RDC : L’appel du député Mbungani pour refonder un État fort – Une voix d’unité et d’espoir !

- Kinshasa, 23 juillet 2025 – Alors que la République démocratique du Congo traverse une période à la fois fragile et porteuse d’espérances, marquée par de nouveaux accords de paix et une volonté déclarée de tourner la page des conflits, le député de Budjala, le Dr. Jean-Jacques Mbungani, ancien ministre de la Santé, s’exprime avec gravité et clarté. Appuyé sur les réflexions de l’écrivain Jean-Robert Boende, il trace les contours d’un diagnostic sans concession de l’État congolais, tout en appelant à une refondation ambitieuse basée sur la sécurité, la justice et l’unité nationale. Son intervention intervient dans un moment charnière, où la RDC tente de renouer avec la stabilité après des décennies de violences.
Une Nation en état de précarité : le poids de l’histoire et la faiblesse des institutions
Dans son constat, Mbungani ne cherche pas à enjoliver la réalité. Il évoque sans détour les ravages causés par une gouvernance défaillante, minée depuis des décennies par une corruption enracinée et des conflits récurrents qui ont éclaté dans plusieurs régions du pays. Le cas de l’Est du Congo est emblématique : une zone largement échappée au contrôle de l’État, rongée par la présence de groupes armés et gangrenée par une insécurité chronique. Cette instabilité a favorisé une succession de crises humanitaires et sanitaires, privant les populations locales de leurs droits les plus fondamentaux. La région des Grands Lacs, théâtre de la « guerre mondiale africaine » entre 1997 et 2003, reste jusqu’à ce jour une zone où la violence continue de structurer la vie quotidienne.
Les failles du système congolais sont multiples :
– Un accès extrêmement limité aux services sociaux essentiels, notamment dans le domaine de la santé et de l’éducation ;
– Une économie informelle qui domine l’espace public malgré la richesse minérale considérable du territoire ;
– Un sentiment généralisé de méfiance envers les institutions, perçues comme inefficaces voire complices des injustices subies.
À l’Est, entre flammes et lueurs de paix : la dynamique fragile des accords
À la lumière de la complexité des conflits dans l’Est du pays, notamment avec le mouvement rebelle M23, Mbungani accueille avec prudence mais espoir les dernières avancées diplomatiques. Ces confrontations, qui mêlent intérêts locaux, tensions régionales – en particulier la position controversée du Rwanda – et appétits internationaux liés aux ressources stratégiques, ont engendré une misère considérable et des déplacements massifs. Pourtant, le récent accord signé le 19 juillet 2025 entre le gouvernement congolais et l’Alliance du Fleuve Congo/M23, sous médiation du Qatar et des États-Unis, pourrait ouvrir une porte vers une désescalade.
Le député salue cette initiative comme un tournant potentiellement décisif. L’Africa CDC n’a pas tardé à reconnaître « le courage politique des parties impliquées », soulignant le choix du dialogue face à la tentation de la confrontation. Mbungani voit dans cette avancée non seulement une opportunité pour restaurer l’autorité de l’État dans les zones en proie au chaos, mais également un levier pour renforcer la paix.
En tant qu’ancien ministre de la Santé, il soutient pleinement les recommandations de l’Africa CDC qui préconisent d’intégrer un axe sanitaire dans la mise en œuvre des accords. Le retour des déplacés, la reconstruction des hôpitaux et des centres de soins, et le renforcement du système de santé doivent, selon lui, être au cœur de l’effort national. La paix, martèle-t-il, ne saurait être durable sans une approche holistique incluant le bien-être physique et psychologique des populations.
Vers la refondation : un État au service de tous, porté par l’unité
Au-delà de la gestion immédiate des crises, Mbungani inscrit son plaidoyer dans une logique de reconstruction profonde. Pour lui, il ne suffit pas de panser les plaies : il faut refonder l’État de fond en comble. Refusant le fatalisme et les visions réductrices, il insiste sur la capacité du peuple congolais à surmonter ses divisions pour bâtir une société juste et solidaire.
Trois axes structurent cette vision :
– Le dialogue national inclusif : Mbungani appelle à une concertation véritable entre les différentes composantes de la société. Cette démarche vise à retisser les liens sociaux fragilisés, restaurer la confiance et concevoir un projet collectif qui transcende les clivages ethniques et politiques. Ce dialogue ne doit pas être cosmétique, mais constituer le socle d’une souveraineté renouvelée face aux ingérences extérieures.
– La construction d’un État transparent, équitable et efficace : Il prône une rupture avec les pratiques d’opacité administrative et de favoritisme. Cela passe par des réformes radicales des institutions, notamment dans les secteurs de la justice, de la sécurité et de l’administration publique. La nature du futur État congolais – centralisé, décentralisé ou confédéral – reste sujette à débat. Mbungani évoque la possibilité d’un modèle confédéral comme moyen de valoriser la pluralité culturelle tout en garantissant une solidarité entre provinces. Toutefois, il n’élude pas les risques : fragmentation politique, disparités régionales accrues ou affaiblissement de la cohésion nationale.
– La responsabilisation citoyenne : Pour le député, la renaissance du Congo ne peut être l’affaire exclusive des décideurs politiques. Elle implique un effort collectif, porté par la société civile, les milieux économiques et chaque Congolais. L’unité dans la diversité est, selon lui, la clé du respect et du renforcement national. Il plaide pour une mobilisation générale, où chacun participe activement à l’élaboration et à la mise en œuvre du projet national.
Projeter l’avenir : entre lucidité et espoir
L’intervention du Dr. Mbungani s’inscrit dans une temporalité critique. La RDC, oscillant entre résilience et instabilité, entre chaos latent et sursaut institutionnel, se trouve à un moment où les choix opérés aujourd’hui détermineront les décennies à venir. La mobilisation internationale en faveur de la paix – des États-Unis à l’Union africaine – offre un appui diplomatique important, mais le chantier reste essentiellement congolais.
L’objectif ultime est clair : faire émerger un État capable d’assurer les fonctions essentielles de protection, de service et de cohésion. Pour cela, Mbungani reprend les mots de Boende en invitant à une « réappropriation collective du projet national ». Il ne s’agit pas d’un rêve inaccessible, mais d’une nécessité urgente. Les premiers jalons, posés par les récentes négociations, doivent désormais être consolidés par une volonté politique forte et un engagement populaire constant.
Son injonction à « poursuivre l’action et se projeter dans l’avenir » résonne comme un appel vibrant à la responsabilité. Car refonder l’État congolais ne peut être reporté à plus tard. Il s’agit là d’un impératif historique, d’un geste de foi dans les capacités du peuple congolais à se relever et à inventer un futur à la hauteur de ses espoirs.
Didier Mbongomingi
