Les Etats-Unis d’Amérique viennent d’établir une liste des biens produits par le travail des enfants ou le travail forcé. Dans cette liste, se trouve inclu le cobalt congolais. Cela n’est pas du goût de Kinshasa qui a vigoureusement réagi en le dénonçant à travers un communiqué tenant lieu de mise au point, publié par le ministre de la Communication et Médias Patrick Muyaya qui est le porte-parole du gouvernement.
Dans cette mise au point, le Gouvernement congolais s’étonne que cette décision de l’Administration américaine ne tient pas compte des efforts consentis ni des avancées majeures enregistrées dans la régulation de l’exploitation minière artisanale et industrielle par l’Etat congolais. Au contraire, elle est de nature à remettre en cause l’efficacité des dispositifs internationaux de contrôle de conformité et de diligence raisonnable de la chaîne d’approvisionnement reconnus en matière des droits humains, de travail et de sécurité auxquels les industriels sont soumis avec rigueur par des structures internationales indépendantes, travaillant directement avec des multinationales occidentales (européennes et américaines), pour tenir compte des utilisateurs finaux
Cette décision, ajoute Patrick Muyaya, ignore délibérément les réalités locales et porte atteinte à la réputation internationale du secteur minier congolais.
Pour ce qui concerne le travail des enfants et travail forcé dans l’exploitation minière artisanale informelle, donc illégale, le communiqué gouvernemental précise que l’Entreprise Générale du Cobalt, créée en 2019, renseigne le Gouvernement de la RDC, s’emploie à viabiliser l’exploitation artisanale au travers des mesures rigoureusement éthiques, responsables et transparentes dans l’exploitation du cobalt, conformément aux lois congolaises et aux normes internationales en la matière.
Quant à l’exploitation industrielle, le Gouvernement de la République rappelle que les entreprises minières locales et internationales qui opèrent en RDC le font dans le respect des lois nationales, des accords et principes internationaux, ainsi que des cadres de gouvernance et de transparence rigoureux. Aussi, observent elles les lignes directrices de l’OCDE et d’autres normes reconnues mondialement, afin d’assurer des chaînes d’approvisionnement exemptes de travail forcé ou de travail des enfants.
« Pour une meilleure régulation du secteur, plusieurs réformes ont été mises en œuvre par le Gouvernement, notamment la création de l’Inspection Générale des Mines, la dynamisation de l’Autorité de Régulation de la Sous-Traitance dans le secteur Privé (ARSP), l’opérationnalisation de l’Autorité de Régulation et de contrôle des marchés des substances minérales stratégiques (ARECOMS) et la promotion de la transparence dans les chaînes d’approvisionnement et l’adhésion à des initiatives internationales comme l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE) », rappelle le communiqué qui souligne, par ailleurs, que le Gouvernement appelle les partenaires internationaux de la RDC, y compris les États-Unis d’Amérique, à reconnaître ces avancées et à intensifier leur soutien technique et financier, pour renforcer les mécanismes de traçabilité du cobalt, afin de garantir un approvisionnement éthique et conforme aux normes internationales. Il invite également le Cobalt Institute, les entreprises de la chaîne de valeur du cobalt, ainsi que les ONGs congolaises travaillant sur la thématique cobalt, à une collaboration plus étroite.
Dans le même ordre d’idées, le Gouvernement fait savoir que la RDC reste déterminée à travailler étroitement avec les partenaires économiques et les entreprises du secteur, en vue de continuer à s’assurer d’une production responsable et durable des minerais stratégiques nécessaires à la transition énergétique. Tout en reconnaissant la nécessité de maintenir une vigilance accrue sur ces questions, le Gouvernement encourage les autorités américaines à adopter une approche équilibrée, qui ne compromet pas l’accès des entreprises congolaises et internationales opérant en RDC aux marchés internationaux, mais qui soutient plutôt les efforts de régularisation en cours. Car, en tant que producteur majeur de cobalt au niveau international, soit environ 73% de la production mondiale, la RDC est appelée à jouer pleinement son rôle de pays-solution, pour une économie verte et circulaire.
COMMUNIQUÉ DE PRESSE - Réaction de la RDC sur l'Inclusion du Cobalt Congolais dans la liste des biens produits par le travail des enfants ou le travail forcé
À tout prendre, Kinshasa reste ouverte à toute initiative constructive visant à améliorer les conditions de travail et à renforcer la protection des droits humains dans son secteur minier, afin de contribuer à un développement inclusif et durable du pays, confirme le communiqué du porte-parole du gouvernement.
Le Journal