Muyaya déballe l’opposition

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De passage en France après qu’il ait accompagné le président de la République en Chine, M. Patrick Muyaya, porte-parole du Gouvernement et ministre de la Communication et médias était, hier, l’invité de la tranche « Entretien sur France 24 ». Ici, toutes les questions d’actualité ont été abordées : l’arrestation musclée de Salomon Kalonda, le sit-in de l’opposition, le processus électoral pour finir par la guerre dans l’Est de la Rdc.

A la question de savoir qui a arrêté et où se trouve Salomon Kalonda, conseiller proche de Moïse Katumbi qui a été appréhendé sur le tarmac de l’aéroport de N’Djili, Patrick Muyaya a expliqué que l’intéressé a été interpellé par les services de renseignements. Le moment venu, dit-il, ils pourront communiquer et donner les détails sur les circonstances de son arrestation. « Je reviens de Pékin, une fois à Kinshasa, je m’informerai des conditions de son arrestation et on communiquera comme d’habitude », précise-t-il.

Mais ici, il faut noter que ça fait suite à des événements que nous avons vécus récemment, où il y a eu beaucoup de violences. La violence, d’où qu’elle vienne, en démocratie, elle n’a pas de place. Vous avez vu Martin Fayulu un des quatre leaders de l’opposition demander aux enfants visiblement surchauffés qui ont été en première ligne de ces actes de violence. Nous avons dénoncé et condamné. Le président de la République s’est personnellement déplacé au chevet de cet enfant de 12 ans, parce que tous nous avons été choqués de cette violence policière sur ce jeune enfant. Il a visité autant les policiers et nous pensons que ceux qui pensent recourir à la violence, comme stratégie qu’il faut, ils se trompent parce que la Rdc veut consolider son processus démocratique et la démocratie se consolide dans un processus démocratique et non par la violence.

Donc, son arrestation serait liée à cette violence ? « Je ne saurais pas spéculer », rétorque Patrick Muyaya, qui pense que c’est une hypothèse, car lorsque vous regardez les choses comme elles se sont passées sur le terrain, il y avait de l’organisation. Il y avait des messages qui n’ont pas été condamnés par des éminents membres du parti de Katumbi qui appelaient à attaquer une ethnie, en même temps qu’ils prédisaient des morts. Ça veut dire que c’était une violence préméditée. « Au moment où je vous parle, les policiers qui ont été à la base du bastonnade du jeune enfant sont devant l’Auditorat militaire. Nous avons dit que la lumière devra être faite, et les jours qui suivent vont nous donner un peu plus d’éclairage », renseigne le porte-parole du Gouvernement.

Enlèvement brutal et dérive dictatoriale
A cette problématique, Muyaya a été on ne peut plus clair. Il a dévoilé la stratégie de l’opposition qui consiste à discréditer d’abord le processus électoral, à se victimiser et diaboliser le pouvoir de Kinshasa. Il n’y a rien d’étonnant dans ce qu’ils disent, pense-t-il. Car, lorsque vous voulez être démocrate, il faut respecter les règles. Les règles qui avaient été convenues lors de l’organisation de la marche, n’ont pas été respectées. Lorsque vous regardez le sit-in à la CENI, ça a été un flop, car Kinshasa, c’est 15 millions d’habitants et il y avait peut-être 500 à 600 personnes. Ça veut dire que ce n’est pas un discours qui porte dans un contexte où les Congolais veulent aller voter.

On leur a fait un couloir pour qu’ils aillent rencontrer la CENI, qu’ils discutent des préoccupations qui sont les leurs. Ils ont refusé. Soit ils ne savent pas ce qu’ils veulent, soit ils veulent tirer profit du chaos dans un contexte où nous avons un conflit dans l’Est et à la porte de Kinshasa. Et lorsque nous mettons tout cela en mouvement, on s’interroge sur certaines motivations et on voit qu’il y a des indices, notamment certains de ces leaders de tout ce qui se passe dans l’Est.

On n’a jamais entendu Katumbi parler contre la guerre dans l’Est, contre Kagame, … il faudrait qu’à un moment donné, les choses puissent être clarifiées de par leur position et le rôle qu’ils veulent jouer. On ne peut pas leur refuser d’avoir des revendications démocratiques, mais lorsque le Gouvernement gère des crises dans quelques coins, ça veut dire que leur démarche répond à une déstabilisation du pays.

