Foi de Christian Bosembe !: “La liberté sans sécurité n’est qu’un masque de mort” !

 Foi de Christian Bosembe !: “La liberté sans sécurité n’est qu’un masque de mort” !

Le président du CSAC est d’avis que la paix, la véritable paix, exige que l’on sacrifie un peu d’orgueil sur l’autel du bien commun. Pour Bosembe, nul ne doit se servir de la liberté d’expression comme d’un paravent pour l’irresponsabilité. Il s’est appuyé ainsi sur Thomas Hobbes, pour le soutenir dans son allocution prononcée à l’occasion de la journée dédiée à la liberté de la presse. Un discours qui fera longtemps date pour la profondeur de son contenu.

Au delà des commentaires virulents émis par une certaine opinion sur fond d’une lecture sectorielle de l’allocution de Christian Bosembe, il est néanmoins important de retenir que le président du CSAC a marqué les esprits pour le caractère interpellateur et pédagogique de son message. “Le cadre et le moment y étaient favorables”, a confié un invité à la manifestation. Surtout quand Bosembe a déclaré n’être ni censeur, ni tyran et qu’il ne brandit pas le bâillon, ni ne tient pas le fouet. Mais il est sûr d’une chose ; un pays sans ordre et sans discipline est un navire sans boussole. Bosembe a tapé dans le mille en rappelant que nous vivons une époque où l’information devient aussi stratégique que les armes et que ce qui a radicalement changé, ces dernières années, c’est la manière dont l’information se diffuse et se manipule. L’essor de l’intelligence artificielle transforme la façon dont l’information est produite, consommée et partagée. Chaque citoyen est désormais un producteur potentiel de contenu. Si cela ouvre des opportunités, ça soulève aussi de graves défis, a martelé Christian Bosembe en précisant qu’en temps de guerre, ce défi prend une autre dimension, dès lors que la propagande numérique amplifiée par l’IA devient une arme. D’où, réguler l’information n’est pas seulement une affaire technique : c’est une responsabilité collective, car protéger la vérité, c’est protéger la démocratie, a-t-il avoué.
Comme les deepfakes ou les bots diffusent les récits falsifiés à une vitesse inédite et leurs contenus n’ont pas besoin de validation journalistique : ils frappent les esprits et modèlent l’opinion, il y a lieu que le journaliste reste éveillé, parce qu’il n’est plus seulement question de rapporter les faits, mais aussi de lutter contre l’illusion de vérité étant donné que la désinformation s’avère un vecteur de déstabilisation. Ses mots deviennent assez significatifs quand il se demande : « Quelle étrange perversion de l’esprit faut-il pour prétendre aimer sa patrie tout en caressant les desseins de ses bourreaux ? Il semble que seuls certains fils de ce pays aient réussi là où même Satan a échoué : faire cohabiter l’amour de la patrie avec la trahison, marier le paradis à l’enfer dans une même poitrine, sans honte ni frisson. Quand un journaliste publie une information sans en vérifier la source, quand il relaye une vidéo qui semble authentique mais qui est en réalité manipulée, n’est-il pas responsable de contribuer à une réalité faussée ? Est-ce cela, la liberté d’expression ? Quand toute une rédaction s’arroge le droit de diffuser, de commenter, parfois même de savourer une vidéo où nos vaillants soldats, les FARDC, apparaissent en difficulté, est-ce encore de l’information ou déjà de la trahison ? Et quand, dans la même émission, on célèbre – à mots à peine voilés- les avancées des terroristes, ces journalistes ont-ils seulement conscience du poids de leurs mots ? Mesurent-ils que derrière chaque mètre gagné par l’ennemi, ce sont des vies arrachées, des libertés piétinées, des droits effacés comme des traces dans la poussière ? Ont-ils oublié que lorsqu’un village tombe, il n’emporte pas que des cases ou des collines : il emporte des existences, des rêves en germination, des destins en devenir, des talents que le pays ne reverra plus ? Ce sont des familles disloquées, des enfants qui grandissent dans le fracas des armes, des espoirs qui fuient comme le vent entre les doigts ? ».
Dans ces conditions, il ne s’agit plus de liberté d’expression, mais plutôt d’une complicité déguisée, d’une parole qui, au lieu d’éclairer, enfonce un peu plus le pays dans la nuit, enfonce Bosembe convaincu qu’aucun micro, aucun plateau, aucune éthique professionnelle ne saurait justifier une telle dérive, tout soutenant ne pas réclamer des muselières en soie fine, ni demander que l’on se taise, mais que l’on pense, que l’on pèse et que l’on vérifie.
Il le dit en notant que le journaliste n’est pas un simple écho, mais il est vigie, celui qui éclaire, filtre et décrypte. Les choses étant ainsi vues, Bosembe estime que mal informer, c’est trahir. “La plume peut être aussi destructrice qu’une arme », rappelle-t-il en soulignant que « la liberté, si belle soit-elle, n’est pas licence, elle exige la responsabilité ».
De là, demander à chaque journaliste de prendre la mesure de sa responsabilité, il n’y a qu’un petit pas vite franchi par le président du CSAC, dans la mesure où, nous n’avons pas deux pays, mais nous n’en avons qu’un seul. Et s’il venait à sombrer, ce ne serait pas à un seul homme, d’en payer seul le prix. Ce serait nous tous sans exception.

Laurent BUADI

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