« Comprenez mon émotions, avait dit un dirigeant de ce pays. La campagne de pauvre, la préparation et les émotions endurées ont eu raison de ma personne humaine.
J’ai connu un moment de faiblesse et je m’en excuse. Maintenant que la force et l’énergie qui ont été toujours les miennes sont revenues, nous pouvons continuer », avait dit le président Félix Tshisekedi après son malaise en pleine cérémonie de passation de pouvoirs entre lui et son prédécesseurs Joseph Kabila Kabange.Cette séquence qui s’était déroulée le 24 janvier 2019 reste encore fraiche dans les mémoires des Congolais. Un Président de la République sortant, remettant officiellement et publiquement les attributs du pouvoir à son successeur. La scène avait tout son croustillant et valait tout d’un symbole. Ainsi prenait fin le pouvoir de Kabila, après 18 ans de règne. Il laissait au peuple une montagne de projets inachevés. Certains autres n’existant que sur des maquettes, cas de l’aéroport international de Ndjili…Un exemple parmi tant d’autres. Tshisekedi qui lui succédait avait ainsi du pain sur la planche.Mais il n’avait pas carte blanche pour se donner à la tâche selon son projet de société défendu devant la population pendant la campagne électorale. La majorité parlementaire n’étant pas de son côté, mais dans le camp de Joseph Kabila. Il fallait procéder par la coalition. C’est là que les choses n’ont pas été pour lui faciliter la tâche. S’il est vrai qu’il avait un agenda pour faire bouger les lignes et donner aux Congolais le meilleur qu’ils attendaient, il n’est pas moins vrai que ses partenaires de la coalition voyaient les choses sous une autre prisme, nourrissant le voeux de le voir échouer. Ce qui explique que pendant deux ans, la coalition était loin de produire un résultat enchanteur. Les actions de Tshisekedi butant chaque fois, sur des peaux de bananes.Après deux ans de cette coalition chaotique, le chef de l’Etat Félix-Antoine Tshisekedi va décider de rompre ce marché de dupes pour se constituer une majorité en piochant dans le camp adverse. Cela avait tout d’un hold-up. Mais ça valait la peine. Désormais avec les coudées franches, Félix-Antoine Tshisekedi va se mettre au travail pour des réalisations à impact visible. Il n’y a personne pour mieux en parler que Lui-même, comme le relaye mediacongo repris ci-dessous. Sur RFI et France 24, le chef de l’Etat a étalé le côté avers de la médaille. “Les réalisations, nous en avons fait énormément” , affirme le Président avant de citer le budget, les infrastructures, la gratuité de l’enseignement et…le plan de développement de 145 territoires qui est encore sur papier.A la décharge de “notre Fatshi national”, il est rarissime-ici et ailleurs, de voir un Président-candidat mettre l’accent sur son passif. Seul – ou presque- l’actif qui est à l’honneur.Problème, la médaille brandie non sans fierté par le chef de l’Etat comporte bien son revers. Certes, sous Fatshi, le budget a atteint et dépassé la barre de 10 milliards. Ce qui qui n’est pas rien non plus dans l’absolu, mais par rapport aux budgets précédents.Le hic, c’est que cette augmentation du budget ne se traduit pas par l’amélioration du quotidien du Congolais. Pire, à la suite de la hausse continue des prix, la majorité silencieuse voit son maigre pouvoir d’achat fondre comme neige au soleil. Si bien que même les réajustements de salaires dans l’administration publique sont annihilés par la valse des étiquettes sur le marché.Pour louable qu’elle puisse paraître à première vue, la gratuité de l’enseignement charrie toutes les tares inhérentes au caractère proverbialement non structurant de nombre de nos projets. Le pays paie souvent la propension des dirigeants à privilégier le “vite fait”, le “tape-à-l’œil”.En l’occurrence, faute d’une approche holistique, la gratuité coûte cher à tout le monde. Aux écoles concernées qui peinent à combler l’énorme GAP au niveau des frais de fonctionnement.Aux enseignants qui, sevrés de contributions de parents, attendent encore que les pouvoirs publics prennent l’exact relais. Aux élèves et, par ricochet, aux parents qui paient cash la démotivation des enseignants. Au finish, déconnectée du réel congolais, la gratuité a tout de ce remède plus dangereux que le mal qu’il est censé soigner.Quant aux infrastructures, le ressenti est plus préférable que la proclamation. Les routes, l’eau, l’électricité ne sont point du domaine des concepts. Le baromètre en la matière est le Congolais lambda. Pas sûr qu’il ressente, ne serait-ce qu’un léger mieux, sur ce terrain.Inutile de parler du projet de 145 territoires encore dans le pipeline avant de devenir un …chantier. Là aussi, il faudra prier tous les ancêtres pour qu’une “ main noire” ne transforme tous ces futurs chantiers en chantier éternel.
L.B