32ème Journée mondiale de la liberté de la presse, Félix Tshisekedi : « La liberté de la presse est un pilier fondamental de toute démocratie digne de ce nom »

Les professionnels des médias ont été honorés, hier lundi 5 mai de la présence du Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. C’était à l’occasion de la commémoration de la Journée internationale de la liberté de la presse. Le thème choisi au niveau national pour cette année est : « Le journaliste congolais face au défi de l’intelligence artificielle : information et désinformation en ce temps de guerre d’agression rwandaise ». Cadre choisi : Fleuve Congo hôtel de Kinshasa/Gombe. C’était en présence de membres du gouvernement, des responsables des médias et tant d’autres personnalités politico-administratives de Kinshasa.
Dans son allocution, le chef de l’Etat a déclaré : « Cet événement, célébré chaque 3 mai, est un moment de réflexion, d’évaluation, d’engagement et de solidarité envers vous, journalistes, qui portez la lourde et noble responsabilité d’informer, d’éclairer et de défendre la vérité, parfois au péril de vos vies ». Avant de rendre un hommage ému à la mémoire des journalistes disparus, tombés dans l’exercice de leur apostolat. Leur héroïsme silencieux, leur intégrité exemplaire et leur quête inlassable de vérité enrichissent notre conscience collective et renforcent notre devoir commun de défendre la liberté d’expression, a souligné le Président de la République.
Sens de la Journée
A en croire Félix Tshisekedi, cette journée n’est pas un simple rituel, mais bien plus, c’est un acte d’engagement solennel et un moment de veille collective pour un meilleur horizon. Car, célébrer la liberté de la presse, en République démocratique du Congo, aujourd’hui plus que jamais, c’est affirmer avec force notre attachement indéfectible à la démocratie, au pluralisme médiatique et à l’accès à la vérité, et ce, en dépit des tempêtes qui nous assaillent. Et d’ajouter : « La liberté de la presse est un pilier fondamental de toute démocratie digne de ce nom. En République démocratique du Congo, nous avons fait de ce principe une priorité, car une presse libre est le miroir de la société, la gardienne de nos valeurs et le porte-voix de notre peuple. Dès mon accession à la Magistrature suprême, j’ai toujours affirmé mon engagement à protéger cette liberté, à promouvoir le pluralisme médiatique et à garantir un accès équitable à une information fiable et transparente ».
Inconvénients de l’intelligence artificielle
Jamais l’information n’a circulé aussi vite. Jamais la désinformation n’a été aussi pernicieuse. Et jamais la frontière entre les deux n’a été aussi fine. Alors que notre pays fait face à une agression extérieure brutale qui viole notre souveraineté, il doit simultanément faire face à une autre guerre, plus insidieuse : celle de la manipulation, de la propagande, et du brouillage de la vérité. Cette guerre de l’information, où la vérité est systématiquement prise pour cible, est exacerbée par l’irruption de technologies de rupture telles que l’intelligence artificielle, qui bouleversent en profondeur les modes de production et de diffusion de l’information, a souligné Félix Tshisekedi.
Pour lui, l’intelligence artificielle est une révolution technologique qui transforme notre monde à une vitesse fulgurante, car elle offre des opportunités extraordinaires pour les médias : des outils pour analyser des données complexes, pour produire des contenus plus rapidement, ou encore pour atteindre un public plus large. Mais elle comporte aussi des risques majeurs, notamment celui de la désinformation. Ces dernières années, notre pays a été la cible des fake news, de deepfakes et des campagnes de désinformation, souvent orchestrées par des acteurs extérieurs, visant à minimiser les crimes commis contre notre peuple et détourner l’attention de la communauté internationale, à alimenter la méfiance envers les institutions de la République, à attiser les divisions au sein de nos communautés locales et affaiblir notre cohésion nationale. Comme illustration, le chef de l’Etat a évoqué les nombreuses manipulations médiatiques autour du partenariat stratégique en cours de finalisation entre la RDC les États-Unis d’Amérique, concernant la valorisation de nos minerais critiques. Certains discours, parfois relayés sans vérification par une partie de la presse, évoquent à tort un prétendu bradage de nos ressources naturelles. Ces allégations sont non seulement infondées, mais relèvent souvent de campagnes orchestrées pour affaiblir notre souveraineté économique et miner les efforts de repositionnement stratégique de notre pays sur la scène mondiale. Au contraire, le chef de l’Etat a été catégorique : « Jamais je ne braderai les richesses de la RDC. J’en ai fait le serment devant la Nation, et je m’y tiendrai jusqu’au bout.
