Par un communiqué officiel du 08 mai 2024, Mme Antoinette N’Samba Kalambayi met à nu ce qui se cache derrière les attaques nourries de l’armée rwandaise et du M23 qui se sont terminées par l’occupation du territoire de Rubaya, dans le Nord-Kivu.
A la base, signale le communiqué, les périmètres de l’ancien Permis d’Exploitation 4731 qui a été retiré par Arrêté Ministériel du 14 juin 2023 en faveur du domaine de l’Etat. Malgré ce retrait, une intense exploitation minière artisanale a continué son bonhomme de chemin. Opérée par les populations locales et autres autochtones de Rubaya. Les minerais extraits, eux, prenaient le chemin de Goma mais n’étaient pas vendus parce que non tagués par le système de traçabilité pour leur origine douteuse et illicite.
Pour contourner cet obstacle, les vendeurs de ces minerais ont choisi de les vendre à Rubaya et Mushake où le M23 avait érigé un immense entrepôt, et de Mushake les minerais prenaient la route du Kigali et de Kampala pour traitement et exportation. Aussi curieux que cela puisse paraitre, les mêmes produits issus de la voie illégale vont se retrouver tagués comme par miracle, et normalement vendus à l’international.
A croire que le Rwanda et l’Ouganda sont équipés de blanchisseries des minerais du sang.
LE HIC. Une fois mis au parfum de cette situation explosive, la ministre RD-congolaise des Mines, Antoinette N’Samba Kalambayi va autoriser une coopérative minière de la place de s’installer sur les sites artisanalement exploités dans le périmètre de l’ancien PE 4731 pour y fédérer tous les exploitants artisanaux avec l’assistance et sous l’encadrement du SAEMAPE et de la Division provinciale des Mines du Nord-Kivu.
Question de rétablir la traçabilité des flux des matières et canaliser toute la production dans le circuit officiel de commercialisation avec l’aide des entités de traitement agréés en attendant les dispositions spécifiques à prendre sur le gisement concerné.
Informé une fois de cette démarche de Kinshasa qui lui coupe l’herbe sous les pieds, le Rwanda via le M23, va intensifier des attaques contre Rubaya qui est actuellement sous contrôle de l’armée rwandaise. Le comble, M23 y a tenu une réunion avec tout ce qu’il y a en termes de creuseurs et de négociants pour les autoriser à poursuivre leur exploitation artisanale. C’est ainsi que la contrebande a repris ses marques.
Bien sûr, à l’avantage du Rwanda où, du reste, ont été transférés tous les minerais saisis dans les comptoirs congolais. Une taxe unique a été également instaurée à hauteur de 3000 USD la tonne de coltan et 2000 USD la tonne de cassitérite. Le paiement se faisant à Kigali.
Antoinette N’Samba Kalambayi, à l’arrivée, plaide pour qu’un embargo soit décrété à l’encontre du Rwanda de façon à contrecarrer le financement de conflits armés par les minerais.
Laurent BUADI