Silence, abus, réformes : Léon XIV face aux démons de l’Église

 Silence, abus, réformes : Léon XIV face aux démons de l’Église

Christian Tandu

Il s’appelle Léon XIV. Il est le premier pape américain, le premier Augustin à monter sur le trône de Pierre, et sans doute l’un des plus inattendus de l’histoire récente de l’Église catholique. Son élection, saluée par certains comme un souffle nouveau, réveille aussi les fantômes que l’Église peine à exorciser : scandales d’abus, divisions internes, perte de crédibilité morale. Et si le combat de Léon XIV ne faisait que commencer ?

Un visage neuf… mais pas naïf
Né à Chicago, missionnaire au Pérou, multilingue, multiculturel, Robert Francis Prevost coche toutes les cases du pape « global ». Il connaît la réalité du terrain, loin des salons feutrés du Vatican. Surnommé le « pasteur des périphéries », il a évangélisé dans la boue et accompagné les pauvres dans les bidonvilles de Chiclayo. C’est là qu’il a appris à parler vrai. Et c’est ce parler vrai que le monde attend désormais de lui.

Lourd héritage, nom symbolique
En prenant le nom de Léon XIV, il se place dans les pas de Léon XIII, pape social, voix prophétique du monde ouvrier. Un signal fort : ce pontificat sera politique, engagé, enraciné dans la justice sociale. Mais un nom ne suffit pas. Il faudra des actes, clairs, tranchés, crédibles.

Synodalité ou confusion ?
Comme François avant lui, Léon XIV parle de synodalité, ce mot devenu drapeau, parfois fourre-tout. Il veut une Église qui écoute, qui partage, qui marche ensemble. Mais jusqu’où ? Les débats brûlants (diaconat féminin, LGBTQ+, morale sexuelle) divisent déjà cardinaux, fidèles, et communautés entières. Pour certains, cette ouverture est un souffle d’Esprit. Pour d’autres, une dérive dangereuse. Le pape pourra-t-il trancher sans fracturer ?

Ni progressiste, ni conservateur : un funambule
Il refuse les étiquettes. Ni de gauche, ni de droite, Léon XIV entend gouverner par l’équilibre. Il défend les exclus, mais protège la doctrine. Il accueille, mais tient à la vérité. Cette posture de funambule lui vaut autant d’admirateurs que de critiques. Mais au Vatican, le centrisme est souvent une ligne de crête glissante.

Les démons du silence
Un dossier brûle déjà : les abus. Au Pérou, des groupes l’accusent d’avoir fermé les yeux sur certains cas lorsqu’il était évêque. Officiellement, il n’est pas mis en cause. Mais le doute plane. Et dans une Église encore marquée par des décennies d’omerta, chaque silence devient suspect. Léon XIV devra affronter ce démon avec une transparence totale. Sans cela, la confiance restera brisée.

L’Église en feu
Pendant ce temps, le monde s’effondre : guerre en Ukraine, famine au Sahel, crise climatique, montée des nationalismes. L’Église, affaiblie, divisée, souvent inaudible, doit retrouver sa voix. Et c’est Léon XIV qui devra la porter. Pas par de grandes encycliques, mais par des actes, des positions courageuses, des gestes radicaux.

Réformer ou disparaître
Les défis sont vertigineux. La chute des vocations, le rejet des jeunes, l’indifférence croissante en Occident… L’Église est à la croisée des chemins. Réformer, ou se fossiliser. Incarner l’Évangile, ou perdre sa raison d’être. Léon XIV le sait. Mais le pourra-t-il ? Le voudra-t-il ?

Le mystique face à la machine
Léon XIV est décrit comme un homme de prière, discret, humble. Un mystique. Mais face à la machine vaticane, lente, lourde, méfiante, il lui faudra aussi être stratège, meneur, et parfois guerrier. Un pape sans pouvoir ne réformera rien.

L’heure des choix
Il n’aura pas cent jours de grâce. Chaque mot, chaque nomination, chaque silence sera scruté. Il devra choisir : protéger l’image de l’Église, ou choisir la vérité coûte que coûte ? Pacifier les tensions, ou nommer les conflits ? Préserver l’institution, ou sauver la foi ?

Une chance, une dernière ?
Léon XIV n’est peut-être pas le pape idéal. Mais il est celui que l’Esprit a permis. Et peut-être, dans cette heure trouble, est-ce lui qu’il fallait. Un homme entre deux mondes, entre deux cultures, entre deux modèles d’Église. Un homme capable, peut-être, de jeter une lumière dans les ténèbres.

Chhristn TANDU
Ingénieur BTP

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