RDC: Jean-Claude Masangu fixe l’opinion sur l’actualité de l’heure

0
15

Jean-Claude Masangu Mulongo est une des personnalités de premier plan dans ce pays qu’on ne présente pas. Masangu a eu la charge de présider aux destinées de la Banque nationale du Congo -BCC-, juste au moment où cette institution était butée à une crise insurmontable à la sortie de la déplorable situation qui a vu le pays en proie à plusieurs zones monétaires: Zaïre par ici, Nouveau Zaïre par là…

Venu aux affaires dans cet environnement d’incertitude, JC Masangu a eu le mérite de lancer sur orbite, le Franc congolais et assuré son encadrement jusqu’à maturité, en faisant de cette monnaie, un patrimoine enviable et respectable. Puis, vint le temps de se retirer pour se conformer aux prescrits de la constitution du pays. Masangu est parti de la BCC la tète haute, après y avoir entrepris des ajustements nécessaires. Après s’être retiré de l’institution monétaire nationale, Masangu s’est mis en position d’observateur avisé, assistant de loin à la descente aux enfers de la monnaie nationale face au dollar américain en s’interdisant de jouer au donneur des leçons. Mais en vrai patriote que Jean-Claude Masangu est, il vient de refuser de continuer d’assister impuissant à l’essouflement programmé de la situation financière du pays. Dans une tribune qui vaut la peine d’être suivie à la loupe, l’homme qui s’est mué en acteur politique majeur, livre à haute voix, sa lecture sur la descente aux enfers du Franc congolais face au dollar américain et la façon d’y rémedier. Suivons…
Selon les études scientifiques que j’avais menées à la BCC quand j’étais Gouverneur de l’Institution d’Emission, les pays qui étaient confrontés à l’objectif de de-dollarisation et qui avaient réussi avaient connus entre 10 et 15 ans de stabilité de leur monnaie nationale.
Lorsque le gouvernement Matata avait pris la décision de de-dollariser l’économie, je n’étais pas pour car je n’avais stabilisé le FC autour de 910-920 FC que pendant 5-7 ans. L’avenir me donna raison puisque le gouvernement n’avait réussi qu’à imposer l’affichage des prix en francs congolais. L’affichage des prix peut changer semaine après semaine si pas au jour le jour.
La longue période de 10-15 ans selon les études permet à une population donnée d’avoir suffisamment confiance en sa propre monnaie et de ne pas recourir aux devises étrangères, en l’occurrence le dollar.
N’oublions pas que nos dépôts bancaires sont à 90-95 % constitués en USD. Les transactions en ligne et électroniques que j’avais introduites en 2010 (ATM, cartes de crédit et débit, Airtel Money, Tigo Cash devenu Orange Money et M-Pesa) se font en USD proportionnellement aux dépôts en banques.

Si les transactions dans les magasins à travers les terminaux de paiement électronique (TPE), un moyen de paiement complémentaire, se font théoriquement à concurrence de 13 % selon la BCC, rien d’étonnant par rapport aux dépôts en banque. Les paiements par M-Pesa et consorts tout comme les ATM sont programmés pour se faire soit en USD soit en CDF. Mais le choix de la clientèle se porte à 90-95 % sur les dollars. Le vrai problème d’aujourd’hui c’est la stabilité du taux de change et des prix et non pas les paiements en USD à travers les TPE. Il faut s’y attaquer à travers une politique budgétaire conduite en synergie avec une politique monétaire capable de lisser les éventuels excès budgétaires. On parle très souvent du besoin de diversification de l’économie pour régler les maux liés à l’instabilité monétaire.

Cette diversification ne peut se faire qu’avec un bon climat des affaires qui encourage les privés à produire localement, transformer localement, consommer localement, épargner et investir localement ainsi qu’engager localement pour donner de l’emploi aux jeunes, hommes et femmes.

Hon Gouverneur Jean-Claude MASANGU MULONGO