Cela apparaîtra, pour d’aucuns, une histoire farfelue. Mais pourtant, c’est une histoire racontée par Marco Banguli lui-même dans les pages de son livre intitulé “Kinshasa, Mon village”, Mémoires d’un Kinois natif, originaire dont nous avons tiré les bonnes feuilles dépuis quelques éditions pour alimenter l’opinion avec des sujets capables de braquer un coup de projecteur sur certaines questions d’intérêt commun.
Cas de la problématique du Transport urbain qui pend à la cheville de la Ville de Kinshasa, comme un boulet, l’empêchant d’évoluer convenablement. Sans que de solutions alternatives ne viennent à être trouvées pour permettre à la capitale de prendre la vie du bon côté dans ce domaine précis. Tout ce qui a été entrepris jusqu’à ce jour pour résoudre le problème s’étant soldé par des échecs cuisants.
Nous avons, dans notre précédante livraison, montré comment Marco Banguli, soucieux d’apporter sa modeste contribution à ce problème, avait approché le Premier ministre Matata Ponyo à l’époque avec le Projet novateur d’une Tombola spéciale pour venir à bout du casse-tête nommé Transport urbain.
Séduit et convaincu par le projet, Matata avait mis sur pied une Commission des experts pour s’y pencher et Banguli sera invité plusieurs fois pour les échanges avec eux en vue d’expliquer les tenants et aboutissants du projet. Il était loin de penser qu’on le pressait comme l’orange pour en tirer le jus, il ne pouvait surtout pas s’imaginer que Matata nourrissait d’autres idées derrière sa tête. Mettre la main basse sur le projet et s’en approprier la paternité sous une autre forme.
C’est pourtant, ce qui est arrivé au grand regret de Banguli qui n’a eu que ses yeux pour pleurer. Ci-dessous, les détails de la rocambolesque arnaque du siècle…
“Afin de pouvoir amorcer la phase finale qui va consister dans l’élaboration d’un Business Plan Opérationnel pour la mise en place du projet, les promoteurs attendent du Gouvernement, sa position sur le Cadre juridique et la Structure de la Société à créer, ainsi que la forme du Capital social”, se remémore Banguli qui révèle que tous les participants sont convaincus de l’opportunité du projet, et il est reçu par le Premier ministre Matata qui lui confirme son intérêt à la réalisation du projet.
Dans la suite, Banguli ajoute qu’au vu de l’impact du projet sur la population kinoise et la politique du Président Joseph Kabila, il va approcher et présenter le projet à Henry Yav, Directeur adjoint du Cabinet du chef de l’Etat qui sera nommé ministre des Finances plus tard, et à Moïse Ekanga en charge des Grands Travaux. “Tous les deux expriment leur enthousiasme pour le projet”, se souvient Banguli.
Mais à sa grande surprise, en 2014, le Gouvernement le contourne pour créer “Esprit de Vie”: des Mini-Bus achétés entièrement a charge du Trésor Public et mis à la disposition de quelques exploitants privés choisis sur fond de clientélisme politique.
“La suite de l’histoire est connue: l’initiative n’était que de la poudre aux yeux, éphemère, puisque les exploitants n’ont pas été à même de respecter le schéma convenu pour le relboursement à l’Etat de la valeur des véhicules reçus en prêt pour le Transport urbain. Quelle perte pour le Trésor, mais cela n’est pas sans intérêts pour leurs promoteurs. De l’arnaque.”, se désole Banguli en précisant que depuis, les portes de la Primature lui étaient fermées, et le Projet Tombola classé dans les tiroirs.
“Ce projet connaitra ainsi le même sort jadis lui réservé, 10 ans auparavant par le Gouverneur de la BCC Jean-Claude Masangu auprès de qui le Président Joseph Kabila m’avait recommandé en 2004”, regrette Banguli non sans avoir souligné qu’en créant “Esprit de Vie”, après avoir pris connaissance de son projet Tombola et l’avoir contourné, le Gouvernement l’a plagié.
En Droit des affaires, note-t-il, c’est un vol de propriété intellectuelle, en ajoutant que c’est un gaspillage de ressources du Trésor parce que non seulement, la dépense “Esprit de Vie” n’était pas prévue dans la loi Financière, mais en plus, le Projet Tombola aurait été bénéfique pour le Trésor avec des avantages économiques durables.
Laurent BUADI