Le Premier Ministre Jean-Michel Sama Lukonde a pris la parole le vendredi 09 décembre au 10ème sommet de l’Organisation des États d’Afrique, des Caraïbes et de Pacific à Luanda en Angola où il représente le Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo. Ce sommet a été axé sur le thème : Trois continents, trois océans, un destin commun : construire une OEACP résiliente et durable».
Devant des chefs d’Etats et de Gouvernement membres de cette organisation, de l’Union européenne et des Nations-Unies, le Premier Ministre Jean-Michel Sama Lukonde a non seulement condamné les actes d’instabilité perpétrés par des groupes armés et des mouvements terroristes en Afrique en général mais aussi et surtout en République Démocratique du Congo où le Rwanda apporte son soutien aux terroristes du M23. Sama Lukonde n’y est pas allé par le dos de la cuillère pour encore une fois dénoncer de vives voix cette agression rwandaise qui est aujourd’hui à la base d’une crise humanitaire dans cette partie du pays non sans compter des massacres des populations civiles dont le dernier cas en date est celui de Kishishe qui a causé plus de 200 morts.
Pour le Premier Ministre, l’instabilité de l’Afrique en général engendre des maux qui empêchent le continent à connaître le développement et à assurer le bien-être de ses populations. La République Démocratique du Congo figure donc parmi les pays les plus frappés par cette situation d’instabilité.
«Nous sommes venus d’abord parce que nous appartenons à cette communauté et partout, comme nous l’avions dit où nous pouvons porter notre voix, dans l’affirmation de notre présence diplomatique, nous pouvons le faire. Ici il était d’abord question d’une thématique claire : Trois continents et un destin commun pour une résilience forte. Dans le cadre de ces trois thématiques, il est ressorti clairement que le premier terme qui nous revient par rapport à ce destin commun, c’est la solidarité parce que nous faisons face à cette même réalité. La réalité sécuritaire que ça soit les Pays du Sahel comme les pays de l’Afrique australe. La réalité du changement climatique, avec le réchauffement climatique auquel nous faisons face ensemble et puis la réalité sanitaire avec la COVID-19. Dans le cadre de cette solidarité, nous sommes revenus sur les questions sécuritaires qui concernent la République Démocratique du Congo avec cette agression par le M23 soutenu par le Rwanda et la demande d’avoir le soutien au delà des mécanismes dans lesquels nous sommes déjà et que nous avons félicité et remercié. Le mécanisme que nous avons ici à Luanda et dans le cadre de l’EAC au Kenya et aussi avec l’appui de la République du Burundi qui a la présidence en exercice de l’EAC. Et donc nous avons adressé le message de remerciement sur la solidarité déjà affichée par ces pays mais nous voulons plus. Nous voulons aussi au niveau de l’Union européenne qu’au niveau des Nations-Unies, qu’il y ait ce soutien affiché de la même manière sur cette question de sécurité de l’Est. Surtout que nous faisons face à une situation humanitaire qui, aujourd’hui, doit être absolument soutenue» a déclaré le Chef du Gouvernement Congolais se confiant à la presse à l’issue de ces assises.
Le Premier Ministre au aussi réaffirmé la position de Pays solution qu’occupe la RDC en matière de lutte contre le réchauffement climatique et en a profité pour solliciter une compensation pour les populations qui vivent grâce aux forêts.
«Nous avons étendu la question face au changement climatique en insistant sur notre position en tant que Pays solution sur les questions du changement climatique et la solidarité qu’on doit avoir. Nous venons en solidarité au monde parce que nous apportons nos forêts, nos tourbières pour arriver à la décarbonation et amortir le réchauffement du climat de la terre. Mais au delà de ça, nous demandons une compensation pour les populations qui sont obligés de se priver de ces forêts dont elles vivent tout le jour. Et donc cette solidarité à avoir par rapport aux fonds qui devaient être mis à disposition des pays non pollueurs et qui contribuent au maintien de la température», a-t-il souligné.
