Heurs et malheurs de Joseph Kabila

En ce moment précis, le sort de Joseph Kabila, l’ancien président de la RDC doublé de sénateur à vie n’est pas des plus enviables. Après avoir connu des moments calmes après avoir quitté le pouvoir au début de l’année 2019 avant de quitter le pays en 2023 en catimini pour raison d’études supérieures en Afrique du Sud, Joseph Kabila vit actuellement les jours sombres de sa période post-pouvoir, Se voyant rejeté par la majorité de la population, il est devenu la bête noire du pouvoir en place qui l’a dépouillé de ses attributs dont les avantages liées à son statut d’ancien président de la République sur demande de la La justice militaire qui a affirmé au Sénat avoir rassemblé “un faisceau de preuves”, sous le coup du secret de l’instruction.
Un des principaux éléments exposés ayant été un témoignage attestant que Joseph Kabila a tenu une conversation téléphonique avec un haut responsable du M23 autour d’un éventuel plan orchestré par le Rwanda Un des principaux éléments exposés est un témoignage attestant que Joseph Kabila a tenu une conversation téléphonique avec un haut responsable du M23 au sujet d’un plan orchestré par le Rwanda pour assassiner le président de la RDC, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo.
Kabila est ainsi accusé de trahison, participation à un mouvement insurrectionnel, participation à des crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
il a vu ses immunités levées par le Sénat, se trouvant désormais dans le viseur de la justice. Il voit ainsi s’éloigner la perspective de fouler ses pieds dans la capitale au risque de se retrouver pris au piège. Les activités de son parti politique, le PPRD, sont suspendues. Ses collaborateurs n’ont plus voix au chapitre, des perquisitions sont opérées dans leurs propriétés… Depuis que le président de la République l’avait accusé comme étant le patron du M23 et de l’AFC de Naanga, un vent glacial avait immédiatement soufflé sur sa personne, sur les siens et ses biens.
S’il est vrai que ses proches lieutenants et sympathisants avaient crié à l’acharnement et traité Tshisekedi de tous les noms en disant ne pas voir leur mentor jouer ce genre de rôle, le soutenant vivement en faisant des déclarations incendiaires dans les médias et les réseaux sociaux pendant que certains d’entre eux rejoignaient la rébellion non sans tintamarre, il est aussi vrai que cette euphorie soudaine avait soulevé des suscipicions.
Surtout quand au lendemain de la levée de son immunité parlementaire, Kabila avait en toute clandestinité, dénoncé la “dictature” du pouvoir en place et annoncé au mois d’avril 2025, qu’il sera “dans les prochains jours” en RDC, à partir de la partie orientale du pays, cela a été perçu comme une provocation par les tenants du pouvoir, surtout qu’il avait ensuite lié la parole à l’acte en rejoignant la ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, une bourgade tenue par le groupe armé M23 et l’AFC. Il n’y avait plus de doute possible. L’homme et les deux groupes armés filaient le grand amour, avaient chuchoté d’aucuns.
Ce retour au pays n’a pas été pourtant ponctué d’une quelconque apparition publique ou une déclaration pour attester qu’il se trouvait dans ce territoire occupé. Du coup, des ragots en tous genres ont fait les choux gras des réseaux sociaux. C’était difficile de soutenir sa présence sans que nul ne l’ait pourtant vu, à part des rumeurs. Dans cette ambiance de doute, Kabila va disparaitre de Goma sur la pointe des pieds pour un retour incognito comme il était venu. Ses proches vont trouver là, une occasion pour se défouler sur les dirigeants du pays.
”Suite à une simple rumeur de la rue ou des réseaux sociaux sur ma prétendue présence à Goma, où je vais me rendre dans les prochains jours comme annoncé par ailleurs, le régime en place à Kinshasa a pris des décisions arbitraires”, va-t-il laisser entendre par la suite, d’une façon tapageuse via un discours enregistré, soulignant que la dictature doit prendre fin et qu’il nourrissait des ambitions de participer au changement.
Dans cet imbroglio, Kabila va de nouveau fouler le sol de Goma, le plus officiellement du monde, venant de Kigali escorté par des militaires ayant tout de Rwandais. Les images font le tour de la toile. Le programme de son séjour gomatracien va être rendu public avec des points saillants tels que la visite de Rumangabo avec les têtes couronnées du tandem M23/AFC, avant d’enchaîner avec des consultations avec les forces vives de la province.
Par la suite, il va de nouveau disparaitre des radars créant un vide difficile à cerner autour de sa personne. Au moment où l’on s’y attendait le moins, sur fond de l’intrigue entourant la disparition de Paul Kagame de la circulation, avec en toile de fond le dossier lié à l’accord de paix entre la RDC et le Rwanda, sur instigation des États Unis d’Amérique avec en parallèle, des discussions à Doha, au Qatar entre les délégués du gouvernement et ceux du M23, où Kabila n’est impliqué ni de loin, ni de près. Il va de nouveau surgir, cette fois-ci, à Bukavu pour entreprendre ses consultations avec les compatriotes de cette contrée.
Bien malin celui qui peut prétendre savoir à quoi serviront les résultats de ces consultations. Entre-temps, l’accord de paix de Washington est, lui, signé le 27 juin 2025 entre les ministres des Affaires étrangères de la RDC et du Rwanda. Il ne donne pas trop de manœuvre au tandem M23/AFC, au point de semer le doute sur l’avenir radieux de ces deux mouvements rebelles et leur mentor JKK dans cette partie du pays où le sous-sol est convoité par Donald Trump et son administration pour un deal à conclure avec Kinshasa. Kabila n’a pas de mots tendres pour ce deal économique avec les États Unis et en a parlé avec véhémence, au point de se voir tirer les oreilles par Félix Tshisekedi.
Laurent BUADI
