Le nouvel immeuble de l’Inspection Générale des Finances (IGF), construit sur fonds propres par l’Inspecteur Général des Finances, Jules Alingete, et inauguré par le Président de la République, Félix Tshisekedi, le mardi 8 octobre dernier, a mis en lumière les égarements financiers de l’ancien Premier Ministre, Augustin Matata Ponyo, concernant la construction de l’Immeuble dit « intelligent », inauguré le 20 juillet 2015 par le Président Joseph Kabila.
Les agitations de Matata Ponyo corroborent les révélations de Scoop RDC, selon lesquelles « Jules Alingete a dénudé la surfacturation, non seulement de l’ancien Premier Ministre Matata Ponyo, mais aussi de tous les autres mandataires de l’État qui abusent des deniers publics ». Alors que la comparaison des fonds alloués pour les deux immeubles est faite par des experts indépendants en bâtiments et travaux publics, Matata Ponyo a préféré organiser une conférence de presse pour se décharger sur l’IGF Jules Alingete, qui ne l’avait ni mentionné ni cité lors de la cérémonie d’inauguration.
« Vous ne pouvez pas comparer un immeuble dans lequel se trouvent plusieurs ministères, le bureau du Président de la République, et le bureau du Premier Ministre à un petit immeuble dans la périphérie conçu pour la recherche de la gloire », a-t-il invectivé, alors que l’IGF chef de service n’a jamais comparé son immeuble à celui de personne.
Si Matata Ponyo est fier que les journalistes aient surnommé son ouvrage « immeuble intelligent », pourquoi n’accepte-t-il pas que ces mêmes journalistes comparent les chiffres engagés dans les deux constructions ? Si Alingete avait eu le même montant dépensé par Matata, il aurait construit 6 à 7 voire 10 immeubles du type IGF.
En termes de localisation, les deux immeubles sont érigés dans la commune de la Gombe, peu importe l’emplacement. Quant à l’appel d’offre, l’ancien Premier Ministre sait que c’est la Direction Générale des Marchés Publics (DCGMP) qui avait validé cet appel d’offre suivant la procédure normale de passation de marchés.
Jules Alingete, économiste de l’Unikin et de la même promotion que Matata Ponyo, cite avec exactitude le montant de 8 647 580,32 USD qu’a réellement coûté le nouvel édifice de l’IGF, meublé de 8 niveaux plus rez-de-chaussée et disposant de 250 bureaux, 5 salles de réunion de 50 places chacune, une salle de conférence de 300 places, 60 toilettes, 5 cafétérias de 30 places chacune, un restaurant de 80 places, 4 ascenseurs, 50 caméras de surveillance et un équipement anti-incendie et détecteur de feux. Matata Ponyo, quant à lui, balbutie sur le coût réel de l’Immeuble dit « intelligent », initialement prévu à 26 millions USD, mais ayant coûté plus tard au trésor public 41 700 455 USD, puis finalement 87 millions USD.
Comparaison faite, les 87 millions USD auraient permis à Jules Alingete de construire 10 immeubles de niveau 8+R bien équipés, offrant au total 80 niveaux, contrairement aux 9 niveaux de l’immeuble de Matata Ponyo. « Matata Ponyo devrait avoir honte de ce qu’il a fait avec 87 millions USD pour l’immeuble du Gouvernement. L’Immeuble IGF est bâti sur 8 000 m² pour 8,4 millions USD, soit 1 080 USD au mètre carré. L’Immeuble intelligent à 87 millions USD bâti sur 21 000 m² a coûté 4 150 USD au mètre carré. Surfacturation par 4. Qui a fait mieux entre ces deux anciens de l’Unikin sortis d’une même promotion ? », se révolte un expert en bâtiment et travaux publics.
Un article de Zoom Eco du 5 septembre 2018 démontre que « l’intelligence attribuée à l’immeuble du gouvernement est quasi-inexistante ». Les analystes de la Fondation Entreprendre notent qu’aucune donnée n’est automatiquement collectée dans l’immeuble intelligent, tout est manuel, et les performances environnementales sont très faibles.
Jules Alingete a prouvé qu’en sa qualité de gendarme financier, il doit prêcher par l’exemple de bonne gestion. Il a construit l’Immeuble de l’IGF baptisé « Etienne Tshisekedi » avec une partie des frais de fonctionnement économisés mensuellement en quatre ans. C’est une prouesse d’un vrai économiste, n’en déplaise à l’ancien Premier Ministre, son collègue de promotion.
Didier Mbongomingi/CP