Finances Publiques : Pour un Congo retrouvé, La cour des comptes se relève : Jimmy Munganga Ngwaka établi comme premier président de cette juridiction pour une gestion orthodoxe de la République

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Une révolution du leadership s’avère aujourd’hui plus que nécessaire pour amener l’élite congolaise à abandonner les principes qui l’ont déconstruite.

La Cour des comptes de la République Démocratique du Congo est l’Institution Supérieure de Contrôle des finances de l’Etat, des biens publics ainsi que les comptes des provinces, des entités territoriales décentralisées ainsi que des organismes publics.

Elle a pour mission d’effectuer, de manière indépendante, un contrôle externe à posteriori des finances de l’Etat et de ses démembrements ainsi que des organismes, entreprises publiques et autres entités bénéficiant du concours financier de l’Etat.

Elle conseille les autres Institutions sur la culture managériale et la politique managériale qui sont deux piliers essentiels pour le succès d’une entreprise Publique.


Comprendre leur interaction et leur adaptation aux besoins spécifiques de chaque organisation est crucial pour une croissance soutenue et une productivité optimale au sein de chaque organisation pour le développement de la Nation.

La Cour des comptes réalise des contrôles de gestion sur les ordonnateurs. Il ne s’agit toutefois que d’une vérification sur pièces et sur place de la régularité des recettes et dépenses décrites dans les comptabilités publiques. Elle s’assure donc du bon emploi des fonds et valeurs.

La culture managériale est le socle fondamental de toute société prospère. Une culture managériale solide permet d’améliorer l’engagement, la rétention et les performances des entreprises publiques.

La corruption s’est élevée comme le sport national en République Démocratique du Congo, le tribalisme est récompensé comme mode de gestion, l’avidité est récompensée comme une promotion politique, la primauté de l’intérêt personnel sur l’intérêt général, le manque d’amour du prochain, l’impunité, le goût du lucre, l’enrichissement sans cause ainsi que l’ensemble des valeurs éthiques désapprises sont autant des racines de ce cancer qui colonise tout le corps social de la République démocratique du Congo…

La vitesse avec laquelle le lien de la corruption se transmet dans ce pays, on dirait qu’on habite pas seuls apparemment, des extraterrestres vivent avec nous.
Nous revivons avec autant d’indifférence ce que nous avons déjà vécu, même l’histoire s’étonne de nous.
Voilà pourquoi l’Institution supérieure de contrôle doit faire son travail acharné de guérir ce cancer en s’appuyant sur une thérapie de choc :
Commencer par une éducation qui doit arriver à formater, à modeler, à initier le citoyen congolais à tout un univers des valeurs avant de procéder à l’ablation avec des scalpels acérés des parties sérieusement attaquées par l’affectation (le cancer).

Mais la question principale reste celle de savoir si nous, Congolais, avons des ressources morales suffisantes pour châtier ceux de nos fils délinquants. Cette question est d’autant justifiée par ce que nous voyons actuellement. Lorsque l’occasion se présente de pouvoir sanctionner les gestionnaires indélicats des deniers publics, notre justice devient brusquement molle.

Mais, en fait, que vaut une société où la sanction est l’exception et l’impunité la règle ?

Lorsque l’on remonte en 2022, La cour des comptes de la RDC a fait sa première rentrée Judiciaire alors qu’elle a existé et a effectivement était organisée depuis 1987

La cour des comptes entend servir la Nation en veillant à une utilisation transparente et efficace des finances et des biens publics.

Lorsque l’on remonte à l’origine latine du mot corruption, on trouve qu’il signifie « décomposition, putréfaction, détérioration ». Une société où règne la corruption est une société en décomposition, en putréfaction. C’est une société pourrie, altérée, arriérée.

La corruption est devenue comme un démon atmosphèrique dans notre pays. Mais c’est l’élite qui respire le revêtement de cet envoûtement territorial. Elle qui, ontologiquement, est appelée à conduire, à guider le peuple.

Littéralement versée à la course de l’enrichissement sans cause, cette élite est devenue aujourd’hui un monstre à sept têtes. Aussitôt qu’une tête est coupée, que l’autre surgit immédiatement, de sorte que la fin du combat n’apparaît jamais.

NIETSCHE disait que « Celui qui lutte contre les monstres doit éviter de devenir lui-même un monstre ».
Cette élite qui devait conduire le peuple vers la lumière est devenue aujourd’hui le bourreau de ce même peuple qui lui fait nager dans la pauvreté : elle lui vole sans retenue les richesses nationales qui devaient contribuer à sa prospérité collective.
Cette élite, une fois au pouvoir, oublie vite cette vérité séculaire que le PAPE FRANCOIS nous a rappelée lors de sa visite à Kinshasa que « Le Pouvoir n’a de sens que s’il devient Service ».
Voilà pourquoi nous préconisons une révolution du leadership qui nous permettra de redéfinir le type d’homme que nous souhaitons avoir en RD Congo. Il nous faudra aussi concevoir de nouveaux paradigmes pour Construire une nouvelle citoyenneté, pas celle qui se résume en une simple dénomination d’un ministère.

