La signature d’un Accord de principes le samedi 19 juillet 2025, entre le gouvernement congolais et le M23, à Doha marque une étape diplomatique majeure dans le processus de paix en République démocratique du Congo, se réjouissent maints analystes. Mais qu’est ce qu’on peut en retenir et entrevoir ? Coup de projecteur sur les axes principaux d’une entente obtenue entre les deux parties, après trois mois des discussions sur des prétentions diamétralement opposées des uns et des autres.
LES ARTICULATIONS DE L’ACCORD DE PRINCIPES – Cessez-le-feu permanent : Les deux parties s’engagent à mettre fin aux hostilités, y compris les attaques militaires et la propagande haine. – Restauration de l’autorité de l’État : Une feuille de route est prévue pour rétablir les institutions congolaises dans les zones occupées. – Retour des déplacés : L’accord prévoit un retour volontaire et digne des réfugiés, en coordination avec les pays d’accueil et le HCR. – Libération des détenus : Un mécanisme supervisé par le CICR permettra la libération de prisonniers identifiés par les deux camps. – Engagement international : Le Qatar, les États-Unis et l’Union africaine sont salués pour leur rôle de médiation et de soutien.
QUELLES PERSPECTIVES POUR LA SUITE ? – Application immédiate : Les dispositions doivent être mises en œuvre d’ici le 29 juillet 2025. – Négociations formelles : Un accord de paix global est attendu au plus tard le 18 août, avec des pourparlers qui débuteront le 8 août. – Retrait du M23 : Kinshasa insiste sur un retrait immédiat et sans condition des zones occupées, ce qui reste un point sensible. – Défis à venir : La mise en œuvre sur le terrain, la confiance entre les parties, et le respect des engagements seront les véritables tests. À tout considérer, ce tournant pourrait amorcer une désescalade durable et pourquoi pas définitive dans la partie Est du pays, mais tout dépendra de la volonté politique et du respect des engagements, selon certains analystes politiques du pays qui, eux, estiment que la mise en œuvre de cet accord pourrait se heurter à plusieurs obstacles majeurs, malgré l’élan diplomatique de Doha.
LES PRINCIPAUX DÉFIS IDENTIFIÉS DE L’ACCORD Acteurs armés non-signataires dont les groupes Wazalendo, non parties à l’accord, et qui restent très actifs dans le Nord et le Sud-Kivu. Leur hostilité pourrait compromettre le cessez-le-feu. Il y a aussi le risque de provocations suivi des affrontements sporadiques entre les FARDC, le M23 et les groupes tiers qui pourraient raviver les tensions.
LE MANQUE DE CONFIANCE MUTUELLE L’épine dans le pied de l’accord reste le manque de confiance mutuelle entre les parties, sur fond de suspicion persistante comme on l’a vu dernièrement. Le M23 accuse Kinshasa de préparer des offensives militaires, notamment depuis le Burundi. Il y a aussi les préconditions non satisfaites du M23, telle sa réclamation de l’abrogation d’une résolution parlementaire interdisant tout dialogue avec lui.
UNE COORDINATION DIPLOMATIQUE COMPLEXE La multiplicité des médiateurs : Doha, Washington, l’Union africaine risquerait d’être une pesanteur difficile à gérer dès lors qu’il faudra harmoniser toutes ces initiatives pour éviter les chevauchements. L’influence régionale reste à suivre de près quand on sait que le rôle du Rwanda, perçu comme soutien du M23, demeure un facteur déterminant.
DEPLOYEMENT DE L’ÉTAT CONGOLAIS La restauration de l’autorité a tout son sens dans la suite des événements, à travers la réinstallation des institutions dans les zones libérées. Une opération qui exige des moyens logistiques et humains considérables. La sécurité des civils se présente également comme une préoccupation majeure pour garantir la protection des populations déplacées et leur retour en toute sécurité, quand bien même, la pression du calendrier pèse lourdement sur les délais serrés. En effet, l’accord prévoit une mise en œuvre avant le 29 juillet et des négociations finales dès le 8 août. De ce point de vue, tout retard pourrait fragiliser le processus. En somme, la réussite de cet accord dépendra de la capacité des parties à transformer les engagements en actes concrets, tout en gérant les tensions sur le terrain. L’avenir nous fixera.
Ce qu’ils ont dit…
Patrick Muyaya Katembwe : “Cet objectif répond à l’aspiration profonde du chef de l’État Félix Tshisekedi” Sitôt la déclaration de principes signée à Doha entre le gouvernement de la RDC et le groupe rebelle M23/AFC, Patrick Muyaya, le ministre de la Communication et Médias, a publié sur son compte X que cette déclaration de principes se fonde sur le respect strict de la constitution de la RDC, les chartes des Nations unies et de l’union Africaine, le droit international et les résolutions du Conseil de Sécurité des Nations Unies, notamment le retrait non négociable du M23/AFC des parties occupées, suivi du déploiement de nos institutions : FARDC, PNC, Justice et Administration. Muyaya a également noté que la déclaration contient plusieurs engagements clairs en faveur de la paix, de la protection des civils et de la souveraineté nationale, elle ouvre la voie à un accord global devant est conclu dans les prochains jours afin de mettre fin durablement au conflit dans l’Est de la RDC. Pour le porte-parole du gouvernement, cet objectif répond à l’aspiration profonde du président de la République Félix Antoine Tshisekedi, de restaurer la paix dans l’Est du pays.
Thérèse Kayikwamba Wagner : “C’est un pas dans la bonne direction”
Thérèse Kayikwamba Wagner
“Je pense que c’est un pas très important. Nous sommes dans une logique d’une recherche de la solution durable et définitive à la problématique qui persiste à l’Est du pays”.