui peut être vu comme une tentative de repositionnement personnel ou carrément comme une stratégie de contournement du pouvoir exécutif.
Risques et équilibres
Pour beaucoup d’analystes, si Kamerhe venait à être destitué, cela pourrait affaiblir la voix parlementaire congolaise dans les négociations régionales. C’est de un. De deux, si la crise s’envenime, elle pourrait réduire la crédibilité de Kinshasa face aux partenaires internationaux.
Et si l’Afrique du Sud s’implique davantage, cela pourrait réactiver les rivalités diplomatiques entre Pretoria, Luanda, et Kigali.
Comme quoi, la “crise Kamerhe” dépasse le cadre national. Elle touche aux équilibres diplomatiques, aux alliances régionales et à la légitimité des processus de paix. Le gouvernement congolais devra, dès lors, choisir entre marginaliser Kamerhe au risque de perdre un canal diplomatique, ou l’intégrer dans une stratégie plus large de résolution des conflits.
Laurent BUADI
