Dans une Ville de Kinshasa en proie à une surpopulation sans cesse croissante imputable à l’exode rurale, le problème lié aux moyens de transport en commun se pose avec acuité. Et cela ne date pas d’aujourd’hui comme le démontre si bien monsieur Marco Banguli dans son livre intitulé : ‘Kinshasa, Mon village”, Mémoires d’un kinois natif, originaire dont nous avons présenté à nos lecteurs de pans entiers de son contenu.
Cette fois-ci, eu égard à la problématique du transport en commun qui continue de causer des insomnies aux dirigeants à travers la création des sociétés publiques de transport en commun qui souffrent toutes des mêmes tares: mauvaise gestion des capitaux, non renouvellement régulier de charrois, non ravitaillement en pièces de rechange, non maîtrise des effectifs et ressources humaines…
Litanie de difficultés qui, à l’arrivée, laisse croire au commun de mortels que l’on tourne sans cesse en rond, sans que les vraies solutions soient apportées aux problèmes qui se posent. Marco Banguli, lui, semble faire une lecture différente de celle-là et du coup, posséder la potion magique si l’on en croit ce qu’il révèle dans son ouvrage en écrivant que plusieurs tentatives ont été entreprises par l’Etat pour résoudre le problème du transport urbain.
“Elles se sont toutes soldées par des échecs”, dit-il en notant qu’en effet, l’activité de transport en commun est soumise à un TARIF ( prix fixé par les autorités et souvent en faveur de la population la plus démunie). Et d’ajouter que, puisque le tarif ne couvre pas les coûts réels d’exploitation, l’Etat ne peut réussir à soutenir une telle activité que moyennant une subvention économique conséquente, régulière et dans la durée.
Pourtant, regrette Banguli, c’est ce qui n’a jamais été le cas dans notre pays, d’où face à l’absence ou à l’irrégularité de cette subvention, l’activité est de fait investie et contrôlée par l’économie informelle qui s’en sort mieux grâce à la souplesse dans la gestion des Entitées d’exploitation.
Cependant, constate l’auteur, si la souplesse dans la gestion peut constituer un avantage dans l’exploitation de l’activité, le manque des capitaux constitue un frein à son expansion: d’où la vetusté du matériel et le mauvais état technique des véhicules, et par conséquent la pénurie du transport en commun.
“L’expérience sud-africaine pourra inspirer le cas de Kinshasa”, propose-t-il en expliquant que pendant l’apartheid et en vue d’éviter que les “Noirs” envahissent les quartiers des Blancs, le gouvernement n’a pas développé un système de transport en commun classique. La mobilité a été assurée, et cela jusqu’à tout récemment, au moyen des minibus appartenant aux “privés noirs” mais en réalité soutenus par des “financiers blancs”, inciste Banguli soulignant que pour adapter ce système au cas de Kinshasa, on peut suggérer au gouvernement de laisser l’exploitation de cette activité aux Exploitants privés comme cela se passe actuellement; limiter le rôle de l’Etat à organiser la régulation (encadrer les exploitants) pour que l’activité respecte les normes; et à ramener les exploitants progressivement de l’informel vers le formel; à normaliser la circulation sur la chaussée publique (feux, discipline); interdir l’importation des véhicules avec volant à droite, et les véhicules de plus de 10 ans d’âge de fabrication.
Dans la foulée, Banguli propose d’autoriser l’organisation d’une Tombola qui permettra de récolter les fonds nécessaires au financement permanent des véhicules à mettre à la disposition des exploitants. Concrètement, une Société de type “Loterie Nationale” sera autorisée à organiser une Tombola publique permanente, les fonds récoltés serviront à acheter les véhicules Minibus ( y compris des taxis privés) à mettre en jeu, et les joueurs-gagnants deviendront propriétaires de ces véhicules et donc, exploitants des taxi-bus.
Ainsi, est convaincu Banguli, le parc automobile sera toujours renouvelé et en augmentation constante, l’exploitation sera aisée puisque laissée à la charge de chaque propriétaire du véhicule.
Banguli n’est pas que théoricien, il révèle qu’en 2013, il a approché le Premier ministre Matata Ponyo et lui a présenté un Business Plan pour la création d’une entreprise mixte PPP -Partenatriat-Public-Privé- en vue de l’organisation d’une Tombola pour le financement du Transport urbain dans la Ville de Kinshasa
“Le Projet reçoit un accueil chaleureux. Le Premier ministre instaure une Commission de travail composé des Conseillers à la Primature, et présidée par le Ministre-Délégué aux Finances. Nous avons eu plusieurs séances de travail auxquelles j’ai eu à participer, expliquer le projet et discuter du Business Plan”, rappelle Marco Banguli en soulignant que l’analyse du Projet démontre à suffisance plusieurs avantages pour la Ville de Kinshasa.
1/ Le Projet permet de résoudre durablement le problème du Transport urbain à Kinshasa;
2/Le Projet contribue à la croissance par la création de richesses d’une nouvelle classe moyenne pour les nouveaux exploitants des taxis-bus ;
3/Le Projet contribue à la croissance par la création de nouveaux emplois ;
4/Le Projet contribue à la croissance et à la bancarisation par une utilisation accrue du système M-Banking au travers des opérateurs de Téléphonie Mobile (au moins 1.000.000 abonnés par mois);
5/Avec une gestion rigoureuse et transparente, le Projet est susceptible de dégager des ressources additionnelles pouvant être affectées aux divers besoins de la Ville: réfection des routes secondaires, assainissement , prise en charge de la Police de Roulage pour mettre fin à la mendicité, réduction du phénomène “Kuluna” et du chômage…
“Afin de pouvoir amorcer la phase finale consistant dans l’élaboration d’un Business Plan Opérationnel pour la mise en place du Projet, les Promoteurs attendent du Gouvernement sa position sur le Cadre Juridique et la Structure de la Société à créer, ainsi que la forme du Capital Social, tous les participants sont convaincus de l’opportunité du Projet, et je suis reçu par le Premier ministre Matata lui-même qui le confirme son intérêt à la réalisation du Projet”, se souvient Marco Banguli.
Mais comme dans un film Western, il va se faire rouler dans la farine par Matata “Ponyon”. L’homme qui aime les espèces sonnantes et trébuchantes. Prenez RDV dans notre prochaine livraison.
Affaire à suivre.
Laurent BUADI