Aux pourparlers de paix de Nairobi entre le gouvernement et les groupes armés, la sale pratique de détournement a surpris les participants et même le facilitateur, l’ancien président du Kenya, Uhuru Kenyatta, qui a été contraint de reporter la cérémonie de clôture des travaux.
Prévue initialement pour lundi 5 décembre 2022, celle-ci a eu lieu le mardi 6 décembre. Le facilitateur a dû prendre cette décision à cause du malaise observé dans le chef des délégués.
D’après radio Okapi, ces derniers ont décidé à l’unanimité de boycotter la plénière de la clôture. Ils se sont plaints du fait que certains n’ont pas reçu leur perdiem tandis que d’autres ont reçu un montant d’environ 300 USD qu’ils ont jugé insuffisant.
« Ceux qui ont organisé pour nous ces pourparlers de Nairobi 3 ont un problème. Moi-même j’étais parmi ceux-là qui cherchaient cet argent. Et cet argent ne leur appartient pas. C’est l’argent pour nous aider à ramener la paix en RDC. Et ceux qui sont concernés, ne pensez pas que la question de la paix est une blague ou un jeu. Dans le cas contraire, moi je n’ai aucun problème pour me lever et dire au monde entier qu’il ne faut plus donner de l’argent à ces gens s’ils ne se sont pas à mesure d’organiser des pourparlers et de nous aider d’avancer dans la bonne voie », a lancé Uhuru Kenyatta à l’assistance, sans citer les noms de présumés auteurs de ce détournement.
Se voulant pragmatique, il a promis que la solution allait être apportée à ce problème. Ce qui a été fait car la clôture a finalement eu lieu mardi.
Selon des indiscrétions, c’est le secrétariat exécutif de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) qui était l’organisateur de ces assises. Ce qui laisse à penser que l’argent destiné aux participants aux pourparlers de Nairobi 3 a été géré à ce niveau-là.
De sources crédibles avancent jusqu’à 4 millions de dollars dont devaient se répartir les participants au titre de 200 USD par jour. Au finish, la présidence congolaise aurait pesé et obtenu le paiement du perdiem aux participants.
Autant dire que les organisateurs ont voulu attirer de l’opprobre sur le pays de Félix Tshisekedi.
Voici les résolutions
Après plus d’une semaine des travaux, Nairobi 3 a dévoilé ses secrets. Du 2 au 4 décembre, les discussions se sont tenues en groupes séparés, les rebelles et sociétés civiles répartis par province. Ils avaient pour mission d’élaborer des recommandations visant à ramener la paix dans l’Est de la RDC.
Au départ entendu comme un dialogue concernant exclusivement le gouvernement congolais et les groupes armés congolais, Nairobi 3 a abordé aussi la question des groupes armés étrangers opérant sur le sol congolais.
La société civile a plaidé pour une justice transitionnelle aux fins de la réparation aux victimes et la fin de l’impunité pour les criminels.
Les groupes rebelles ont de leur côté insisté sur la demande d’amnistie pour leurs membres et la libération des prisonniers.
Le gouvernement de Kinshasa a demandé aux groupes armés de mettre fin aux hostilités, de permettre l’accès humanitaire sans entraves et de rejoindre le programme de désarmement, démobilisation et réinsertion.
La réorganisation de la direction dudit programme a été exigée par les délégués des groupes armés.
Voici un condensé des résolutions:
-un comité composé de représentants des communautés affectées, de l’EAC et du gouvernement soit constitué afin de faciliter la libération des prisonniers n’ayant pas de casier judiciaire d’atrocités ou de condamnations pénales.
-Concernant les communautés résidentes dans ou autours des parcs nationaux, le président Tshisekedi a accepté de les faciliter et les engager dans des projets écologiques et de les maintenir au cœur des efforts de conservation.
-Sous les auspices du président Tshisekedi, une réunion sera organisée entre les représentants du gouvernement et les communautés locales du Maniema, afin de discuter de la manière dont la communauté peut être impliquée dans l’industrie minière de la Région et en bénéficier.
-Le P-DSRCS doit être revu et la recommandation des groupes armés concernant sa direction doit être intégrée.Des discussions auront lieu à ce sujet entre les représentants du gouvernement de la RDC et les communautés concernées.Fatshi fera une déclaration publique à cet effet.
-Le président Tshisekedi va tenir des consultations avec les groupes de 145 territoires afin d’offrir des opportunités au peuple de l’Est de la République démocratique du Congo.
-Poursuite de la cessation des hostilités ainsi que la libération des enfants soldats et l’accès à l’aide humanitaire.
Le Journal