Accord du 27 juin 2025: Appel à la vigilance des Congolais !

L’Accord du 27 juin 2025 signé à Washington entre la RD Congo et le Rwanda suscite l’espoir d’une paix durable entre les deux pays dans une région des Grands lacs stabilisée. Cet accord est un pas important pour notre pays, mais au-delà des apparences et des poignées de main, un plan froidement calculé semble se dessiner, un schéma prémédité qui pourrait menacer l’unité même de notre Patrie. Les experts qui ont œuvré au cours des deux dernières décennies pour construire une paix durable dans la Région des Grands Lacs ont le devoir de révéler aux Congolais les noirs desseins des ennemis de la République, qui œuvrent dans l’ombre pour sa balkanisation. Rangés derrière la défense visionnaire du Président Félix-Antoine Tshisekedi, garant de la souveraineté et de l’intégrité nationale, les Congolais doivent demeurer vigilants et conscients des manœuvres d’arrière-plan de leurs ennemis.
Le conflit de Trente ans entre le Rwanda et la RD Congo est l’expression d’une planification complexe pour la balkanisation du Grand Kivu. Les millions de morts et de déplacés des régions affectées par ce long conflit ne le sont pas par le fruit du hasard, ni d’une succession d’événements malheureux. L’analyse des événements récent et des discussions de paix nous poussent à révéler une orchestration minutieuse, impliquant différents acteurs qui, chacun à leur niveau, contribuent à un objectif commun : la balkanisation de fait de nos Kivu et l’accaparement de leurs ressources naturelles.
Dans cette orchestration le M23 est le bras armé et opérationnel qui contrôle nos territoires, nos routes, et nos zones minières de l’Est. Sa résurgence sous la forme M23/AFC, malgré une défaite et un désarmement antérieur en 2012, indique des motivations profondes et un soutien extérieur et intérieur qui va au-delà du simple opportunisme. Ce soutien est animé par des architectes politiques externes, principalement le Rwanda, et internes, issus essentiellement de l’AFDL de Laurent-Désiré Kabila, dont, de manière centrale le PPRD de l’ancien Président Joseph Kabila, organisant avec ses cadres et ses partisans des rencontres politiques dans les villes sous contrôle des milices dont le soutien par Kigali est un fait documenté par les organisations internationales et non gouvernementales. Ces rencontres, survenant après la levée de l’immunité sénatoriale de l’ex-Président, dessinent le tableau d’une réactivation des ambitions séparatistes concoctées de longue date. Il est désormais clair que les figures politico-militaires rangées derrière Joseph Kabila inscrivent leurs actions dans un projet de fragmentation et de prise de pouvoir dans l’Est de la RD Congo.
Concomitamment, des influences diplomatiques extérieures sont à l’œuvre à travers le lobby rwandais aux Etats-Unis, et l’on s’inquiète qu’en raison de sa dimension bilatérale, l’Accord du 27 juin 2025, dit Accord de Washington, contienne des clauses rejetées par l’ensemble des cadres diplomatiques multilatéraux pour la stabilisation de la Région des Grands lacs depuis la résolution 2098(2013) et le traité international de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, notamment l’interdiction de la prime à la violence par l’intégration de forces hostiles ou rebelles dans les appareils sécuritaires. Il est à craindre que des pressions diplomatiques inspirées par le lobby rwandais ont joué un rôle dans la manière dont la médiation a été menée, et dont certaines clauses ont été formulées. Les Congolais doivent demeurer vigilants, rangés derrière le Président Félix Tshisekedi, pour que l’Accord de Washington ne serve pas des intérêts qui dépassent l’objectif de paix durable, dissimulant une stratégie de désintégration territoriale. A l’analyse des faits et des actes, les phases suivantes apparaissent comme la suite du plan de séparatisme planifié par une décentralisation centrifuge comme phase préliminaire de la fragmentation de la RD Congo :
Phase 1. L’Accord de Washington, bien qu’il évoque la paix, contient des dispositions qui, lorsqu’elles sont analysées de manière experte par des spécialistes aguerris des relations internationales et de la stabilisation de la Région des Grands lacs, prennent une tout autre signification :
La Légitimation du M23/AFC en mentionnant et soutenant explicitement les négociations avec l’AFC/M23 à Doha. C’est là une reconnaissance diplomatique majeure pour un groupe armé, contraire aux textes antérieurs relatifs à la stabilisation de la Région des Grands lacs, lui donnant un statut d’interlocuteur privilégié. La clause d’intégration « au cas par cas » est une porte grande ouverte, le texte stipule clairement : « Toute réintégration éventuelle des combattants [des groupes armés non étatiques] dans les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et la Police nationale congolaise (PNC) s’effectue de manière rigoureuse, individualisée, et conditionnelle, au cas par cas… ». Ce point, dont l’écriture n’a été rendue possible que grâce au bilatéralisme de l’Accord de Washington, écartant les dispositions multilatérales antérieures, est en contradiction flagrante avec l’esprit et la lettre du traité international de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba de 2013, qui appelait au désarmement et à la démobilisation, et en aucun cas à l’intégration des groupes armés.
