Ronny Jackson : L’Est de la RDC, une zone totalement non gouverné
De retour d’une tournée diplomatique qui l’a conduit en République démocratique du Congo et au Rwanda, le membre du Congrès américain et Envoyé spécial du président Donald Trump en Afrique centrale, Ronny Jackson a livré, mardi 25 mars devant le Congrès, un constat alarmant sur la situation sécuritaire dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC).
Il a affirmé devant une commission de son institution que cette région est devenue une zone totalement non gouvernée, échappant au contrôle de Kinshasa.
L’Est du pays, un territoire qui échappe au contrôle de Kinshasa
S’exprimant devant ses collègues congressistes pour la restitution, Ronny Jackson a affirmé rencontrer les présidents des deux pays et s’est dit partagé entre encouragement et frustration. Il a ensuite noté que l’immense richesse en ressources naturelles de la RDC, qu’il évalue à des dizaines de milliers de milliards de dollars, pourrait faire du pays l’un des plus riches du monde. Cependant, l’instabilité chronique de l’Est empêche toute exploitation bénéfique pour la population.
« L’Est de la RDC est une zone totalement non gouvernée. C’est le ‘wild, wild east’ « , a-t-il déclaré, soulignant que l’État congolais n’a plus les moyens d’imposer son autorité.
Il estime que le gouvernement congolais n’est qu’un acteur parmi d’autres dans la lutte pour les ressources minières.
Des pays voisins au bas des accusés
Ronny Jackson accuse directement l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi d’exploiter illégalement les minerais congolais. « Tout le monde le fait, et il n’y a rien pour les arrêter », a-t-il affirmé avant d’evopuer le M23 est un mouvement rebelle actif dans l’Est du pays.
Il estime que le groupe opère sans réelle opposition, même sans le soutien actif du Rwanda.
« Les FARDC ne combattent même pas. Elles fuient ou, dans certains cas, rejoignent le M23 », a-t-il précisé.
M23, certains combattants non congolais
Devant sa commission, le congressiste américain évoque aussi un problème d’intégration politique et sociale en RDC. A ce point, Ronny Jackson soutient qu’une partie des combattants du M23 ne sont pas reconnus comme citoyens congolais, ce qui alimente les tensions. Il appelle ainsi à leur reconnaissance et à leur inclusion dans la société congolaise.
« Tous doivent être traités comme citoyens congolais avec tous les droits qui y sont liés », propose-t-il, en allant même plus loin de suggérer que les membres du M23 pourraient être intégrés dans les forces armées congolaises pour défendre le pays plutôt que de le combattre.
Tshisekedi et Kagame dans une crise diplomatique
L’envoyé spécial de Trump précise qu’un autre obstacle majeur, est l’animosité personnelle entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame. Il estime que cette rivalité empêche toute solution diplomatique durable.
« Ils ne peuvent pas s’entendre. À un moment, il faut mettre les différends personnels de côté », martele-t-il.
Proposition de partage des minerais
Selon Ronny propose, pour stabiliser la région, un partage des richesses minières entre les pays voisins à travers le raffinage des minerais dans plusieurs États.
« Si chacun peut y trouver un intérêt, alors chacun aura une raison de garantir la sécurité », propose-t-il.
Climat d’affaires désastreux
Concernant l’économie congolaise, Ronny Jackson a dénoncé un climat d’affaires désastreux, empêchant les investissements étrangers. Il consolide ses propos en citant l’exemple d’une entreprise suisse valorisée à 18 milliards de dollars, qui aurait reçu une facture fiscale de 80 milliards en RDC. Après contestation, la somme aurait été réduite à 1 milliard, soit des centaines de fois leur bénéfice annuel.
Il dénonce également la corruption, la manipulation des taux de change, et une justice arbitraire qui dissuade les investisseurs occidentaux.
« Les Chinois peuvent se permettre de payer les pots-de-vin, ce que les entreprises américaines ne peuvent pas faire », dénonce-t-il, avant d’accuser certains membres du gouvernement congolais et leurs familles d’amasser des fortunes colossales pendant que la population continue de souffrir dans la misère.
L’urgence d’un règlement politique, militaire et économique de la crise
Après avoir brossé ce constat sombre, l’américain Ronny Jackson appelle à une approche globale pour résoudre la crise congolaise. Pour lui, la solution n’est pas encore claire :
« Je ne sais pas encore quelle est la solution, mais tant qu’on ne règle pas ces problèmes, le reste ne comptera pas », admet-il.
Pour conclure, Ronny a souligné une fois de plus l’urgence d’un règlement politique, militaire et économique de la crise qui frappe l’Est de la RDC, une région où la guerre, les intérêts étrangers et l’instabilité continuent d’empêcher tout développement durable.
Gel Boumbe