Ci-dessous l’INTERVENTION DE SON EXCELLENCE MONSIEUR LE PREMIER MINISTRE JEAN MICHEL SAMA LUKONDE KYENGE AU SOMMET DE L’ORGANISATION DES ETATS D’AFRIQUE, DES CARAIBES ET DU PACIFIQUE
Excellence Monsieur le Président de la République d’Angola, hôte de la présente session,
Excellences Madame et Messieurs les Chefs d’État et de Gouvernement,
Excellences Mesdames et Messieurs les Chefs des délégations,
Mesdames et Messieurs en Vos titres et qualités respectifs,
Permettez-moi, au nom de Son Excellence Monsieur Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO, Président de la République Démocratique du Congo de remercier l’Angola, Pays hôte de ce Sommet pour l’accueil et les commodités dont ma délégation et moi-même sommes l’objet depuis notre arrivée en terre d’Angola.
L’Afrique vit depuis plus de 4 décennies une instabilité politique récurrente dues principalement aux crises successives d’accession aux indépendances mais aussi inhérentes à l’absence de leadership dans la gouvernance politique et démocratique.
Les foyers de tension, comme vous le savez, sont logés au Sahel avec BOKO HARAM, dans la Corne de l’Afrique avec l’introduction de l’islamisme violent par le SHEBAB et dans la région des Grands Lacs, notamment en République Démocratique du Congo avec des groupes terroristes tels que le M23, les islamistes violents des ADF/NALU ainsi que d’autres forces négatives.
Cette instabilité est à la base des maux qui empêchent ces parties de l’Afrique à connaitre le développement et à assurer le bien-être de ses populations. La République Démocratique du Congo figure parmi les pays les plus frappés.
Elle est devenue le théâtre des armés du monde dont certaines s’affrontent sur le territoire national créant ainsi la mort et la désolation parmi les populations civiles obligées à l’errance sans fin.
Face à cette situation, le Gouvernement congolais tout en s’engageant sur le terrain militaire pour défendre l’intégrité territoriale et la souveraineté du pays a développé une action diplomatique d’envergure sous l’autorité du Chef de l’État en vue de rassurer les dirigeants des pays limitrophes et à créer les conditions de restauration de la confiance mutuelle mais aussi à promouvoir une coopération bilatérale et régionale bénéfique à tous les peuples de la région. C’est dans cette logique que la RDC a adhéré le 19 avril 2022 à la Communauté des États de l’Afrique de l’Est.
Contre tout attente, un pays voisin, le Rwanda pour ne pas le citer, a opté de réveiller un groupe armé, le M23, pourtant défait en 2013, l’armant à nouveau pour agresser le Congo dans sa partie Est allant jusqu’à occuper les localités de Bunagana et ses environs, tuant, violant les femmes sous le mutisme total de la Communauté internationale. La dernière en date de ces atrocités est le récent massacre de Kishishe où plus de cent personnes ont été lâchement massacrés.
Toutefois les efforts diplomatiques du Gouvernement congolais ont été couronné par la mise en oeuvre des processus de paix de Nairobi et celui de Luanda.
C’est ici le lieu de rendre un vibrant hommage à Son Excellence UHURU KENYATTA, Président honoraire du Kenya et à Son Excellence Évariste NDAHISHIMIYE du Burundi, Président en exercice de la CAE et à Son Excellence Joa LOURENÇO de l’Angola, Président en exercice de la CIRGL et Président de ce Sommet dont la sagesse et l’engagement pour la restauration de la paix à l’Est de la RDC ont permis d’adopter le 23 novembre dernier à Luanda le chronogramme des actions urgentes et nécessaires à réaliser pour matérialiser les recommandations des tous ces processus.