Katumbi allié du Rwanda ?
« Je ne saurai pas le dire », répond Muyaya, qui pense qu’il faudrait bien qu’à un moment donné, le concerné dise clairement sa position par rapport à l’agression rwandaise.

Au sujet de la polémique qui entoure l’organisation des élections en Rdc, Muyaya constate que c’est un peu triste, mais c’est l’histoire de la Rdc. A chaque processus, il y a des problèmes. En 2006, révèle-t-il, le candidat Etienne Tshisekedi n’avait pas pris part aux élections. Moi qui vous parle et les autres, nous nous sommes battus pour qu’il y ait un processus électoral différent. Il y en a qui œuvrent pour que les élections se tiennent, il y en a qui ne voient que les difficultés qui sont inhérentes dans un pays si immense. En réalité, ce qu’ils veulent c’est le dialogue. En considérant l’encrage démocratique que nous voulons avoir, le souci du président de la République étant d’aller vers les élections, on ne peut pas transiger avec les délais constitutionnels.

En tant que Gouvernement, nous avons notre tâche : le financement des élections et la sécurisation du processus électoral. Les autres parties prenantes doivent répondre à leurs obligations. La CENI est l’organe indépendant qui comprend tout le monde, même le parti de Katumbi. Nous nous préparons à présenter le bilan qui refait les fondations de la Rdc, nous espérons continuer avec lui.

La SADC pour remplacer les troupes de l’EAC
Pour Patrick Muyaya, la situation dans l’Est est complexe et dure depuis 30 ans. « Lorsque vous avez un Etat mercenaire, le Rwanda qui se construit économiquement sur cette situation de guerre, vous avez des difficultés à les régler directement. La difficulté avec la situation dans l’Est de la Rdc est une problématique régionale », insiste-t-il.

Quand on parle des ADF, c’est des terroristes affiliés à Daech ; les FDLR sont des génocidaires rwandais, etc. On ne peut pas régler le problème de nous-mêmes. Voilà pourquoi nous abordons la question de manière globale, avec des acteurs directement impliqués. Avec l’EAC, je ne pense pas que l’intention du départ était une erreur. Le problème, c’est dans la pratique où ils ont voulu s’écarter du schéma initial. Ce qui est important, nous pensons avoir mis en place une dynamique qui va nous permettre, avec les pays de la région qui veulent, d’avancer.

C’est l’occasion de rappeler la responsabilité de la France où le président Macron avait promis que ceux qui ne respecteraient pas la feuille de route de Luanda seraient sanctionnés. C’est clair que la feuille de route n’a pas été respectée, parce que le M23 et le Rwanda sont en train de préparer une offensive. L’idée c’est de nous assurer, parce que nous voulons consolider notre démocratie. Certains compatriotes n’ont pu se faire enrôler, mais nous devons avancer dans les élections. Il faut que tous les partenaires de la Rdc puissent s’engager pour que les élections se tiennent d’une part, et dans la durée, la situation dans l’Est de la Rdc.

Que retenir de la Chine ?
Le porte-parole du Gouvernement a vite planté le décor, en disant qu’il s’agit principalement du contrat SICOMINES. « On a fini la feuille de route entre les deux parties et nous nous sommes déjà assurés des conditions de renégociation qui vont se faire dans les semaines qui viennent. Pour ce qui concerne TFM, il y avait déjà une solution trouvée avec la Gécamines », précise le ministre.

Les conditions de renégociation du contrat ne faisait pas l’objet de la visite d’Etat, martèle-t-il. Nous sommes sortis de là avec un partenariat global stratégique, on a relevé le niveau des accords. Pour les contradictions qui surviennent, cela doit se traiter dans la sincérité et que la Rdc ne va pas recourir à l’arbitrage ni à la justice, parce que la partie chinoise a reconnu ses responsabilités et s’est engagée à arranger. On espère que dans les jours à venir, on va recouvrer les ressources nécessaires. Parce qu’il faut consolider le programme de gratuité, le programme de couverture de la santé universelle. Ce sont toutes ces choses que nous allons présenter lors de la campagne électorale à venir.

Propos rendus par Jean-Marie Nkambua