Le dossier Général Olivier Gasita, un cas de conscience !

 Le dossier Général Olivier Gasita, un cas de conscience !

Le gouvernement se trouve en ce moment, face au dilemme Olivier Gasita. Soit il faut satisfaire à la volonté de la population de Uvira et rappeler cet officier supérieur à Kinshasa, soit continuer de le maintenir à son poste de Uvira et naviguer à contre courant de la clameur publique qui a haussé le ton pour demander son départ. Dans ce dernier cas, on laisserait croire que l’opinion des administrés ne compte nullement comme l’a laissé supposer la réaction musclée du porte-parole de l’armée.

À un analyste à qui nous avons demandé de livrer son point de vue face à ce qui a tout d’un dilemme pour le gouvernement qui, du reste, a dépêché une forte délégation à Uvira pour tirer au clair la situation, sa réponse est sans équivoque : “Le cas du général Olivier Gasita est emblématique d’un dilemme politique et sécuritaire complexe, où se croisent la légitimité populaire, la cohésion militaire et les enjeux géopolitiques dans l’Est de la RDC”.

Contexte actuel
En effet, depuis sa nomination comme commandant adjoint de la 33ᵉ région militaire à Uvira, chargé des opérations et du renseignement, le général Gasita fait l’objet d’une vive contestation. Les groupes Wazalendo, censés appuyer les FARDC contre la rébellion de l’AFC/M23, l’accusent de collusion avec les rebelles et d’avoir facilité la chute de Bukavu. Ces accusations ont déclenché des journées “ville morte”, des manifestations réprimées dans le sang, et une paralysie quasi totale de la ville. Face à cette pression, le général aurait finalement quitté Uvira dans la nuit du 9 septembre.

Le dilemme gouvernemental
Du coup, le gouvernement se retrouve entre deux impératifs en choisissant de respecter la volonté populaire, en rappelant Gasita à Kinshasa pour apaiser les tensions et restaurer la confiance. De un. De deux, maintenir l’autorité militaire à son poste, en défendant la légitimité de sa nomination et en évitant de céder à ce qui pourrait être perçu comme une pression irrégulière ou manipulée.

Préserver la cohésion nationale à tous prix
Dans un contexte aussi inflammable, sourient notre interlocuteur, la priorité devrait être la préservation de la cohésion nationale et de la confiance entre l’armée et la population. Maintenir un officier contesté, surtout dans une zone aussi stratégique que le Sud-Kivu, risque d’aggraver les fractures entre les FARDC et leurs alliés locaux, et d’ouvrir un boulevard aux groupes rebelles.
Et de renchérir que le départ de Gasita, même s’il n’est pas officiellement présenté comme une révocation, semble être une mesure pragmatique pour désamorcer la crise. Cela permet au gouvernement de sauver la face, tout en répondant à la clameur publique. Mais cette décision devrait s’accompagner d’un discours clair : reconnaître les préoccupations légitimes de la population sans affaiblir l’institution militaire.

Que retenir ?
Ce moment pourrait être l’occasion de renforcer les mécanismes de dialogue civil-militaire à Uvira, auditer les nominations sensibles dans les zones de conflit, et clarifier les responsabilités et les chaînes de commandement, pour éviter que des accusations de collusion ne deviennent des armes politiques.
Dans l’entre-temps, la mission gouvernementale dépêchée à Uvira est bien plus qu’un simple déplacement administratif, elle porte des implications politiques, sécuritaires et symboliques majeures dans le contexte actuel. En envoyant une délégation officielle, Kinshasa admet que la situation à Uvira dépasse le cadre local et mérite une réponse nationale. Ce qui confère une légitimité aux revendications populaires.
Pour notre analyste, il est question -à travers le déplacement de la mission gouvernementale -, d’une gouvernance participative, parce qu’elle est censée dialoguer avec les acteurs locaux, notamment la société civile, les autorités coutumières et les groupes Wazalendo. Si elle échoue à écouter réellement, elle risque de renforcer le sentiment d’exclusion.
Il est aussi question du rééquilibrage des pouvoirs, dans la mesure où, la mission pourrait ouvrir la voie à une révision des nominations militaires dans les zones sensibles, en tenant compte des dynamiques locales et des perceptions communautaires.
À tout prendre, cette mission gouvernementale à Uvira est un signal fort. Elle montre que Kinshasa prend la mesure de la crise et tente de rétablir une forme de dialogue avec les communautés locales. Mais dans ce genre de contexte, la présence ne suffit pas, c’est la qualité de l’écoute et la sincérité des engagements qui feront la différence.

Éloigner un probable embrasement…
La mission, selon d’autres observateurs, vise à calmer les esprits et éviter une escalade vers un conflit ouvert entre les FARDC et les groupes supplétifs, clarifier des alliances parce que les accusations de collusion entre le général Gasita et l’AFC/M23 mettent en lumière les fragilités dans la coordination entre l’armée régulière et les Wazalendo. La mission devra clarifier les lignes de commandement et les objectifs communs.
L’objectif étant de prévenir un effet domino en évitant que si Uvira s’embrasait, d’autres villes du Sud-Kivu ou du Nord-Kivu ne suivent. Cette mission est donc aussi une barrière contre l’extension du chaos.

Laurent BUADI

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