Hommage aussi au Président de la République du Kenya, Son Excellence Monsieur William RUTO, qui aussitôt investi à ordonné le déploiement des troupes de son pays à Goma dans le cadre de la force régionale de la CAE chargée de neutraliser les groupes armés locaux et étrangers opérant à l’Est de la RDC qui seraient réfractaires à l’offre de paix de leurs Chefs d’État respectifs.
A l’instar de l’Union Européenne, je demande du haut de cette tribune aux États membres de défenseurs de la souveraineté des États de condamner le Rwanda pour ses actes d’agressions et de soutenir le processus de paix sus évoqué.
Mesdames et Messieurs les Chefs d’État et de Gouvernement,
Le développement de nos États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique est aussi entravé par des catastrophes naturelles consécutives au changement climatique.
Excellence Monsieur le Président de la République d’Angola, hôte du présent Sommet,
Excellences Madame et Messieurs les Chefs d’État et de Gouvernement,
Excellences Mesdames et Messieurs les Chefs des délégations,
Mesdames et Messieurs en Vos titres et qualités respectifs,
Abordant la question de la résilience au changement climatique, il convient de reconnaitre que les pays de l’OEACP sont caractérisés par une forte diversité de contextes vis-à-vis de ce phénomène. Ce qui explique que nous n’avons ni les mêmes degrés de vulnérabilité, et encore moins des besoins similaires en termes d’adaptation et d’atténuation.
Au regard de la désertification
Notre communauté regorge trois catégories d’États, dont chacune requiert une attention particulière :
1. les Pays insulaires : relativement pas concernés par la désertification, mais menacés plutôt de disparition suite à la montée du niveau des mers;
2. les pays non-forestiers, directement menacés par la désertification ;
3. les pays forestiers, épargnés de ce phénomène, mais confrontés plutôt à la déforestation qu’ils se doivent de stopper urgemment, afin d’amorcer la restauration des forêts dégradés.
En ce qui concerne la transition énergique
Les pays de notre communauté (OEACP) ne sont pas industrialisés. L’Afrique toute entière n’est responsable que de 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Par conséquent, la transition énergétique dans nos États n’aura pas la même signification que dans les pays industrialisés.
En effet, alors que pour ceux-ci, la transition énergétique consistera à quitter progressivement tout recours aux énergies fossiles et polluantes, cette transition dans notre contexte, consistera à abandonner l’usage du bois-énergie étant l’une des pratiques qui causes la déforestation.
Le Bassin du Congo regorge de 268 millions d’ha de forêts tropicale humide, dont plus de 155 en République Démocratique du Congo. Cet écosystème séquestre plus de 265 millions de tonnes de CO2 par an, et représente un stock d’environ 37 gigatonnes de carbone.
Les tourbières de la République Démocratique du Congo sont un stock naturel de plus de 30 gigatonnes de carbone, soit l’équivalent de 3 années d’émissions mondiales de CO2.
Fort de ce potentiel, et si les prix de la tonne de carbone sont raisonnables, le Gouvernement de la République Démocratique du Congo entend lever une partie de fonds générés par la vente de crédits carbones pour appuyer les efforts de lutte contre le changement climatique dans les États insulaires et désertiques de notre communauté.
La République Démocratique du Congo s’est engagée dans la transformation de son industrie minière, dans le sens du développement d’une chaine de valeurs autour de ses minerais stratégiques dont le cobalt, le lithium, le coltan, le cuivre, etc. ce qui apporte
En tant que pays solution, le rôle de la RDC est celui d’un gardien du climat, en protégeant les ressources sus évoquées pour en faire bénéficier l’humanité toute entière. Même en lançant les appels d’offres sur ses blocs pétroliers et gaziers pour réduire l’extrême pauvreté de sa population qui contraste avec la richesse de son sous-sol, le pays entend procéder à cette exploitation dans le strict respect des normes et standards internationaux relatifs à la protection de l’environnement.
Je vous en remercie.
Cellule de communication de la Primature.