A l’occasion de la célébration du 62 ème anniversaire de l’indépendance de la République Démocratique du Congo, un collectif d’intellectuels a appelé le Dr Denis Mukwege à se lancer dans la course à la magistrature suprême.
Mettant en avant son envergure internationale, sa vision de grandeur et de dignité pour le pays et sa moralité irréprochable, ces intellectuels dont des Professeurs d’Universités ont invité le Prix Nobel de la Paix à rejoindre l’arène politique en se présentant à la prochaine élection présidentielle. Jusque-là, « l’homme qui répare les femmes » n’a pas réagi à cette demande. Pareil avec son entourage, qui insiste sur le fait que le Dr Denis Mukwege « est un acteur apolitique, qui ne cache pas son souci de voir son pays se redresser .»
Le 62 ème anniversaire de l’indépendance de la RDC a été marqué par un fait atypique, qui risque de bouleverser les vérités préconçues de la scène politique congolaise.
Un appel à candidature a été lancé à l’intention du docteur Denis Mukwege par un collectif d’intellectuels congolais, qui pensent qu’il est doté d’atouts pour diriger la République Démocratique du Congo.
Dans un mémo intitulé « Appel du 30 juin 2022 », une synergie des professeurs et autres intellectuels a placé le Prix Nobel de la Paix au centre de l’avenir politique du pays.
Considérant la RDC comme « un navire sans capitaine en pleine mer agitée », ces cadres et enseignant d’université n’ont pas hésité de jeter le dévolu sur le gynécologue congolais, pour pouvoir le piloter dans la direction des aspirations du peuple.
« Aujourd’hui, il est incontestablement établi que vous êtes l’homme qu’il nous faut à la fonction de Président de la République Démocratique du Congo. C’est avec vous que nous, Congolaises et Congolais, aimerions retrouver la splendeur de notre pays, rétablir son lustre et son prestige, recouvrer sa souveraineté et sa respectabilité, assurer la paix et une prospérité partagée. Bref rejoindre sa vocation et son destin de grandeur », peut-on lire dans ce document solennel, signé par neuf universitaires, dont cinq professeurs.
Pour eux, la notoriété internationale ainsi que le charisme naturel du Prix Nobel de la paix le place au plus haut sommet de la considération, si bien qu’il ne mérite pas moins que la magistrature suprême.
« Nous avons besoin d’une personne d’envergure internationale, à la carrure d’un Chef d’Etat, à la probité morale reconnue, résolue, ayant une vision de grandeur et de dignité pour notre pays et aimant passionnément les Congolais», lui ont-ils fait savoir.
Mordra-t-il finalement à l’hameçon ?
Le Dr Denis Mukwege a toujours critiqué la politique congolaise, de Joseph Kabila à Félix Tshisekedi. Il ne rate jamais la moindre occasion pour décrier ses effets sur le vécu quotidien de la population.
Pour lui, le système politique congolais est à reconfigurer de manière à placer l’intérêt de l’humain au centre de toute action politique.
Ce brillant et bref message, extrait de l’un de ses discours, en dit long sur ses sentiments humanitaires et son idéologie refondateur :
« Au travail, peuple congolais ! Bâtissons un Etat où le gouvernement est au service de la population. Un Etat de droit, émergent, capable d’entraîner un développement durable et harmonieux, non seulement en RDC mais dans toute l’Afrique. Bâtissons un Etat où toutes les actions politiques, économiques et sociales sont centrées sur l’humain et où la dignité des citoyens est restaurée »
A travers ces lignes le Dr. Mukwege, jusqu’ici acteur apolitique, n’as pas caché son souci à voir son pays se redresser. Néanmoins, est-il enfin prêt à porter le tablier du leader politique que nombreux entrevoient à travers sa personne ?
Sa propre position tarde à sortir, mais ce collectif d’intellectuels engagés ne semblent pas lui donner trop de choix :
« Le moment est décisif. Nous avons l’opportunité soit d’accomplir notre mission de sauver le Congo, soit de la trahir en laissant notre pays à des mains inexpertes pour ne pas rappeler un champion de la liberté, Frantz Fanon. Or, pour parler comme Théodore Roosevelt, à pareilles circonstances, la meilleure chose que nous puissions faire c’est de prendre la bonne décision ; en second lieu, c’est de prendre la mauvaise décision et la pire des choses c’est de ne rien faire. »
Et en termes de proposition, ils ont été clairs :
« Levez-vous pour prendre la tête de ce peuple meurtri. Présentez-vous à l’élection présidentielle de 2023 que vous emporterez haut la main, parce que notre peuple qui vous appelle est celui qui vous élira », ont-ils assuré au Prix Nobel.
Reste à savoir ce qu’en pense le principal intéressé ! Ecoutera-t-il cet appel du pied du collectif d’intellectuels engagés pour se lancer dans une lutte politique, avec possibilité de faire front ouvert contre le système qu’il ne cesse de déplorer ?
Jusqu’ici, aucun indice ne donne cette possibilité imminente, mais l’on ne sait jamais.
JPK