Il faut que les gens bons, ceux qui jouissent d’une pudeur morale ne se tiennent pas à l’écart comme ils le font présentement. Car leur silence est le meilleur allié de la perversité des gens nuisibles.

Cette nouvelle génération ne restera pas dans la confusion.
Nous savons qu’Il n’y a rien de noble et de grand qui s’obtient sans efforts et sans sacrifices.
L’élite congolaise doit sacrifier les plaisirs excessifs afin d’engendrer le bonheur collectif.

Le Congo est l’un des rares pays au monde où sur terre à avoir érigé la corruption comme un système moderne de management, plus qu’un événement central qui inaugure la honte, la corruption a humilée la RDC devant son Dieu et au concert des Nations.

Mais au moment où nous parlons, les valeurs fondamentales qui soutiennent notre République sont à plusieurs reprises érodées et remplacées par des anti valeurs etabliéés par l’homme qui est à ce jour obsolète face aux défis et aux enjeux de l’heure.
La cour des comptes bâtit de nouveaux fondements pour renverser la domination des anti valeurs dans le corps social congolais.

Une fois que les valeurs sont fausses, les produits (résultats)seront mauvais. Comme je l’ai dit à plusieurs reprises, chaque nouvelle génération est une amélioration par rapport à la précédente. La cour des comptes joue le rôle de conseil générationnel dans l’utilisation de biens publics, Les enfants sont des extenseurs de valeurs. Il y a un piége croissant des ordonateurs de finances publiques de l’Etat sur l’enrichissement démesurée activé par la culture de commission et de surfacturation.
La cour des comptes doit devenir une haute valeur nationale. En effet quatres axes sont nécessaires pour rendre viable la mission cette institution prestigieuse:
1. La Révision du cadre juridique prévu par la Constitution du 18 février 2006, afin qu’il puisse assurer l’indépendance de la Cour et lui permettre d’exercer adéquatement son mandant. Pour cela, la nouvelle loi organique qui doit régir les activités de la Cour des comptes veillera à mettre en place un cadre organisationnel adapté à ses missions et inclure des mesures visant à garantir son autonomie administrative et financière.

2. Investir intelligemment à mettre à niveau les capacités de la Cour tant au plan de ses infrastructures physiques, technologiques que de ses capacités matérielles et humaines.

Il est donc souhaitable d’avoir un plan de renforcement du capital humain, et d’ici l’année prochaine de compléter le plan d’informatisation de la Cour des comptes, de construire de nouveaux locaux, de pourvoir la Cour en ressources humaines suffisantes et de renforcer les capacités professionnelles des Magistrats et cadres afin qu’il soient à la fine pointe des méthodes de vérification et de contrôle. Le succès du plan dépend de la réalisation de ces actions.

3. Troisième axe qui constitue en soit la raison d’être de cette institution qui veillera pour être dans son essence comme dans sa configuration un agent de changement important dans l’amélioration de la gestion des finances et des biens publics, notamment par l’amélioration de la transparence et de la reddition des comptes. Il faut entreprendre des actions qui contribueront à une meilleure gouvernance des finances publiques, d’accompagner les autorités nationales dans l’organisation et la mise en œuvre de la décentralisation et d’améliorer la visibilité interne et externe de la Cour des comptes.

4. Renforcer la visibilité de la Cour pour que son but, sa mission et ses objectifs soient crédibles, imprégnée des valeurs de professionnalisme, d’intégrité et au service de l’intérêt public.

Les stratégies misent en place par le Premier Prèsident de la Cour des Comptes pour établir une culture de management public.

1. Définir les valeurs fondamentales
2. Communiquer et incarner
3. Éduquer et impliquer
4. Contrôler, Mesurer et ajuster et sanctionner.

Notons que la Cour des comptes, par sa chambre de discipline budgétaire et financière, a clôturé ce vendredi 21 juin 2024, la première série d’audiences publiques qui concernait les comptables publics.

Tenue en la salle d’audiences Léon KENGO Wa Dondo, au siège de la Cour des comptes, la dernière audience publique a concerné la comptable publique MOYAKA BUELA Bienvenue du code 0783.

Comme ses prédécesseurs, elle a été poursuivie pour transmission tardive de ses comptabilités mensuelles durant les exercices 2020, 2021 et 2022 à cette institution supérieure de contrôle des finances publique et biens de l’Etat. C’est ce qui lui a couté une condamnation pour faute de gestion et le payement d’une amende de 20.000.000FC.

La Cour des comptes à travers sa chambre siégeant en matière de discipline budgétaire et financière appellera dans les prochains jours d’autres affaires liées à la faute de gestion.

En somme, une culture managériale solide constitue le socle sur lequel toute Société progresse. En créant un environnement où les valeurs sont incarnées, communiquées et encouragées, les Institutions peuvent stimuler l’engagement, la rétention et la performance de leurs équipes, tout en consolidant leur identité et leur croissance à long terme.
La cour des comptes est une institution supérieure qui doit respire les hautes valeurs pour la transformation Nationale.
La grandeur d’une Nation n’est pas déterminé par la valeur de ses richesses naturelles mais par la richesse de ses valeurs.

Dr. Josué Mawanga, Professeur des Universités.