Le constat fait sur le terrain matins et soirs est amer, si pas alarmant. Les arrêts de bus et et autres moyens de transport en commun ne désemplissent pas à longueur des journées. Ils sont constamment bondés de centaines de gens qui attendent, mines défaites, des bus, taxis et taxi-bus pour se déplacer d’un coin de la ville à l’autre, sans beaucoup d’espoir d’en trouver.
Pour cause, tous ces moyens de transport, si pas la grande majorité d’entre eux qui roule au gasoil, ont déserté les rues pour se retrouver coïncés au niveau des stations d’essence pour être servis en carburant, sans espoir de se faire ravitailler à moins que ce soit par un ridicule rationnement de 5 litres par véhicule.
Dans l’entretemps, les files d’attente de véhicules s’allongent à l’infini. Du coup, quelques rares propriétaires de véhicules qui sont servis en profitent pour faire leur loi et monter les enchères selon leur bon vouloir. Pas étonnant que les courses pour lesquelles l’on débourse habituellement 500 FC en taxis-bus soient passées du simple au double.
Il faut désormais payer en grinçant les dents 1000 FC pour ces mêmes courses. Les courses à 1000 FC sont, elles, passées allégrement à 1500 FC. La pratique malheureuse de démi-terrains revient en force. Pas facile pour les faibles bourses, ces gagne-petits qui peinent à nouer les deux bouts du mois.
Pour nombreux analystes, si cette situation pénible perdure, il n’y a pas de doute que se déplacer d’une commune à l’autre devienne assimilable à un parcours de combattant. C’est déjà le signe d’un chaos annoncé.
Le gouvernement insolvable…
Se poser la question de connaitre l’origine de cette situation, c’est déjà presque y répondre dès lors que les pétroliers du pays n’ont jamais cessé de tirer la sonnette d’alarme ces derniers temps. À l’instar de la lettre qu’ils viennent d’adresser au Premier ministre et signée par Engen DRC, SEP-Congo, Total Energies, SOCIR, Cobil SA et Fina Log.
À travets cette missive, les signataires rappellent au chef du Gouvernement les termes de la réunion qu’il avait tenue en leur faveur le 06 avril dernier et dont ils continuent d’attendre les solutions idoînes au problème d’ajustement progressif des prix des produits pétroliers accompagné de paiements réguliers des dettes cumulées par le gouvernement à leur endroit.
Surtout, il est question de commencer urgement par certifier et payer les dettes du second semestre 2021 avant d’enchaîner avec le paiement du premier trimestre de l’année en cours.
“ Nous déplorons qu’à ce jour, la certification n’ait pas été faite, soit un retard de 11 mois”, regrettent les pétroliers qui avisent que compte tenu de l’état actuel des stocks dans la partie Ouest du pays, et dans le but d’éviter au système une asphyxie totale suivie de files de véhicules dans les stations services, “nous sommes contraints d’appliquer le contingentement avec la fermeture des stations services à partir de 18h00’ à compter du vendredi 21 mai 2022 pour prolonger tant soi peu, la couverture par les faibles stocks disponibles”, indiquent les professionnels du secteur pétrolier.
70 millions USD au centre du problème
En effet, les pétroliers rappellent au Premier ministre leurs difficultés qui ont conduit le secteur à la pénurie actuelle au risque de connaitre une préjudiciable rupture totale des stocks suite du fait que le système d’approvisionnement du pays est complétement déstabilisé.
Il y a, disent-ils, une forte dégradation des trésoreries et érosion financière des sociétés commerciales qui supportent l’achat de produits pour revendre à perte. De fil en aiguille, ils expliquent que du 1er juillet 2021 au 31 mars 2022, l’Etat doit aux trois sociétés qui supportent le marché de l’Ouest dont Kinshasa, un montant de 192 millions USD, réparti comme suit:
51 millions USD à Cobil, 84 millions USD à Engen et 51 millions USD à Total Energies.
L’endettement hors-norme de ces sociétés commerciales auprès des fournisseurs de carburant dépasse 220 millions USD à raison de 60 millions USD pour Cobil, 85 millions USD pour Engen et 75 millions USD pourbTotal.
Les conséquences de cette situation sont telles que les fournisseurs n’ont plus confiance aux sociétés commerciales de la RDC. Dans l’entretemps, les stocks baissent sensiblement car elles sont incapables d’honneur leurs engagements avec les fournisseurs auxquels elles doivent une rondelette somme de 70 millions USD.
Laurent BUADI