Kinshasa : le CSAC décide, l’UNPC rejette…!

 Kinshasa : le CSAC décide, l’UNPC rejette…!

Le président du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC), Christian Bosembe, a animé jeudi 5 juin, une conférence de presse devant un parterre des journalistes au sujet de la situation sécuritaire au pays.

Il est désormais interdit aux médias et aux organes de presse congolais de parler de l’ancien président Joseph Kabila, de diffuser ou de commenter les activités de sa formation politique, le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD).
Les médias nationaux ne peuvent plus couvrir, commenter ni relayer d’informations liées au PPRD. Il leur est également interdit de diffuser les propos ou interviews de son leader, Joseph Kabila, dont les sanctions sévères sont promis aux réfractaires de cette mesure.
« Ce n’est pas une censure. Aucun droit n’a été violé. Il ne faut pas faire de la télévision une tribune de subversion », s’est justifié Christian Bosembe, parlant d’une mesure conservatoire qui ne constitue ni une atteinte à la liberté d’expression, ni une forme de censure, prise par le bureau du CSAC.
Cette interdiction survient quelques jours après la levée des immunités parlementaires de Joseph Kabila par le Sénat, le jeudi 22 mai dernier. Ce vote a eu lieu après adoption du rapport de la commission spéciale chargée d’examiner le réquisitoire de l’Auditeur général près la Haute Cour militaire, relatif à la levée des immunités parlementaires de Joseph Kabila.

Par ce vote, le Sénat a donc autorisé des poursuites judiciaires contre Joseph Kabila accusé par la justice pour crimes de guerre et complicité avec la rébellion de l’AFC/M23, soutenue par le Rwanda.

Le président du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC), Christian Bosembe a interdit aux médias et aux organes de presse de diffuser ou de publier des informations sur les activités de l’ex-Président de la République, Joseph Kabila, basé à Goma, au Nord-Kivu.

Cette décision intervient après son message du 23 mai dernier et les consultations qu’il a initiées quelques jours après son installation à Goma avec notamment les chefs religieux et traditionnels locaux sur la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC

L’UNPC qualifie la suspension des activités médiatiques du PPRD par le CSAC de « dérive autoritaire d’une régulation solitaire »
N’ayant pas émis sur la même longueur d’ondes avec l’organe de régulation, l’Union nationale de la presse du Congo (UNPC), n’a pas tardé à réagir aux propos tenus par Christian Bosembe.
La présidence nationale de corporation des journalistes dit avoir suivi avec émoi la décision du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC) de suspendre, à titre conservatoire, la médiatisation des activités du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) et de ses membres pour une durée de 90 jours sur toute l’étendue du territoire national.

La liberté de la presse et d’expression constitue un socle fondamental
Dans un communiqué publié vendredi 6 juin à Kinshasa, signé par son président national Kamanda Wa Kamanda Muzembe, l’UNPC dénonce ce qu’elle qualifie de « dérive autoritaire d’une régulation solitaire ».

L’UNPC émet des réserves quant à la compétence du CSAC sur l’ensemble du champ qu’il s’est attribué. Selon l’organisation, la régulation des médias doit avant tout s’inscrire dans une perspective philosophique, centrée sur la liberté de la presse et d’expression, qui constitue un socle fondamental.
Le communiqué de l’Union nationale de la presse du Congo rappelle que le rôle de la régulation ne peut être d’embrigader les médias ou d’empêcher les journalistes de jouer leur rôle de « conscience critique de leur temps » et d’ « historiens du présent. »

Vouloir faire passer médias et journalistes porteurs d’armes et munitions contre Congolais
L’UNPC rappelle que la liberté de la presse et le droit du public à l’information sont garantis par la Constitution. Bien qu’elle reconnaisse que des restrictions peuvent être compréhensibles en temps de guerre, l’organisation s’interroge sur les motivations réelles de cette décision :

« Alors que les autorités du pays recherchent la cohésion nationale, pourquoi vouloir faire passer les médias et les journalistes comme des porteurs d’armes et munitions qui fauchent les milliers des compatriotes Congolais dans l’est du pays », s’interroge l’UNPC

L’UNPC appelle le CSAC à « faire preuve de lucidité et de discernement afin d’éviter de précipiter les médias et les journalistes dans une situation incontrôlable », poursuit le communique, affirmant que l’organisation ne livrera pas les journalistes « à la furie d’une approche maximaliste d’une régulation solitaire ». Elle exhorte plutôt le CSAC à respecter le rôle des médias en tant que piliers de la démocratie et garants du droit à l’information.

Malgré ses critiques à la décision du CSAC, l’UNPC exhorte les journalistes à redoubler de professionnalisme dans l’exercice de leur métier. Elle les invite à mettre en avant l’amour de la patrie et la défense de l’intégrité territoriale, particulièrement en cette période marquée par l’agression et l’occupation d’une partie du territoire national.

Gel Boumbe

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