Le président du parti politique «Ensemble pour la République», Moïse Katumbi, a annoncé, vendredi 16 décembre, sa candidature à l’élection présidentielle de 2023 et son départ de l’Union sacrée de la Nation. Cette annonce faute au cours d’une interview diffusée sur les antennes de RFI et France 24 suscite diverses réactions dans le microcosme politique congolais.
«J’ai décidé de quitter l’Union sacrée, je dis au revoir à l’Union sacrée. Ça fait deux ans que je suis allié du président de la République, j’ai donné des consoles, j’ai écrit des lettres, mais le bilan est très mauvais, le bilan est chaotique», a déclaré Moïse Katumbi. Ce, après avoir annoncé que «je serai candidat en 2023» et que «je vais avaliser ma candidature au congrès de notre parti», prévu le 19 décembre à Lubumbashi.
Ce néo candidat a reconnu que certains membres de son camp qui sont au gouvernement ou dans d’autres institutions vont le quitter, mais il a estimé que c’est cela la démocratie.
Cette annonce, du point de vue de certains analystes politiques, ne devrait surprendre personne au sein de l’Union sacrée. Pour cause, avance-t-on, bien que faisant partie du camp présidentiel, Moïse Katumbi et ses acolytes ont multiplié les critiques et mêmes des attaques contre le pouvoir, particulièrement contre le chef de l’Etat ces derniers mois.
L’ancien gouverneur de l’ex province du Katanga avait mené de consultations au sein de son parti et cherchait un prétexte pour prendre ses distances. En quelque sorte, sa loyauté envers le président de la République n’était pas sincère au point que 46 de 69 députés nationaux de Ensemble l’ont désavoué et décidé de rester fidèles à Félix Tshisekedi. C’est ce qui a refroidi pendant plusieurs mois ses envies de départ.
Du coup, de membres de son parti estiment que son appartenance à l’Union sacrée était motivée par son souci égoïste de bénéficier de la sécurité et de récupérer ses biens.
Ceux qui sont de cet avis rappellent que Katumbi était rentré en RDC avec le passeport lui délivré sur instruction du chef de l’Etat et que ce dernier a accepté de partager avec lui des responsabilités dans le gouvernement et dans d’autres institutions.
«Pourquoi avoir profité du pouvoir et ses avantages pour le quitter à la veille des élections ?», s’interroge-t-on.
Une candidature encore hypothétique
En une année de l’élection présidentielle à laquelle il a annoncé sa candidature, Moïse Katumbi a encore du chemin à parcourir pour passer de la parole en acte.
Comme en 2018 où il n’a pu être candidat à cause de ses démêlés judiciaires qui l’avaient conduit en exile avant de revenir au pays en 20220 après l’entrée en fonction de Félix Tshisekedi, il faudra attendre pour savoir s’il sera réellement candidat.
En effet, jusqu’à la preuve du contraire, un doute sérieux continue à placer sur la nationalité de Moïse Katumbi. Juif pour les uns, zambien pour les autres et même italien, on lui prête plusieurs nationalités. L’intéressé continue à revendiquer la nationalité congolaise. Le dernier mot reviendra à la Cour Constitutionnelle, qui devra confirmer si le leader de Ensemble est éligible ou non.
Sur un autre registre, il n’est pas à écarter l’option de voir la justice congolaise réchauffer, au nom de la lutte contre la corruption et le détournement, plusieurs dossiers l’impliquant.
En attendant, Katumbi doit batailler dur pour endiguer la vague des départs de son jeune parti. Déjà, de tous les membres du gouvernement issus de son camp, seul peut être Christian Mwando pourrait accepter de lui rester fidèle, la bande à Lutundula et consorts ayant clairement décidé en âme et conscience de poursuivre la lutte aux côtés de Félix Tshisekedi pour la reconstruction et le développement du pays.
Bien plus, le refus de Moïse Katumbi de citer le Rwanda comme agresseur de la République démocratique du Congo risque de lui coûter très cher dans la course à la magistrature suprême. Il faut dire que la population congolaise est intransigeante sur la question rwandaise.
Le Journal