Marche de l’opposition… Inquiétant bilan !

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Dans notre édition du vendredi 19 mai dernier, nous titrions: “Le 20 mai de tous les enjeux et dangers !”. L’article soulignait que les méthodes mises sur pied par le régime de Joseph Kabila ont la peau dure et refusent de dispataître sur un coup de baguette magique.

Et pour soutenir cette affirmation, nous avions avancé pour preuve, le fait que le samedi 20 mai 2023, l’opposition politique conduite par Fayulu, Katumbi, Sesanga et Matata allait marcher contre la vie chère. La date, rappelions-nous, a été programmée par le gouverneur de la Ville qui s’était déclaré incapable d’assurer la sécurité des marcheurs à la date initialement prévue par l’opposition une semaine auparavant.
Mais aussi curieux que cela puisse paraître, la Ligue des jeunes de l’UDPS, le parti présidentiel, avait également retenu la même date pour marcher et condamner l’agression du Rwanda contre la RDC sous la bannière du M23 et apporter le soutien tous azimut au chef de l’Etat Félix Tshisekedi.
“Du coup, ces deux actions ne vont pas manquer de provoquer des étincelles”, avions-nous noté en nous appuyant sur les réactions de plusieurs compatriotes dont Shekomba Okhende qui, sur twitter, avait indiqué que l’UDPS a le know low de la rue dépuis 1981, ça fait partie des méthodes de lutte dont elle a la maîtrise. Et que par contre, l’opposition actuelle devrait inventer ses propres méthodes de lutte et non espérer battre l’UDPS sur son propre terrain, avant de conclure que la marche du 20 mai serait un mort-né.
Chantal Moboni, quant à elle, dénonçait vigoureusement cette pratique propre à la kabilie qui consiste à programmer une marche le même jour que l’opposition.
Anthony Micah Kabongo tranchait que, “Ceci n’est pas la démocratie, mais du banditisme politique qu’Etienne Tshisekedi n’aurait pas validé et que Fatshi ne doit pas laisser passer”. Ngoie Nathan avait, lui,abondé dans le même sens en se disant convaincu que la vraie place de l’UDPS reste dans l’opposition. À la lecture de ces commentaires croisés, nous étions restés sur nos gardes en prevenant un danger.
Ce qui devait arriver arriva !
Ayant réalisé son imprudence en autorisant deux marches des ennemis jurés le même jour, l’hôtel de ville avait vite fait de déterminer les itinéraires à suivre pour les uns et les autres, question d’éviter qu’ils viennent se retrouver sur un point donné et se tirer par les chignons. Surtout que le quator de l’opposition ne jurait que par Lemba comme point de départ. Ce qui n’allait pas leur empêcher de trouver l’UDPS sur leur chemin, et donner lieu aux échauffourés. Ne voulant pas de Ngaba comme point départ leur désigné par le gouverneur, les quatre ténors de l’opposition avaient dit niet. Pour eux, c’était Lemba ou rien. En vue de parer à toute éventualité, la police a été responsabilisée pour prendre des dispositions utiles. C’est ainsi qu’elle avait prevenu par des communiqués, que samedi, tout rassamblement de plus de dix personnes allait être dispersé. Cela s’est passé ainsi. On ne badine pas avec l’ordre public qu’il faut protéger à tout prix, a-t-on entendu claironner un officier de la police. C’est de ce point de vue que l’opposition est passée à côté en loupant l’occasion de marcher selon l’itinéraire de l’hôtel de ville. “Qu’est-ce qu’elle gagnait en partant de Lemba et non ailleurs”, s’est intérrogé un observateur inquiet du bilan qui a été publié par la police dans la soirée, annonçant quatorze personnes blessées dont la grande partie parmi les policiers et des cas d’interpellations dans l’opposition. Du côté de la marche des jeunes de l’UDPS, rien de fâcheux n’a été signalé, tout comme au meeting du parti ACP, à Masina tenu le même jour.
Que la police ait annoncé avoir saisi six machettes parmi les marcheurs est un acte qui trahit l’idée d’avoir préparé une hécatombe du côté de l’opposition surtout qu’elle avait écrit à la CPI pour l’aviser que le pire était à craindre. Dieu merci qu’il n’y a pas eu mort d’homme.
La police a vu loin et évité que le mal se produise. Cela a été pourtant vu d’un mauvais oeil du côté de l’opposition. Matata Ponyo le dit sans mâcher les mots : « Même à l’époque de Kabila, on avait jamais vu ça”, a-t-il twitté. Oubliant que du temps de Kabila, son partenaire Martin Fayulu, le même, en avait vu de toutes les couleurs. Les photos le montrant machoire déformée avaient fait le tour de la toile, tout comme celles où il fait le mort dans un véhicule, consolé par Bazaïba, Muzito et Gabriel Kyungu, sans oublier le siège de l’UDPS incendié avec des dizaines de militants à l’intérieur. Matata doit éviter d’avoir la mémoire courte. Ce qui a tout pour justifier nos craintes d’avant la marche quand nous insinuions qu’avec Kabila égal après Kabila…
La différence, dans les deux cas de figures et les méthodes des régimes, réside dans le fait que des policiers ayant brillé samedi par le non respect des consignes ont été appréhendés et seront jugés pour répondre de leurs actes.

Le Journal