RDC : Débat sur la véritable stabilité économique : Aimé Lambala remet en question les affirmations du VPM Daniel Mukoko

Lors d’un briefing de presse tenu le 14 mars 2025, le Vice-Premier ministre et ministre de l’Économie nationale, Daniel Mukoko, aux côtés du ministre de la Communication et des Médias, Patrick Muyaya, a tenté de rassurer sur la conjoncture économique de la République Démocratique du Congo (RDC), en dépit des défis liés à la guerre dans l’Est du pays. Mukoko a mis en avant des indicateurs économiques qu’il qualifie de « positifs », tels que la stabilisation du franc congolais, la diminution de l’inflation comparée aux niveaux de 2024, et une augmentation significative des réserves internationales, qui s’élèveraient à 6,7 milliards de dollars.
Le VPM a également souligné des efforts gouvernementaux pour réduire les prix de neuf produits de première nécessité, y compris les carburants. Selon Mukoko, ces mesures témoignent des avancées vers une stabilité macroéconomique, même dans un contexte où certaines provinces, notamment du Nord et du Sud-Kivu, demeurent touchées par des conflits armés.
Cependant, cette vision optimiste du numéro deux du gouvernement congolais est contestée par un expert reconnu en hautes finances, Aimé Lambala. Ce dernier exprime un fort scepticisme quant aux déclarations du ministre. « Je ne partage pas son analyse, déclare Lambala. La stabilité du cadre macroéconomique en RDC est une illusion, sinon une hypothèse infondée. »
Lambala remet en question la définition même de la politique macroéconomique évoquée par Mukoko, la qualifiant d’« instable et peu prospère ». Il appelle à une analyse plus rigoureuse, intégrant des indicateurs tels que la croissance du PIB, le taux de chômage et des mesures concrètes en matière de politique macro prudentielle. Pour lui, aucune des promesses de création d’emplois ne semble sur le point de se réaliser, alors que le gouvernement s’appuie sur des bases macroéconomiques fragiles.
Il critique aussi la mise en avant de la stabilité du franc congolais, arguant que celle-ci est tributaire d’une dualité monétaire avec le dollar américain, ce qui compromet l’indépendance financière du pays. Lambala met également en avant que la perception de la faible inflation dans le pays est trompeuse ; il observe plutôt un choc de prix à la consommation, dû au manque de production locale.
Concernant les mesures de subvention, Lambala est catégorique : « La prétendue baisse des prix des produits de base n’a pas bénéficié aux ménages, mais bien aux importateurs », insinuant que ces ajustements seraient trop superficiels pour avoir un impact réel sur le pouvoir d’achat des Congolais.
Sur le plan financier, Lambala souligne que le modèle de financement du trésor, utilisant la monétisation de la dette, assèche le marché du crédit. Les investissements sont ainsi davantage dirigés vers le financement du trésor, au détriment des entreprises privées, limitant ainsi le potentiel de croissance de l’économie réelle. « Ce système crée une trappe à liquidité, ce qui aboutit à une raréfaction des crédits pour les entreprises », dit-il.
Au-delà des discours, l’expert appelle à une vraie transformation des politiques économiques pour garantir un avenir stable et prospère à la RDC, suggérant que l’optimisme affiché par le gouvernement devrait être fondé sur des résultats tangibles et une réelle stratégie de développement.
Ce débat met en lumière les divergences au sein du gouvernement et entre experts concernant la santé économique de la RDC, soulevant des interrogations profondes sur les choix de politiques en période de crise. Si Mukoko prône une vision optimiste, Lambala fait appel à une analyse plus empreinte de réalisme et pragmatisme dans un contexte difficile.
La Rédaction