Eviter la désinformation
La liberté d’informer est sacrée, mais elle exige, plus que jamais, rigueur, éthique et loyauté envers la vérité et l’intérêt supérieur de notre peuple. Et de souligner : « Dans un pays en proie à une guerre d’agression, la désinformation devient alors une arme redoutable ». Pendant ces temps de guerre, la liberté de la presse ne peut être dissociée d’un devoir de responsabilité patriotique. Elle appelle chaque journaliste à faire le choix conscient d’une information qui contribue à la défense de la patrie. Il ne s’agit nullement de travestir la vérité, ni d’imposer une pensée unique, mais d’un engagement lucide et éthique à rapporter les faits, rien que les faits, dans le respect strict de votre code d’éthique et de déontologie professionnelle.
S’adressant aux journalistes, le Président de la République a indiqué : « Face au défi auquel notre Nation est confrontée, votre rôle est plus crucial que jamais. Vous êtes les gardiens de la démocratie, les sentinelles de la vérité. Ceux qui, par leur rigueur et leur éthique, peuvent contrer ces vagues de désinformation. Vous êtes surtout les gardiens d’un espoir : celui d’un Congo libre, informé, debout. A ce sujet, il a lancé un appel solennel aux journalistes : « Soyez les gardiens de notre mémoire collective. Dans les jours sombres, c’est votre plume, votre micro, votre image, qui peuvent ouvrir les chemins de la lumière. Documentez les faits, donnez la parole aux victimes, et refusez de céder à la peur ou à la manipulation ». À cet égard, le chef de l’Etat a salué les efforts de ceux d’entre les professionnels des médias qui, malgré les risques, continuent de rapporter la vérité depuis le front et les zones sous occupation ennemie. « Votre action est un pilier de la cohésion nationale ; un rempart contre les discours de haine. Elle est une arme pacifique mais puissante contre les ambitions impérialistes de ceux qui veulent faire de notre pays un champ de ruines et de mensonges. La nation se dressera toujours aux côtés de ses journalistes intègres, de ses médias responsables, et de toutes celles et ceux qui refusent que la vérité soit mise à genoux », a-t-il fait valoir.
Dans cette dynamique, le Président de la République a salué d’une part, l’élection d’un nouveau Comité dirigeant à la tête de l’Union Nationale de la Presse du Congo (UNPC), appelé désormais à jouer un rôle déterminant dans la restauration de l’ordre et de la rigueur professionnelle au sein du secteur des médias. Et d’autre part, l’élaboration des textes réglementaires destinés à assurer la mise en œuvre effective des dispositions contenues dans l’Ordonnance-Loi n°23/009 du 13 mars 2023, fixant les modalités d’exercice de la liberté de presse, de la liberté d’information et de la liberté d’émission par la radio, la télévision, la presse écrite ou tout autre moyen de communication en RDC. Parmi les avancées majeures introduites par cette Ordonnance-Loi, il a cité, entre autres : – La clarification de la définition du journaliste professionnel et de l’entreprise de presse ; la reconnaissance officielle des médias en ligne, communautaires et associatifs ; le renforcement des pouvoirs du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication ainsi que la reconnaissance légale de l’Union Nationale de la Presse du Congo.
A ses yeux, ces progrès sont le fruit d’un dialogue républicain fécond, d’un engagement collectif, animé par la volonté de faire de la presse congolaise un véritable pilier de la démocratie, de la paix et de la cohésion nationale. Raison pour laquelle, il a appelé toutes les parties prenantes à poursuivre sans relâche cet élan de réformes amorcé depuis son accession au pouvoir. Et de conclure : « Il n’y a pas de paix durable sans liberté de la presse. Il n’y a pas de démocratie réelle sans pluralité de l’information. Il n’y a pas de République forte sans journalistes debout ».
Mot_SE_Patrick MK_JMLP_2025 2Le Journal