Le M23 dans les sales draps !

Le rapport que Genève vient de rendre public sur la violation des droits de l’homme par le M23 est des plus préoccupants et interppelle la communauté internationale sur la non application de la résolution 2773. Est-ce un aveu d’échec en quelque sorte ?, se demandent des analystes.
Pour beaucoup, le rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, publié début septembre 2025, est accablant dès lors qu’il documente des violations graves du droit international humanitaire dans le Nord et le Sud-Kivu, notamment par le M23, appuyé par les Forces de défense du Rwanda (RDF), le rapport n’épargne pas les FARDC et des groupes armés alliés. On parle ici d’attaques contre des civils, des écoles, des hôpitaux, et d’une prise de contrôle brutale de Goma fin janvier.
Ce qui rend la situation encore plus alarmante, c’est le contraste avec la résolution 2773 du Conseil de sécurité, adoptée en février 2025, qui condamnait fermement les offensives du M23 et appelait à un retrait immédiat des forces armées impliquées. Or, le rapport montre que non seulement cette résolution n’a pas été respectée, mais que les violations se sont intensifiées depuis.
Aveu d’échec ? C’est difficile de ne pas le voir ainsi. L’inaction ou l’inefficacité de la communauté internationale face à des résolutions non appliquées soulève des questions sur la crédibilité du système onusien dans les contextes de conflit prolongé. Cela renforce aussi le sentiment d’abandon chez les populations locales, et fragilise les efforts de paix et de justice.
Mais ce constat peut aussi être un point de bascule. Le rapport, s’il est relayé avec force, peut devenir un levier pour raviver la pression diplomatique, réactiver les mécanismes de sanction, et surtout, redonner une voix aux victimes.
Les sanctions récentes contre le M23 et ses soutiens illustrent une intensification de la pression internationale face à l’escalade du conflit dans l’est de la RDC. Voici les mesures les plus marquantes prises depuis fin 2024 :
Sanctions ciblées par l’Union européenne (mars 2025)
On se rappelle que l’UE a élargi sa liste de sanctions pour inclure Bertrand Bisimwa : chef politique du M23, sanctionné pour son rôle actif dans les violations graves des droits humains, notamment meurtres, attaques contre civils et recrutement d’enfants soldats. Désiré Rukomera : responsable du recrutement et de la propagande du M23, accusé d’incitation à la violence et de participation directe à des crimes graves. Gasabo Gold Refinery (Kigali), sanctionnée pour son rôle dans l’exportation illicite d’or extrait en RDC, finançant indirectement le conflit.
Sanctions multilatérales (novembre 2024 – mars 2025)
La Résolution 2773 du Conseil de sécurité de l’ONU (février 2025), exige le retrait immédiat du M23 des zones conquises (Goma, Bukavu) et condamne l’appui militaire du Rwanda et le retrait de ses troupes sur le sol congolais.
Les États-Unis, le Royaume-Uni et le Canada ont imposé des sanctions financières et diplomatiques contre des individus liés au M23 et à l’armée rwandaise. Le Canada, par exemple, a suspendu des projets économiques et restreint les exportations de technologies vers le Rwanda, tandis que l’Allemagne et le Royaume-Uni ont suspendu leur aide au développement au Rwanda, en réponse à son soutien présumé au M23.
Divergences stratégiques
Malgré une condamnation unanime, les approches varient en faisant que certains pays privilégient les sanctions économiques, d’autres les restrictions diplomatiques. L’efficacité reste inégale, notamment en raison de l’absence de mécanismes de suivi robustes.
Ces sanctions montrent néanmoins une volonté de responsabiliser les acteurs du conflit, mais elles soulèvent aussi une question centrale : comment garantir leur application sur le terrain et leur impact réel sur la dynamique du M23 ? Une question qui vaut tout son pesant.
Laurent BUADI
