Le dossier sur les causes profondes du conflit armé qui déchire la RDC du Rwanda a occupé une place de choix à la récente séance plénière du Conseil de sécurité des Nations Unies à travers un débat houleux entre les représentants de ces deux pays voisins.
Comme à ses habitudes, le Rwanda à travers son représentant, a distillé des contre-vérités sur les causes profondes du conflit qui met à mal, la quiétude entre son pays et la RDC. Une forfaiture que le représentant de la RDC n’a pas voulu laissé passer et l’a balayé d’un revers de la main.
“Je voudrais rassurer le Conseil que la RDC, pays épris de paix et respectueux des lois internationales et des valeurs de la Charte des Nations Unies, va continuer à contribuer de manière significative aux efforts de paix régionaux. La RDC ne se départira pas de sa vision et veillera à renforcer sa coopération économique et intégraliste avec seulement les partenaires sérieux et sincères pour un Grands Lacs gagnant, qui fait barrage à toutes formes de prédation éhontée.
En deux ou trois mots, je vais répondre à la confusion que le représentant du Rwanda vient de jeter dans l’esprit des membres du Conseil qui étaient pourtant bien éclairés tout à l’heure.
Parce que le représentant du Rwanda a amené dans le débat, les éléments non vérifiés qui peuvent s’apparenter au mensonge. Premièrement, s’agissant du génocide rwandais de 1995, parce qu’il a souligné que ce génocide a jeté ses conséquences sur le territoire de la RDC, je voudrais souligner un certain nombre d’éléments par rapport à cela.
Il est tout à fait vrai que le génocide rwandais a produit plus d’effets négatifs sur le territoire congolais que sur le territoire rwandais. Pour une raison simple : depuis que ce génocide a eu lieu au Rwanda, la RDC subit des massacres à répétition, des troupes rwandaises sur le territoire congolais.
Depuis lors, plus de 15 millions des Congolais sont morts, tandis que le génocide rwandais n’a occasionné que 800.000 morts. Et parmi ces morts, il n’y a que des Tutsis, il y a eu aussi des Hutus modérés et une troisième tribu qui était concernée par ce génocide.
Donc, il ne faut pas qu’on trompe l’opinion pour parler du génocide des Tutsis seulement. C’est le génocide rwandais. Deuxièmement, les causes profondes du conflit, puisqu’on en parle, si nous devons les remettre à la surface, il faut rentrer à ce génocide.
Et le génocide ne commence pas par le génocide. Le génocide a commencé par un assassinat. Assassinat du Président rwandais de l’époque qui s’appelait Habyarimana. C’est là qu’a commencé le génocide. Et qui a été à la base de cet assassinat ? Voilà les causes profondes du génocide. Posez-vous la question de savoir qui a tué le président rwandais ? C’était au Rwanda entre les Rwandais, et non en RDC.
C’est cela la cause du génocide.
Comment on fabrique les Wazalendo de demain ?
Permettez que je revienne sur une question dont j’ai entendu parler ici, au risque de contaminer les membres du Conseil. Les Wazalendo, parce qu’on en parle et on veut les assimiler à des forces négatives. Ça serait un mouvement très dangereux. Les Wazalendo sont les jeunes patriotes congolais qui ont soufferts des affres de la guerre. Et dont les parents ont été violées par les troupes rwandaises sur le territoire congolais et dont les parents ont été assassinés en leur présence.
Aujourd’hui, ils n’ont pour seul moyen de survie, que de protéger le territoire de leur pays. Vous avez suivi le rapport de OCHA tout à l’heure. Combien d’enfants sont jetés dans la rue dans les Territoires de Nyirangongo, Rutshuru et Masisi ? On est en train de préparer les Wazalendo de demain. Ces enfants deviendront des Wazalendo demain et il ne faut pas les traiter de forces négatives. Ça serait malhonnête de considérer que les personnes victimes d’une agression qui se défendent soient traitées de forces négatives. Ils ne sont pas un groupe armé”
Rétranscrit par Laurent BUADI
