Il a fallu attendre plus de vingt ans pour qu’un ministre congolais en fonction cite publiquement le nom du Rwanda comme étant l’instigateur des groupes armés qui polluent à l’Est de la République Démocratique du Congo. Désormais c’est chose faite. Et ce courageux membre du gouvernement n’est autre que le Vice-premier ministre, ministre des Affaires étrangères, Christophe Lutundula Apala Pen’Apala. Devant les caméras de plus grandes chaînes des télévisions africaines et même du monde, il a dénoncé le soutien du Rwanda aux forces négatives du M23.
C’est un discours qu’il faut conserver jalousement pour le faire lire et entendre aux futures générations.
Il a été prononcé par Christophe Lutundula Apala mercredi 25 mai 2022, à la plénière du Conseil exécutif de l’Union Africaine, à Malabo, capitale de la Guinée Équatoriale. Sans mâcher les mots et sans recourir aux encombrantes formules diplomatiques, il a dénoncé l’implication et le soutien du Rwanda aux forces négatives du M23, dans les attaques perpétrées ces derniers jours contre les positions des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) dans la province du Nord-Kivu.
Il a attiré l’attention de la Communauté internationale et de l’Union africaine sur la situation sécuritaire et humanitaire préoccupante dans la partie Est de la RDC.
«Le Rwanda avance. Il y a 10 minutes, je le dis sans hésitation, le Rwanda a attaqué le camp de Rumangabo en RDC. Comment aujourd’hui, la journée nous célébrons la naissance de notre Alma mater où nous devons réfléchir sur notre avenir, on peut faire comme si de rien n’était. Je dis bien, le M23 soutenu par le Rwanda, a attaqué les troupes internationales de la MONUSCO. Nous ne pouvons pas rester indifférents. Ne nous pouvons pas ne rien dire. La RDC, je vais le dire, nous allons faire une déclaration politique demain ou après demain. On nous a dit que les déclarations politiques se font devant les Chefs d’État. J’en prends acte. Je voudrais qu’on prenne conscience que le terrorisme n’est pas seulement le terrorisme idéologique. Il y a le terrorisme à motivation politique, le terrorisme à motivation économique. La RDC en sait quelque chose tant il est vrai que . Il y a des pays qui croient à l’Union africaine, à notre organisation. Mais il y a des pays qui se moquent de nous. Nous ne pouvons pas continuer à tolérer ces changements anticonstitutionnels. Ne traitons pas le mal à la surface. Il faut s’attaquer à la racine. Regardons nous dans le miroir de la gouvernance, dans le miroir des espérances de nos peuples», a déclaré d’un ton grave le chef de la diplomatie congolaise.
Place à la mobilisation générale
C’est donc la première fois que Kinshasa reproche officiellement à Kigali d’attaquer son territoire en se cachant derrière des groupes rebelles. Pour y arriver, Christophe Lutundula a pris le soin de rappeler la sagesse contenue dans un instrument juridique pertinent adopté par l’OUA, aujourd’hui UA en 1999.
« En effet, le terrorisme a une définition officielle. Elle se trouve dans la Convention de l’OUA sur la prévention et la lutte contre le terrorisme, adoptée en 1999… Le terrorisme est tout acte ou menace d’acte en violation des lois pénales de l’État Partie susceptible de mettre en danger la vie, l’intégrité physique, les libertés d’une personne ou d’un groupe de personnes, qui occasionne ou peut occasionner des dommages aux biens privés ou publics, aux ressources naturelles, à l’environnement ou au patrimoine culturel, et commis dans l’intention : (1) d’intimider, provoquer une situation de terreur, forcer, exercer des pressions ou amener tout gouvernement, organisme, institution, population ou groupe de celle-ci, à engager toute initiative ou à s’en abstenir, à adopter, à renoncer à une position particulière ou à agir selon certains principes ; ou (2) de perturber le fonctionnement normal des services publics, la prestation de services essentiels aux populations ou de créer une situation de crise au sein des population ; ou (3) de créer une insurrection générale dans un État Partie », a expliqué Christophe Lutundula.
Sur les réseaux sociaux et les places publiques, des millions de congolais ont exprimé leur satisfaction de voir enfin un officiel congolais, et pas n’importe lequel, épinglé le rôle diabolique du Rwanda dans les agressions dont est victime la RDC.
Maintenant que tout est clair sur l’agression du pays de Félix Tshisekedi par celui de Paul Kagame, il est temps que toutes les forces vives de la Nation se mobilisent pour mettre définitivement fin à cette aventure qui a trop duré. Déjà, les FARDC ont tenu à réaffirmer leur ferme volonté de battre l’ennemi et de le pourchasser jusqu’à son dernier retranchement.
Le Journal