L’insertion réussie de cette clause, du point de vue rwandais, en raison d’une certaine inexpérience des négociateurs congolais durant les travaux préparatoires à Washington, n’est pas anodine ; elle réhabilite une voie rejetée par l’ensemble de la communauté diplomatique mondiale réunie en 2013 à Addis-Abeba pour la stabilisation des Grands lacs. En conséquence notre délégation aux négociations de Doha est affaiblie. Elle ne peut plus exiger la capitulation pure et simple du M23, l’objectif initial, puisque l’accord, que nous avons signé, ouvre la voie à une intégration dans l’appareil sécuritaire de la RD Congo. Parallèlement, le « désengagement » du Rwanda apparait comme une diversion calculée car il s’agit d’une simple manœuvre diplomatique. En s’y conformant, le Rwanda se dissocie apparemment du M23 comme proxy externe et la pression internationale diminue, laissant le champ libre à son agenda interne, animé par ses pantins congolais contrôlant les capitales du Grand Kivu.
Phase 2. L’analyse stratégique fine révèle que l’Accord de Washington pourrait, si les Congolais n’y prennent garde, constituer le cadre diplomatique de l’activation interne du projet de fragmentation nationale, avec un effet de bascule vers les actions de terrain et l’infiltration de l’appareil sécuritaire de la RD Congo. Il s’ensuivrait une prise de pouvoir de fait dans les Kivu, avec un M23/AFC fort de ses soutiens politiques réchauffés par l’ancien Président Kabila, et de ses capacités financières internes par le contrôle des mines. Le M23/AFC n’est plus seulement un instrument étranger, il devient, et c’est son objectif à court terme, une force politico-militaire capable de s’autofinancer et de poursuivre ses objectifs séparatistes avec une autonomie accrue. Il poursuit la consolidation de son occupation des territoires en maintenant fermement son emprise sur les zones stratégiques et minières. Dès lors, les territoires conquis ne sont pas libérés, mais utilisés comme de puissants leviers de négociation.
Phase 3. Le M23/AFC et ses réseaux politiques exploitent les négociations et entament le plan de fragmentation masquée. Les pourparlers de Doha deviennent un instrument clé pour la concrétisation du plan :
Le M23/AFC utilise la clause « au cas par cas » de l’Accord de Washington, pour exercer une pression intensive pour l’intégration et l’infiltration massive de ses hommes dans les FARDC et la PNC. L’objectif est d’infiltrer l’appareil sécuritaire et administratif, en plaçant des éléments loyaux à leurs causes dans des positions stratégiques. Si le processus d’intégration traîne, ou si le Gouvernement refuse des conditions inacceptables, notamment la réintégration de criminels ou de condamnés, le M23/AFC dénoncera la « mauvaise foi » de Kinshasa. Ce sera le prétexte pour reprendre les hostilités ou intensifier la pression militaire sur le terrain, le Rwanda ayant été dédouané par l’Accord de Washington. C’est au cours de cette phase que le projet de balkanisation entrera en action. Le résultat final ne sera pas d’emblée une sécession déclarée, mais une fragmentation de facto. Nos provinces riches des Kivu seront vidées de leur substance, avec une autorité de Kinshasa affaiblie et contournée, au profit d’un contrôle local exercé par des groupes liés à des agendas particuliers. Cette phase marquera l’érosion de notre souveraineté par l’intérieur.
Ce projet de balkanisation par fragmentation et délestage du pouvoir central, qui pourrait par ailleurs se renforcer en cas d’accord minier mal négocié entre les Etats-Unis et la RD Congo, appelle le peuple Congolais à la vigilance. Face au dessein machiavélique des ennemis de la Nation, chaque Congolais doit se ranger derrière le Président Félix Tshisekedi, garant de l’intégrité et de la souveraineté de notre pays, se lever et devenir un gardien vigilant de l’unité nationale. L’heure n’est ni à la panique, ni à la division, mais à la mobilisation citoyenne et à la vigilance collective derrière le Président Félix Tshisekedi.
Toutes les branches de la société civile doivent se mobiliser pour l’intégrité territoriale de la RD Congo qui n’est pas négociable. La clause « au cas par cas » doit être révisée et précisée, et l’Accord de Washington doit être mis en cohérence avec les textes multilatéraux antérieurs pour la stabilité et la paix dans la Région des Grands lacs, dans le cadre d’une grande conférence internationale des Garants de l’Accord-Cadre d’Addis-Abeba. La rigueur doit être absolue, la loyauté envers l’État, indéfectible. La société civile doit appeler les populations, en particulier nos frères et sœurs des Kivu, à être les sentinelles de notre souveraineté. Dénoncez toute tentative d’infiltration, de manipulation, ou de détournement de nos richesses. La transparence doit être totale sur l’ensemble des négociations à venir et sur tous les processus de désarmement. Mobilisons-nous pour soutenir une armée FARDC et une police PNC intègres, des forces de défense loyales, qui méritent notre appui dans la protection de notre pays.
Nous voulons la paix, oui ! Mais une paix qui garantit l’unité, la dignité et la souveraineté pleine et entière de la République Démocratique du Congo. Soyons vigilants, soyons unis, pour un Congo fort et indivisible
Léon ENGULU III
Porte-parole des Filles et Fils
des Pères Pionniers de l’Indépendance,
réunis au sein de l’ASSEPICO.
Ancien Coordonnateur a.i
du Mécanisme National de Suivi
de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba.