Actuellement, le changement de la Constitution en vigueur de la RDC n’incarne aucune vision pour la satisfaction de l’intérêt général du peuple congolais.
C’est juste un mécanisme frauduleux qui consiste pour l’actuel régime à assurer sa survie politique en s’éternisant au pouvoir au-delà de ses deux mandats constitutionnels. Il s’agit de signer le prolongement des mandats du Président de la République.
Cependant, même si cette initiative pourrait être bonne, elle ne devrait pas être prise par un régime qui s’est distingué dans le mal caractérisé par les détournements perpétrés des deniers publics, le taux très élevé des chômages, la pollution fâcheuse du système éducatif, la dépravation du secteur de la justice, l’inflation sécuritaire et monétaire persistantes. Le moment et les acteurs sont mal choisis pour cette opération.
Si l’on pouvait être tolérant, c’est la révision constitutionnelle qui pourrait être envisagée sans toucher aux dispositions verrouillées de cette Constitution telles que tracées dans son article 220.
Aujourd’hui, les problèmes qui rongent cette République ne tirent nullement leurs origines de cette Constitution. Ce n’est pas la Constitution de 2006 qui vous bloque pour matérialiser votre promesse de rendre la RDC l’Allemagne de l’Afrique. Ce n’est pas cette Constitution qui autorise les détournements à ciel ouvert des deniers publics par les hommes forts de ce régime sans être inquiétés, ni sanctionnés sévèrement. Ce n’est pas cette Constitution qui permet à un Petit État comme le Rwanda de blaguer avec un Grand État comme la RDC en massacrant en répétition ses sujets sans aucun défensif proportionnel de la part du Grand Congo. Ce n’est pas cette Constitution qui bloque l’amélioration des conditions de vie des fonctionnaires de l’État. Ce n’est pas cette Constitution qui a installé et enraciné la corruption dans la quasi-totalité des institutions de la République. Ce n’est pas cette Constitution qui fait accroître chaque jour le taux des chômages dans ce pays. Ce n’est pas cette Constitution qui a rendu la Justice de ce pays malade.
La cause principale du blocage des choses dans ce pays pendant ce régime, c’est l’Homme politique congolais qui se fait passer pour incarnation même des anti-valeurs. En lieu et place d’envisager le changement de cette Constitution qu’on accuse à tort, les dirigeants congolais devraient commencer par changer leurs mentalités qui ne s’adaptent pas au sens élevé visant la satisfaction de l’intérêt général du peuple qui brûle dans la misère cruelle et interminable. C’est tout ce qui est nécessaire. Le changement de la Constitution qui donne naissance à une nouvelle République n’est pas une solution durable pour faire face aux multiples défis qui déstabilisent notre pays. A la limite, on serait d’accord avec vous pour une probable révision constitutionnelle, mais pas pour le changement de notre Constitution.
🚨Neyker TOKOLO POKOTOY, Chercheur en Droit administratif et constitutionnel, Journaliste Indépendant (Défenseur des droits humains) et Analyste politique.